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Au commencement [Lubia]
Sam 5 Jan 2019 - 23:26
La chaleur de l'université quittait mon corps lorsque je sortais sur le domaine universitaire. Le vent glacé fouetta mon visage sans la moindre douceur, me forçant à me cacher dans mon écharpe grise et noire, aux couleurs de ma maison. Mes mains, protégées par mes mitaines en laine, quittèrent la douceur de ma veste en cuir pour s'élever jusqu'à ma tête pour abaisser davantage le bonnet noir qui la couvrait. Peut-être la température n'était-elle pas si négative, mais en ce moment, j'avais une rechute. La gorge enflée, le nez prit par le rhume et la migraine constante, gravitant de ma nuque jusqu'au sommet de mon crâne et encerclant mon front me faisaient souffrir. La journée avait été longue et pénible. Prendre l'air me faisait du bien et si j'avais été en meilleure forme, sans doute aurai-je pris ma forme animagus pour me détendre. Impossible dans ces conditions.
Mes petites jambes me firent errer sur le domaine tandis que mes prunelles brunes se perdirent dans la contemplation de l'orée de la forêt. Lieu que j'appréciais tant et si bien fut un temps. Présentement j'en avais si peur… terriblement peur. Je sentais une main invisible réduire mon espace de sécurité, infiltrer mon estomac et me broyer les tripes. Pourtant, à force d'exercice dans la pensine de mon aimé, je m'étais réhabituée aux ambiances arboricoles.
Ils s'interrompirent, ces pas distraits qui s'enfonçaient dans l'herbe gelée, pour me permettre de mieux réfléchir. J'aimais repousser sans cesse mes limites, aller au-delà, apprivoiser mes craintes pour faire un avec elles. Sortir de ma zone de confort. D'aucun dirait que j'étais folle. Sans doute était-ce le cas depuis le mois de juin.
Et si…
Et si j'essayais ? N'était-ce pas similaire à la pensine ? Il ne faisait pas nuit, un avantage non négligeable.
La profonde inspiration que je prenais vint paralyser ma bouche. Simple réaction instinctive, mon être, je me mis à tousser. Une toux profonde, gutturale et râpeuse. La douleur était pointilleuse, comme une centaine d'aiguilles plantées dans mes poumons. Mais je m'avançais quand même, reprenant ma marche au rythme mesuré, sans me forcer ou me risquer à une quelconque situation dérangeante. Mes doigts devant mes lèvres, témoins silencieux de ma maladie, ils patientaient que le calme revint pour retourner se réfugier dans leurs chauds refuges.
À la limite de mon esprit, je m'arrêtais là, au commencement, devant ses grands arbres qui se dressaient devant moi comme un publique intransigeant, témoins muets mais non pas silencieux, de se souvenir encore si vif dans mon souvenir et ma chair. Pour retrouver calme et contenance face à eux, je tenais à préparer mon discours argumentatif du mieux possible. Ma respiration se fit calme et profonde. Les battements de mon cœur, réguliers. Mes pensées se dirigèrent sur ce que j'aimais, ce qui était fort et important. Cet instinct animal que je connaissais si bien survint, tiré hors de sa longue sieste. J'en venais à affectionner les diverses odeurs froides qui me parvenaient. Les yeux étaient aux aguets, observateurs et ne laissant passer aucun détail. L'ouïe se devint fine, attentive. Les pas réguliers dans mon dos tambourinaient lourdement malgré leurs légèretés. Je n'étais plus seule.
Mes petites jambes me firent errer sur le domaine tandis que mes prunelles brunes se perdirent dans la contemplation de l'orée de la forêt. Lieu que j'appréciais tant et si bien fut un temps. Présentement j'en avais si peur… terriblement peur. Je sentais une main invisible réduire mon espace de sécurité, infiltrer mon estomac et me broyer les tripes. Pourtant, à force d'exercice dans la pensine de mon aimé, je m'étais réhabituée aux ambiances arboricoles.
Ils s'interrompirent, ces pas distraits qui s'enfonçaient dans l'herbe gelée, pour me permettre de mieux réfléchir. J'aimais repousser sans cesse mes limites, aller au-delà, apprivoiser mes craintes pour faire un avec elles. Sortir de ma zone de confort. D'aucun dirait que j'étais folle. Sans doute était-ce le cas depuis le mois de juin.
Et si…
Et si j'essayais ? N'était-ce pas similaire à la pensine ? Il ne faisait pas nuit, un avantage non négligeable.
La profonde inspiration que je prenais vint paralyser ma bouche. Simple réaction instinctive, mon être, je me mis à tousser. Une toux profonde, gutturale et râpeuse. La douleur était pointilleuse, comme une centaine d'aiguilles plantées dans mes poumons. Mais je m'avançais quand même, reprenant ma marche au rythme mesuré, sans me forcer ou me risquer à une quelconque situation dérangeante. Mes doigts devant mes lèvres, témoins silencieux de ma maladie, ils patientaient que le calme revint pour retourner se réfugier dans leurs chauds refuges.
À la limite de mon esprit, je m'arrêtais là, au commencement, devant ses grands arbres qui se dressaient devant moi comme un publique intransigeant, témoins muets mais non pas silencieux, de se souvenir encore si vif dans mon souvenir et ma chair. Pour retrouver calme et contenance face à eux, je tenais à préparer mon discours argumentatif du mieux possible. Ma respiration se fit calme et profonde. Les battements de mon cœur, réguliers. Mes pensées se dirigèrent sur ce que j'aimais, ce qui était fort et important. Cet instinct animal que je connaissais si bien survint, tiré hors de sa longue sieste. J'en venais à affectionner les diverses odeurs froides qui me parvenaient. Les yeux étaient aux aguets, observateurs et ne laissant passer aucun détail. L'ouïe se devint fine, attentive. Les pas réguliers dans mon dos tambourinaient lourdement malgré leurs légèretés. Je n'étais plus seule.
