Et de deux. Après l’ancien gouverneur du Massachusetts Bill Weld, l’ex-député de l’Illinois Joe Walsh a annoncé, dimanche 25 août, sa candidature à la primaire du parti républicain pour la présidentielle de 2020. Son objectif : défaire Donald Trump. « Je me présente parce qu’il n’est pas apte (à être président, NDLR). Quelqu’un doit s’affirmer et il doit y avoir une alternative, a-t-il dit dans une interview. Le pays en a marre des caprices de ce gars – c’est un enfant »

Silence gêné

Ce genre de critique tranche avec le silence gêné des élus du parti républicain au Congrès. Depuis le début de l’ère Trump, ces derniers sont bien rares à oser dénoncer fermement les sorties racistes et les décisions controversées de leur leader. Seul Justin Amash, député du Michigan depuis 2011, est allé jusqu’à quitter le parti pour rejoindre le camp des « indépendants » en juillet. Ce fils d’immigré palestinien est l’unique républicain à avoir appelé à la destitution de Donald Trump à la suite du rapport Mueller sur l’ingérence russe, dans la campagne de 2016.

« Donald Trump offre sur un plateau les réformes que les républicains attendent depuis longtemps », comme la nomination de juges conservateurs dans le système judiciaire et les réductions d’impôts, explique Carlos Algara, spécialiste du Congrès américain. « Il soigne les différentes composantes de la coalition républicaine actuelle : les grandes fortunes, les évangéliques, les hommes blancs non-diplômés… Et il le fait très bien. » Avec son taux d’approbation élevé chez les électeurs républicains – 88 % en août, selon l’institut Gallup – « les élus réfléchissent à deux fois avant de le critiquer. Ils redoutent de ne pas être soutenus par Donald Trump lors de leur prochaine campagne. Leur destin électoral est lié au sien ».

Pourtant certains élus, ne se reconnaissant plus dans ce parti virant à l’extrême droite, décident de ne pas se représenter. C’est le cas de Will Hurd, le seul député républicain noir, qui a annoncé fin juillet son départ à la retraite en glissant que « tout Américain doit se sentir chez lui dans notre parti ». Une critique à peine voilée contre la rhétorique raciste du président de la part de cet élu dont la circonscription au Texas compte 71 % d’Hispaniques.

Des personnalités non-élues plus critiques

Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que les voix les plus critiques du 45e locataire de la Maison-Blanche soient celles des personnalités non-élues. Bill Weld et Joe Walsh, les deux rivaux déclarés de Donald Trump à la primaire du parti, n’exercent plus de mandats politiques depuis plusieurs années. Les autres anti-Trump notoires, comme l’ancien directeur de la communication à la Maison-Blanche Anthony Scaramucci et l’avocat George Conway, n’ont pas non plus de sièges à défendre. Ce dernier, qui met régulièrement en question la santé mentale du président, est marié à l’une des conseillères de Donald Trump, Kellyanne Conway.

Après la défaite de Mitt Romney face à Barack Obama à la présidentielle de 2012, le parti avait entamé une réflexion pour élargir sa base électorale aux femmes et aux minorités raciales dans une Amérique de plus en plus diverse. Cette époque semble aujourd’hui révolue. « Donald Trump a retardé cette remise en question fondamentale, mais le parti ne pourra y échapper, analyse Carlos Algara. Les républicains pourraient redevenir plus modérés s’ils souffrent de lourdes pertes en 2020, comme ils l’ont fait après la défaite du populiste Barry Goldwater à la présidentielle de 1964. »