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Re: Au commencement [Lubia]
Dim 6 Jan 2019 - 3:34
Tu n'avais pas de conférence ni de présentation à donner, aujourd'hui - tu avais envie de découvrir les environs d'Inverness, ta ville d'adoption. Temporaire? Probablement. En attendant, tu t'y plais, même si l'entrelacement de ton accent de l'est et de celui des highlands créait souvent des problèmes de communication. Le matin-même, tu as accidentellement commandé un deuxième sandwich parce que tu n'avais pas compris ce que l'employé du café tentait de te dire et, ne voulant pas le vexer par ton incompréhension, tu avais pris les deux sandwichs. De toute façon, j'ai toujours faim. Tes pas t'ont menée à l'université, et tu t'étais plue à en explorer une partie. Depuis ton embauche en juin, tu as eu l'occasion de donner une conférence dans le cadre du cours de médias sorciers et moldus qui t'a permis de découvrir une partie de l'université - celle de pierre et de maçonnerie, mais ce sont les odeurs de forêt et de neige contre la terre qui t'ont attirée. Tu t'y es habituée avec le temps, à cet odorat décuplant avec les phases de la lune et, si la lune pleine ne t'attendra pas avant plus de quinze jours, tu en viens de plus en plus à croire que tu es une louve dans un corps de femme, et non l'inverse.
Seul un croissant éclaire avec douceur la neige au sol, créant de furtives ombres prenant des formes d'arbres contre son manteau glacé. On t'a mise en garde au sujet de la forêt et des créatures qui peuvent y rôder. Qui a peur du grand méchant loup? Rien dans cette forêt ne t'effraie, sorcière lupine tatouée. Tu glisses tes mains dans les poches de ton blouson, installée près d'un arbre alors que tu regardes les mouvements des étudiants marchant rapidement vers les bâtiments universitaires. Refuge du froid, refuge de l'hiver, refuge de la solitude? Tu ne saurais le dire. Tes instincts prédateurs te poussent depuis des années maintenant à observer les groupes, comment ils fonctionnent et interagissent, regard clair et perçant cherchant les maillons faibles par réflexe. Une petite silhouette attire ton regard, petite figure encapuchonnée qui semble à la fois avoir un but et être perdue dans son errance. Tu l'observes hésiter et marcher, et tes yeux couleur de ciel taché d'acier se fixent sur l'étudiante, attendant tranquillement qu'elle s'en aille pour emprunter le même chemin. Tes pas s'inscrivent dans les traces des siens dans la neige, et tu remarques un parchemin oublié, que tu ouvres. Le croquis d'une aile de dragon est habile - tu n'y connais presque rien, mais tu parierais que sa propriétaire voudrait le ravoir. Tes enjambées se font plus rapides alors que tu la suis. « Hé! » l'apostrophes-tu. Vraiment, on croirait parfois que tu réserves toute ta finesse pour ton emploi et qu'hors de tes costards, tu n'es qu'aspérités. C'est un peu vrai, mais tu décoches un sourire chaleureux à la jeune femme, qui se retourne vers toi. Tu lui tends le parchemin, les tatouages sur tes phalanges luisant sous la faible lumière lunaire. « J'ai trouvé ça au sol. C'est à toi? C'est bien dessiné. »
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Re: Au commencement [Lubia]
Mar 8 Jan 2019 - 13:05
Ce n'était pas forcément évident, de se détendre alors que le jour déclinait et que j'étais devant le portail de ma propre mort. N'était-ce pas douce ironie que d'apprécier tant et si bien la nature et ses créatures que j'ai failli passer de vie à trépas de ces mains ? Pourtant, j'étais belle et bien là, la faucheuse n'avait pas voulu de moi, me laissant une seconde chance. Mais une seconde chance pourquoi ? Mieux souffrir de mes maux corporels ? Ou au contraire, sortie grandie de cette expérience, et profiter de la vie dans sa totalité ? Au maximum je me tournais sur la seconde option, je profitais à fond de tout ce qui m'arrivait. Mon travail au Rainbow, mes cours à l'université, mes voyages réguliers en Amazonie, mes moments de tendresse avec mon bien-aimé. Tout ça, je les voyais à présent comme des cadeaux offerts, auxquels je devais absolument profiter, car personne ne sait de quoi demain sera fait.
Mais en pleine méditation, voilà que j'entendais des pas se rapprocher de moi. L'instinct en éveil, comme avant, me fit rouvrir mes paupières, calmement, sereinement, mais prête à agir. Car ici, j'étais à la limite, ici, tout pouvait m'arriver, aussi bien que mal. Et c'est en me faisant violence que je plongeais la main dans ma poche pour me saisir de cette baguette qui me faisait si peur depuis. Pourtant, ensemble, nous essayons de trouver des compromis, pour mieux vivre, nous adapter, ensemble, à ce monde nouveau, dans cette optique de survie, et non plus de vie.
Apostrophée d'une manière plutôt banale et habituelle, je pivotais tout à fait vers la femme me faisant face. La dévisageant avec cette lueur de crainte et de surprise dans mes yeux, réflexe de ma profonde timidité, je baissais mon regard sur le parchemin qu'elle me tendait. D'abord hésitante, je clignais plusieurs fois des paupières avant d'oser le saisir, doucement, comme s'il s'agissait d'une chose particulièrement fragile, avant d'en prendre vraiment connaissance.
- Effectivement, c'est à moi, merci beaucoup de me l'avoir rendu.
Un travail quelconque en dragonologie. J'en faisais tellement que je n'étais pas certaine de savoir de quoi il s'agissait cette fois-ci. Bien souvent, il m'arrivait de dessiner tout en rêvassant. Si celui-ci s'était retrouvé dans ma poche, c'était sans doute ce qui avait dû arriver. Un dessin qui avait simplement permis à mon esprit de s'évader le temps de coucher le crayon sur le papier. Je l'enfournais une nouvelle fois dans la dite poche tout en reniflant du nez et en laissant échapper une petite toux que je cachais derrière ma main libre.
Et c'est plus attentive que j'observais mon interlocutrice. Mais pourquoi diable ma poitrine fut alors si douloureuse ? Ce n'était pas à cause de ma maladie. Pourquoi je sentais mon cœur s'emballer douloureusement, et mes jambes m'ordonner de fuir bien vite ? Sans doute ma timidité, accentuée par la présence de la forêt à côté de nous. Sans doute était-ce ça.
Lentement, j'inspirai, avant de soupirer pour essayer de me calmer, lâchant alors devant moi un large écran de vapeur, effet de la chaude rencontre de mon corps avec ce froid glacial qui nous entourait.
- Merci pour le compliment. Les dragons, c'est bien la seule chose que je sais dessiner.
Mais cette angoisse profonde ne me quittait pas. Pourtant, c'était la première fois que je rencontrais cette femme…. Pourquoi avais-je si peur ? Mes yeux se plissèrent légèrement.
- Je m'appelle Abigail Dowell. Enchantée.
Autant essayer d'en avoir le cœur net.
Mais en pleine méditation, voilà que j'entendais des pas se rapprocher de moi. L'instinct en éveil, comme avant, me fit rouvrir mes paupières, calmement, sereinement, mais prête à agir. Car ici, j'étais à la limite, ici, tout pouvait m'arriver, aussi bien que mal. Et c'est en me faisant violence que je plongeais la main dans ma poche pour me saisir de cette baguette qui me faisait si peur depuis. Pourtant, ensemble, nous essayons de trouver des compromis, pour mieux vivre, nous adapter, ensemble, à ce monde nouveau, dans cette optique de survie, et non plus de vie.
Apostrophée d'une manière plutôt banale et habituelle, je pivotais tout à fait vers la femme me faisant face. La dévisageant avec cette lueur de crainte et de surprise dans mes yeux, réflexe de ma profonde timidité, je baissais mon regard sur le parchemin qu'elle me tendait. D'abord hésitante, je clignais plusieurs fois des paupières avant d'oser le saisir, doucement, comme s'il s'agissait d'une chose particulièrement fragile, avant d'en prendre vraiment connaissance.
- Effectivement, c'est à moi, merci beaucoup de me l'avoir rendu.
Un travail quelconque en dragonologie. J'en faisais tellement que je n'étais pas certaine de savoir de quoi il s'agissait cette fois-ci. Bien souvent, il m'arrivait de dessiner tout en rêvassant. Si celui-ci s'était retrouvé dans ma poche, c'était sans doute ce qui avait dû arriver. Un dessin qui avait simplement permis à mon esprit de s'évader le temps de coucher le crayon sur le papier. Je l'enfournais une nouvelle fois dans la dite poche tout en reniflant du nez et en laissant échapper une petite toux que je cachais derrière ma main libre.
Et c'est plus attentive que j'observais mon interlocutrice. Mais pourquoi diable ma poitrine fut alors si douloureuse ? Ce n'était pas à cause de ma maladie. Pourquoi je sentais mon cœur s'emballer douloureusement, et mes jambes m'ordonner de fuir bien vite ? Sans doute ma timidité, accentuée par la présence de la forêt à côté de nous. Sans doute était-ce ça.
Lentement, j'inspirai, avant de soupirer pour essayer de me calmer, lâchant alors devant moi un large écran de vapeur, effet de la chaude rencontre de mon corps avec ce froid glacial qui nous entourait.
- Merci pour le compliment. Les dragons, c'est bien la seule chose que je sais dessiner.
Mais cette angoisse profonde ne me quittait pas. Pourtant, c'était la première fois que je rencontrais cette femme…. Pourquoi avais-je si peur ? Mes yeux se plissèrent légèrement.
- Je m'appelle Abigail Dowell. Enchantée.
Autant essayer d'en avoir le cœur net.
- InvitéInvité
Re: Au commencement [Lubia]
Ven 11 Jan 2019 - 14:15
De grands yeux ronds comme des billes te dévisagent, avec l'air d'une biche prise entre deux feux. Le visage est presque adolescent, mais tu es intriguée par ce qui se cache derrière ces prunelles craintives qui tentent de percer ton voile. Avec une grande délicatesse, elle reprend le parchemin que tu lui tends, y jetant un œil. « Effectivement, c'est à moi, merci beaucoup de me l'avoir rendu. Merci pour le compliment. Les dragons, c'est bien la seule chose que je sais dessiner. » Elle n'est pas beaucoup plus petite que toi, mais la fragilité qui se dégage d'elle te fascine. Elle tousse, renifle - brisera-t-elle sous tes yeux? Presque figée, pourtant - tu reconnais la posture. Celle d'une proie, qui vient immédiatement titiller tes propres instincts prédateurs. « Je m'appelle Abigail Dowell. Enchantée. » Tu souris, et fais apparaître un mouchoir - enfin, mouchoir est une exagération : sur ton voilier, tu te mouches toi-même avec du papier de toilette, donc c'est ce que tu lui tends, lueur intéressée dans le regard. « Désolée, ça fait pas très classe. Lubia Savčenko », prononces-tu simplement, ton fort accent ukrainien paraissant plus que jamais alors que ta langue s'enroule autour de mots familiers à ton idiome natal. D'une légère inclination du menton, tu désignes la poche dans laquelle elle a remis son dessin.
« Si c'est la seule chose que tu saches dessiner tu peux quand même en être fière, la quantité de détails est impressionnante ... Tu les côtoies de près? » Tu n'as jamais vu de dragon - les cours de soins aux créatures magiques de Durmstrang les avaient fréquemment évoqués, et certains de tes compatriotes de l'est maîtrisaient des arcanes directement inspirés du souffle de ces magnifiques créatures ailées, mais, n'ayant pas complété d'études universitaires, tu n'as pas eu l'occasion d'en étudier. Ayant la finesse du croquis en tête, tu te dis que tu aurais peut-être bien aimé - entre créatures d'épouvante mal comprises, vous auriez pu vous entendre. Comment réagirait un dragon face à un loup-garou? te demandes-tu soudainement, te disant que tu feras peut-être une enquête à ce sujet la prochaine fois que tu passeras à la bibliothèque universitaire. « Je viens d'arriver, en fait », admets-tu.« Le professeur de médias m'a invitée pour donner quelques conférences ponctuelles au cours de l'année, mais la dernière fois que je suis venue, je me suis perdue, donc je me disais que j'explorerais le domaine un peu mieux avant d'avoir à y remettre les pieds ». Une demie-vérité : à l'extérieur, tu as un sens de l'orientation hors pair, mais tu n'as pas été habituée à l'architecture sorcière grandiose. Durmstrang était un bâtiment beaucoup plus sobre et simple - et depuis, tu parcours surtout les couloirs de bâtiments publics moldus, dont la conception tient moins de la facétie magique.
- InvitéInvité
Re: Au commencement [Lubia]
Ven 11 Jan 2019 - 18:14
Cet air fragile et faible, je le gardais. Je ne cherchais pas à faire la comédie, car je n'aimais pas me faire passer pour quelqu'un d'autre. Une prédatrice, je ne l'étais pas, de loin, j'abhorrais la violence sous toutes ses formes. Pourtant, cela ne voulait pas signifier que j'étais vulnérable. Bien mal serait celui ou celle qui le prétendrait. J'avais affronté un loup-garou au péril de ma vie, et je faisais face à des dragons régulièrement, du haut de mon mètre cinquante-cinq et de mes quelques soixante kilos tout mouillés. J'étais certes affaiblie, mais c'est dans ces cas-là que les animaux sont les plus dangereux. Même malade.
Et être malade, c'était l'histoire de ma vie. Quelle ironie que d'être sorcière, de pouvoir faire de la magie et ce que les moldus qualifieraient de miraculeux, mais d'être née avec quelque chose d'incurable en soi. Que même le monde sorcier ne pouvait guérir. Et voilà que le destin c'était acharné. M'avoir fait naître quelque peu précaire ne lui avait pas suffi, il avait fallu que je sois marquée, sans doute à vie, par une créature maudite.
L'instinct aiguisé que j'avais développé en tant que dragonologiste ne s'était endormi qu'une fois. Une seule et unique malheureuse fois. Ce soir-là, précisément. Mais en cette fin d'après-midi il était bel et bien éveillé, et je ne pouvais m'empêcher d'être attentive aux moindres faits et gestes de mon interlocutrice. Un sourire, puis un geste qui se voulait attentif en me tendant du papier toilette. Mon regard s'attardait un court instant sur les tatouages qui marquaient ses mains. Immédiatement, je pensais à Sterenn, même si l'accent n'était de loin pas le même.
Lubia. En grande attentive de ce que je rencontrais, ce prénom fut gravé au fer rouge dans mon esprit. Il était nouveau, cette rencontre était nouvelle… mais alors pourquoi avais-je cette sensation de déjà vu ? Un désagréable picotement au creux des reins, et la poitrine qui se serrait nerveusement. Ce n'était pas agréable. Ce n'était pas comparable à ce que j'avais vécu avec Adoración. Ce n'était pas uniquement de la peur, car au fond, j'avais peur de tout le monde. Impossible de comprendre. Je n'aimais pas ça.
- Merci c'est gentil.
Habituée à cacher mes troubles aux inconnus, j'acceptais de bonne grâce le mouchoir improvisé avant de l'utiliser avec autant de discrétion que possible dans ces conditions. Je ne quittais toutefois pas la sorcière du regard, prête à bondir et à me défendre. Ma timidité m'encourageait, mais il y avait autre chose. Ce je ne sais quoi parfaitement désagréable.
Je me frottais le nez avant d'enfoncer le papier souillé dans mon autre poche de veste. Sa question ne m'étonna guère, et je savais qu'il pouvait être surprenant pour les autres de m'imaginer, moi, si sensible et menue, face à un grand reptile cracheur de feu. Pourtant, le haussement de mes épaules signifiait à quel point c'était mon quotidien.
- Oui, depuis des années. Je fais mes études pour devenir dragonologiste.
Des passions, j'en avais beaucoup, mais celle des dragons surpassaient toutes les autres. Depuis le mois de juin, j'étais persuadée que mon traumatisme aurait été bien moindre si j'avais été attaquée par un dragon, et non pas par un loup-garou. Mais comment le savoir alors que ce n'était pas arrivé ? Je ne pouvais faire que des suppositions.
Toujours attentive et polie, j'écoutais, peu sereine, ce que me disait l'étrangère. Je ne comprenais pas très bien pourquoi elle souhaitait faire la conversation avec moi. Avais-je la tête à vouloir tenir une discussion ? J'en doutais fortement. Et même si mon corps me demandait de partir en courant, pour cette raison que j'ignorais toujours, je restais plantée là. Je faisais face, malgré mes craintes et mes préjugés. Je me dressais devant le danger en essayant de l'amadouer et surtout de le comprendre.
- Que donnez-vous comme conférences ? Je n'étudie pas les médias, mais c'est une option intéressante. Si vous avez besoin d'un guide, je peux peut-être vous aider.
Encore une fois, je reniflais, en enfonçant ma tête dans mes épaules en essayant de me protéger du froid. Un détail m'intriguais dans ce qu'elle venait de dire. Peut-être pourrait-ce être la clé ?
- La dernière fois ? Quand était-ce ?
Et être malade, c'était l'histoire de ma vie. Quelle ironie que d'être sorcière, de pouvoir faire de la magie et ce que les moldus qualifieraient de miraculeux, mais d'être née avec quelque chose d'incurable en soi. Que même le monde sorcier ne pouvait guérir. Et voilà que le destin c'était acharné. M'avoir fait naître quelque peu précaire ne lui avait pas suffi, il avait fallu que je sois marquée, sans doute à vie, par une créature maudite.
L'instinct aiguisé que j'avais développé en tant que dragonologiste ne s'était endormi qu'une fois. Une seule et unique malheureuse fois. Ce soir-là, précisément. Mais en cette fin d'après-midi il était bel et bien éveillé, et je ne pouvais m'empêcher d'être attentive aux moindres faits et gestes de mon interlocutrice. Un sourire, puis un geste qui se voulait attentif en me tendant du papier toilette. Mon regard s'attardait un court instant sur les tatouages qui marquaient ses mains. Immédiatement, je pensais à Sterenn, même si l'accent n'était de loin pas le même.
Lubia. En grande attentive de ce que je rencontrais, ce prénom fut gravé au fer rouge dans mon esprit. Il était nouveau, cette rencontre était nouvelle… mais alors pourquoi avais-je cette sensation de déjà vu ? Un désagréable picotement au creux des reins, et la poitrine qui se serrait nerveusement. Ce n'était pas agréable. Ce n'était pas comparable à ce que j'avais vécu avec Adoración. Ce n'était pas uniquement de la peur, car au fond, j'avais peur de tout le monde. Impossible de comprendre. Je n'aimais pas ça.
- Merci c'est gentil.
Habituée à cacher mes troubles aux inconnus, j'acceptais de bonne grâce le mouchoir improvisé avant de l'utiliser avec autant de discrétion que possible dans ces conditions. Je ne quittais toutefois pas la sorcière du regard, prête à bondir et à me défendre. Ma timidité m'encourageait, mais il y avait autre chose. Ce je ne sais quoi parfaitement désagréable.
Je me frottais le nez avant d'enfoncer le papier souillé dans mon autre poche de veste. Sa question ne m'étonna guère, et je savais qu'il pouvait être surprenant pour les autres de m'imaginer, moi, si sensible et menue, face à un grand reptile cracheur de feu. Pourtant, le haussement de mes épaules signifiait à quel point c'était mon quotidien.
- Oui, depuis des années. Je fais mes études pour devenir dragonologiste.
Des passions, j'en avais beaucoup, mais celle des dragons surpassaient toutes les autres. Depuis le mois de juin, j'étais persuadée que mon traumatisme aurait été bien moindre si j'avais été attaquée par un dragon, et non pas par un loup-garou. Mais comment le savoir alors que ce n'était pas arrivé ? Je ne pouvais faire que des suppositions.
Toujours attentive et polie, j'écoutais, peu sereine, ce que me disait l'étrangère. Je ne comprenais pas très bien pourquoi elle souhaitait faire la conversation avec moi. Avais-je la tête à vouloir tenir une discussion ? J'en doutais fortement. Et même si mon corps me demandait de partir en courant, pour cette raison que j'ignorais toujours, je restais plantée là. Je faisais face, malgré mes craintes et mes préjugés. Je me dressais devant le danger en essayant de l'amadouer et surtout de le comprendre.
- Que donnez-vous comme conférences ? Je n'étudie pas les médias, mais c'est une option intéressante. Si vous avez besoin d'un guide, je peux peut-être vous aider.
Encore une fois, je reniflais, en enfonçant ma tête dans mes épaules en essayant de me protéger du froid. Un détail m'intriguais dans ce qu'elle venait de dire. Peut-être pourrait-ce être la clé ?
- La dernière fois ? Quand était-ce ?
- InvitéInvité
Re: Au commencement [Lubia]
Dim 13 Jan 2019 - 13:03
Elle accepte le tissu de papier offert, se détournant à moitié de façon à s'improviser une intimité tout en te gardant dans sa mire. Le réflexe est sage, tu le sais : un requin ne fond sur sa proie que lorsqu'il sait qu'elle ne le regarde pas. Tu attends patiemment qu'elle se refasse une contenance avant de répondre à ta question. « Oui, depuis des années. Je fais mes études pour devenir dragonologiste. » Tes paupières se plissent légèrement alors que tu regardes à nouveau l'étudiante, cette information semblant changer plusieurs notes mentales que tu te faisais déjà à son égard. Peut-être n'était-elle pas aussi fragile que l'impression que traduisait son physique, cette sorcière au visage plus jeune que ses années. Intéressant. Tu souris légèrement avant de reprendre la parole, d'un sourire entendu. « Choix intéressant. Je n'ai jamais eu la chance de voir un dragon », admets-tu, une étincelle d'émerveillement dans la voix. Les dragons ne sont-ils pas le saint graal de la recherche? Tant de créatures magiques passent inaperçues, mais même les moldus ont leurs propres mythes de création liés aux dragons. Dans le cadre de ton emploi, tu as passé un certain temps à Ljubljana, ville autoproclamée des dragons par les moldus y habitant. Tout y renvoie aux puissants reptiles : certains noms de rue, des statues et fontaines ... au coeur du château perché sur la montagne surplombant la capitale slovène, les archéologues ont même prétendu avoir retrouvé des écailles de dragons. Tes yeux pétillent - il est aisé de provoquer ces réactions en toi. Solaire et sociable, tu aimes le contact avec autrui, et si l'étudiante qui te fait face ne semble pas entièrement à l'aise face à toi, elle ne te quitte pas, donc tu poursuis la conversation. Seule, tu l'es beaucoup, ces temps-ci, à l'extérieur de l'exercice de tes fonctions, et c'est un état qui te sied généralement, mais tu as beaucoup le mal du pays, ces temps-ci.
Tu lui glisses que tu viens d'arriver, et ta raison d'être à Hungcalf. « Que donnez-vous comme conférences ? Je n'étudie pas les médias, mais c'est une option intéressante. Si vous avez besoin d'un guide, je peux peut-être vous aider. » Tu secoues la tête en signe d'assentiment. « La dernière fois ? Quand était-ce ? » Tu commences par répondre à la première question, un brin de fierté dans le regard. « On m'a invitée pour mon expertise en termes de relations avec la Russie moldue. Outre la présentation de la situation géopolitique de la région, à laquelle peu de sorciers s'intéressent réellement, je vais faire l'analyse en direct d'extraits de journaux moldus aux allures très claires de propagande », dis-tu d'un trait, une passion évidente transparaissant dans ta voix. Quand il s'agit de ton domaine, tu es capable d'occuper toute une conversation à toi seule s'il le faut. Ambitieuse et persévérante, tu t'es taillée une place de choix au Ministère et si les us et coutumes des Anglais te laissent souvent perplexe, tu y navigues toutefois avec aisance, ayant l'habitude d'adopter les habitus d'autrui. « Ma dernière conférence remonte à octobre. La prochaine est en janvier, mais je ne connais pas très bien le domaine. Ça me change du loch », admets-tu. Tu glisses un regard à la sorcière. « Mes conférences ne sont pas obligatoires, mais j'ai précisé que j'aimerais qu'elles soient ouvertes à tous ». Une invitation.
- InvitéInvité
Re: Au commencement [Lubia]
Lun 14 Jan 2019 - 19:17
Le regard qu'elle coulait sur moi alors que je lui révélais étudier la dragonologie ne m'étonnait guère. À dire vrai, j'étais habituée depuis le temps. Petite, les adultes riaient lorsque je répondais à la demande de ce que je voulais faire plus tard "Travailler avec les dragons ? Vraiment ? Waaaah". Évidemment, ils n'y croyaient pas un seul instant, et que dire des moldus ? Une fois à Poudlard, mes parents réalisèrent enfin que ce n'était pas qu'une élucubration d'enfant, et ils furent bien obligés de se faire une raison. Maintenant adulte et à Hungcalf, enfermée dans mes traits de jeune adolescente fragile, mes interlocuteurs étaient soient moqueurs, soit impressionnés, soit perplexes, comme Lubia à présent.
Un léger sourire vint fendre mes lèvres lorsque, forte de son accent du pays de l'Est, elle me confiait n'avoir jamais rencontré de dragon. C'était peut-être bien la première fois que je lui souriais et que j'avais l'air détendue, car les reptiles volants avaient ce pouvoir sur moi, même lorsque ce n'était qu'au sein d'une discussion avec la première venue. Néanmoins, je restais prudente et sur mes gardes. Mes doigts se crispèrent autour de ma baguette logée dans ma poche, mais pourtant, je sentais comme un contact électrique qui me faisait presque retirer ma main avec précipitation de son abri de chaleur. Pourquoi avais-je cette sensation étrange avec ma baguette ? Je savais que notre osmose n'était plus au beau fixe dernièrement, mais jamais je n'avais eu ce genre de réaction. Ça ne fit qu'augmenter ma méfiance envers mon interlocutrice, mais pourtant, je n'en montrais rien, et lui répondais tout en gardant mon visage accueillant mais non pas moins intimidé.
- Ce sont pourtant des créatures fascinantes, et particulièrement incomprises. C'est pour cela que les étudier est si enivrant. Mais il faut savoir observer et écouter. Ce n'est pas donné à tout le monde.
Il y avait bien trop de sorciers obtus et imbus d'eux même pour se rendre compte à quel point les dragons pouvaient être incroyables. Ou alors les idéalisais-je ? Sans doute était-ce un peu le cas aussi, mais je ne pouvais pas croire que la seule façon de dompter un dragon était de lui passer des chaines autour du cou, de le rendre aveugle et de le torturer de diverses manières. J'étais bien sûr aux faits qu'il y avait sans doute des Pensedefer ukrainien à Gringotts, mais qui étais-je, au jour d'aujourd'hui, pour véritablement aller faire un scandale à la banque qui abritait la fortune de ma famille, aussi humble soit-elle ? Ce temps arriverait un jour, j'en étais certaine, mais je devais mettre mon mal en patience.
Mes pensées quittèrent le monde des gobelins lorsque la jeune femme reprit la parole pour me répondre. Je l'écoutais avec une attention non feinte. Être née sang-pur m'avait rendue particulièrement curieuse et ouverte d'esprit. Ainsi, toutes les conversations m'intéressaient, même si je ne les comprenais pas toujours. Ma mère m'avait fait découvrir le monde moldu, à moi et à ma sœur, et mon père, le monde sorcier. Deux cultures bien différentes et qui pourtant une fois réunies, apportaient une richesse sans pareille.
Je n'entendais rien à la Russie, et je plissais les yeux, pensive, en essayant de voir un intérêt pour moi à propos de ce sujet, outre ma simple ouverture d'esprit. C'était sans conteste un sujet bien vaste qu'elle devait exposer aux étudiants de l'université, mais non pas moins intéressant. Pourtant, je ne pouvais m'empêcher de sourciller sensiblement en apprenant que sa dernière venue datait d'octobre. Ça ne collait donc pas avec ce que je supposais. Mais bon sang pourquoi mon instinct me hurlait-il toujours à ce point de m'enfuir, ou de lui envoyer un sortilège pouvant la mettre K.O ? Jamais je n'avais ce genre de pulsions, moi qui abhorrais largement la violence. Pourquoi donc avec elle, qui semblait pourtant bien sympathique, je ressentais ce besoin si fort de me défendre ? Certes j'étais facilement intimidée, mais jamais je n'essayais d'avoir recours à la violence. Pourquoi en sa présence était-ce le cas ?
Je clignais des paupières pour garder mes esprits avant de renifler légèrement. Comprenant l'invitation, je réfléchissais à la meilleure réponse à apporter. Il était normal qu'une conférencière fasse sa publicité autour d'elle. Et si je voulais en apprendre plus sur elle, peut-être serait-ce une opportunité pour moi ?
- Ho heu… et bien, si je suis disponible lors de l'une de vos conférences, j'essayerai de m'y rendre. Avez-vous déjà des dates et heures fixées ?
Un léger sourire vint fendre mes lèvres lorsque, forte de son accent du pays de l'Est, elle me confiait n'avoir jamais rencontré de dragon. C'était peut-être bien la première fois que je lui souriais et que j'avais l'air détendue, car les reptiles volants avaient ce pouvoir sur moi, même lorsque ce n'était qu'au sein d'une discussion avec la première venue. Néanmoins, je restais prudente et sur mes gardes. Mes doigts se crispèrent autour de ma baguette logée dans ma poche, mais pourtant, je sentais comme un contact électrique qui me faisait presque retirer ma main avec précipitation de son abri de chaleur. Pourquoi avais-je cette sensation étrange avec ma baguette ? Je savais que notre osmose n'était plus au beau fixe dernièrement, mais jamais je n'avais eu ce genre de réaction. Ça ne fit qu'augmenter ma méfiance envers mon interlocutrice, mais pourtant, je n'en montrais rien, et lui répondais tout en gardant mon visage accueillant mais non pas moins intimidé.
- Ce sont pourtant des créatures fascinantes, et particulièrement incomprises. C'est pour cela que les étudier est si enivrant. Mais il faut savoir observer et écouter. Ce n'est pas donné à tout le monde.
Il y avait bien trop de sorciers obtus et imbus d'eux même pour se rendre compte à quel point les dragons pouvaient être incroyables. Ou alors les idéalisais-je ? Sans doute était-ce un peu le cas aussi, mais je ne pouvais pas croire que la seule façon de dompter un dragon était de lui passer des chaines autour du cou, de le rendre aveugle et de le torturer de diverses manières. J'étais bien sûr aux faits qu'il y avait sans doute des Pensedefer ukrainien à Gringotts, mais qui étais-je, au jour d'aujourd'hui, pour véritablement aller faire un scandale à la banque qui abritait la fortune de ma famille, aussi humble soit-elle ? Ce temps arriverait un jour, j'en étais certaine, mais je devais mettre mon mal en patience.
Mes pensées quittèrent le monde des gobelins lorsque la jeune femme reprit la parole pour me répondre. Je l'écoutais avec une attention non feinte. Être née sang-pur m'avait rendue particulièrement curieuse et ouverte d'esprit. Ainsi, toutes les conversations m'intéressaient, même si je ne les comprenais pas toujours. Ma mère m'avait fait découvrir le monde moldu, à moi et à ma sœur, et mon père, le monde sorcier. Deux cultures bien différentes et qui pourtant une fois réunies, apportaient une richesse sans pareille.
Je n'entendais rien à la Russie, et je plissais les yeux, pensive, en essayant de voir un intérêt pour moi à propos de ce sujet, outre ma simple ouverture d'esprit. C'était sans conteste un sujet bien vaste qu'elle devait exposer aux étudiants de l'université, mais non pas moins intéressant. Pourtant, je ne pouvais m'empêcher de sourciller sensiblement en apprenant que sa dernière venue datait d'octobre. Ça ne collait donc pas avec ce que je supposais. Mais bon sang pourquoi mon instinct me hurlait-il toujours à ce point de m'enfuir, ou de lui envoyer un sortilège pouvant la mettre K.O ? Jamais je n'avais ce genre de pulsions, moi qui abhorrais largement la violence. Pourquoi donc avec elle, qui semblait pourtant bien sympathique, je ressentais ce besoin si fort de me défendre ? Certes j'étais facilement intimidée, mais jamais je n'essayais d'avoir recours à la violence. Pourquoi en sa présence était-ce le cas ?
Je clignais des paupières pour garder mes esprits avant de renifler légèrement. Comprenant l'invitation, je réfléchissais à la meilleure réponse à apporter. Il était normal qu'une conférencière fasse sa publicité autour d'elle. Et si je voulais en apprendre plus sur elle, peut-être serait-ce une opportunité pour moi ?
- Ho heu… et bien, si je suis disponible lors de l'une de vos conférences, j'essayerai de m'y rendre. Avez-vous déjà des dates et heures fixées ?
- InvitéInvité
Re: Au commencement [Lubia]
Ven 18 Jan 2019 - 0:30
Tu la fixes pendant qu'elle s'exprime, analysant les mouvements de sa tête et l'ardeur qui habite si clairement son regard à la mention des reptiles de légende. C'est la première fois qu'un soupçon de détente semble la gagner face à toi, et tu y reconnais une passion forte - mais tu gardes un oeil sur sa main enfournée dans sa poche d'un air entendu, n'étant pas dupe. Réflexe de prédatrice. Qui es-tu? La jeune femme t'intrigue. Si tu pouvais, tu lui sauterais dessus d'un mouvement curieux, l'enjambant pour le lui demander. Qui es-tu? Mais les gens réagissent assez mal à la curiosité débridée, donc tu acceptes de te soumettre au carcan de la conversation courtoise. Tu as du temps devant toi, et tu entends bien profiter de la politesse de la sorcière qui te fait face. Son apparence de quasi-adolescente ne te trompe pas - elle ne doit pas être beaucoup plus jeune que toi. Tu écoutes ses explications, et tu hoches la tête d'un air entendu, en souriant. « Perspective intéressante, mais je crois la comprendre. Ce n'est pas bien différent de ce que je fais moi-même », fais-tu remarquer à l'étudiante, ajoutant: « quand les gens pensent à la diplomatie, ils songent souvent aux grandes négociations, aux coups de tonnerre et aux éclats. Mais la partie la plus importante de mon travail, c'est l'observation ». Et tu l'observes, cette curieuse jeune femme dont la gestuelle et l'impression générale qui se dégage d'elle t'indique son malaise, mais qui s'obstine à rester en ta compagnie. Pourquoi? « Avez-vous déjà pensé au fait que pendant que vous les étudiez, ces êtres fantastiques vous observent tout autant? » Tension sous-jacente. C'est ce que tu fais face à celle qui te regarde, notant ses réactions à ta présence, créature de nuit et de lune, être de fantasmes et de cauchemars. Qui es-tu?
«Mes conférences ne sont pas obligatoires, mais j'ai précisé que j'aimerais qu'elles soient ouvertes à tous », dis-tu, une invitation claire dans la voix. Ton interlocutrice semble tirée d'une profonde réflexion, et tes yeux s'écarquillent légèrement, signe visible et calculé de l'attention que tu lui portes. « Ho heu… et bien, si je suis disponible lors de l'une de vos conférences, j'essayerai de m'y rendre. Avez-vous déjà des dates et heures fixées ? » Un sourire franc étire tes lèvres. « Le 18 janvier, à la fin des cours, puisqu'il s'agit d'une conférence optionnelle », dis-tu tranquillement. Tu n'aurais pas voulu d'étudiants qui n'avaient pas un désir sincère d'y être, dans tous les cas. Ta dernière conférence te revient en tête : l'atmosphère t'a légèrement déplu - tu n'aimes pas la distance créée par l'amphithéâtre entre les étudiants et toi. « Pas besoin de suivre le cours de médias pour y comprendre quoi que ce soit - je ne suis pas une fan des termes techniques universitaires qui ne veulent rien dire à l'extérieur de l'université », lui glisses-tu.
- InvitéInvité
Re: Au commencement [Lubia]
Ven 18 Jan 2019 - 18:44
Tout en elle me fascinait, et même si je me retenais, je l'admirais presque comme une œuvre d'art. Je me sentais indubitablement attirée par elle alors que je ressentais aussi une peur viscérale. Une contradiction que je n'aimais guère ressentir pour la simple et bonne raison qu'elle m'était totalement inconnue. Je la voyais m'observer et m'analyser, comme moi je le faisais avec elle. Est-ce que elle aussi avait la même sensation à mon égard, ou était-elle tout le temps ainsi ?
J'avais l'étrange impression de me retrouver propulsée dans un trou noir, où nous étions que toutes les deux, à nous jauger pour savoir la quelle allait faiblir la première. Pour moi, c'était une question de vie ou de mort. Je devais tenir même si mon corps me hurlait de fuir, et ce, si fort, que de temps à autre je tanguais sensiblement en arrière, comme si un fort vent de face me déstabilisait. Pour essayer de lutter, je me pliais un peu en avant pour faire face à cette tempête intérieure.
Je la laissais me partager un peu de son savoir concernant la diplomatie. Ainsi, ce que je soupçonnais était correct : elle savait observer. Au moins, je ne me trompais pas de beaucoup. La crainte laissait à présent sa place à la curiosité sans endormir ma méfiance et mon instinct de survie.
Connais ton ennemi.
- Lors de ces négociations diplomatiques, qu'observez-vous dans ce cas ?
Peut-être avais-je déjà la réponse à ma question, mais je voulais des confirmations. Si je ne pouvais pas les avoir en me contentant de ce que mes yeux pouvaient m'offrir, j'allais le détourner par les mots. Bien sûr, j'avais conscience que ma rivale était de taille, elle maniait sans doute mieux l'art de la parole que moi, mais j'avais l'audace d'essayer, comme j'avais l'audace de me dresser face à un loup-garou pour sauver mes proches, ou l'audace de faire face à des créatures reptiliennes volantes et cracheurs de feu.
Sa question m'arracha un sourire franc et amusé. Pensait-elle sincèrement que je ne l'avais jamais remarqué ou que je ne m'étais jamais posé la question ? Une partie de moi avait envie de jouer l'innocente pour voir si finalement elle me sauterait dessus, ou si elle resterait en place à trépigner comme elle le faisait. Elle me donnait l'impression d'être un lion en cage. Pourtant, encore une fois, je jouais la carte de la franchise. Je n'étais pas une personne manipulatrice, et je n'avais pas envie de le devenir, même avec cette colère que je sentais gronder dans mes entrailles et qui me mettait en feu.
- Si je ne l'avais pas remarqué, je serai une bien piètre dragonologiste… je laissais planer un court instant de silence en osant, téméraire, accrocher mon regard au sien, subrepticement. … et une bien piètre observatrice.
Ce que je n'étais pas. Évidemment pas. Un accident me serait arrivé bien plus tôt si je n'avais pas le talent nécessaire à la discrétion et à la capacité de me fondre dans le décor, et pour ce faire, je n'avais même pas besoin d'être sous ma forme animagus. Déjà enfant j'étais discrète et je me faisais oublier des autres, capacité que je n'avais cessé d'aiguisé toute ma vie durant, et qui aujourd'hui m'était particulièrement utile lorsque je me trouvais en face d'un dragon… ou d'une inconnue ukrainienne pour qui je me sentais obligée de m'intéresser.
Alors quand elle me confia la date de sa conférence, je hochais la tête en la gravant dans ma mémoire. Sans doute m'y rendrais-je, mais pas pour l'écouter me parler des médias russes, ça, c'était un bonus. Ce serait pour elle que je m'y rendrais.
Têtue ? Folle ? Sans doute l'étais-je. Mais, sans en comprendre la raison, il me semblait que c'était capital pour moi d'y aller.
- Oui la théorie et la pratique sont deux choses bien différentes, et souvent, nous manquons d'expérience sur le terrain. La dragonologie, justement, souffre beaucoup de cela.
Puis, je plissais les yeux, accentuant un air qui se voulait énigmatique mais aussi amusée.
- Je saurai suivre la conversation même si elle devient technique. Tout du moins, j'essayerai.
J'avais l'étrange impression de me retrouver propulsée dans un trou noir, où nous étions que toutes les deux, à nous jauger pour savoir la quelle allait faiblir la première. Pour moi, c'était une question de vie ou de mort. Je devais tenir même si mon corps me hurlait de fuir, et ce, si fort, que de temps à autre je tanguais sensiblement en arrière, comme si un fort vent de face me déstabilisait. Pour essayer de lutter, je me pliais un peu en avant pour faire face à cette tempête intérieure.
Je la laissais me partager un peu de son savoir concernant la diplomatie. Ainsi, ce que je soupçonnais était correct : elle savait observer. Au moins, je ne me trompais pas de beaucoup. La crainte laissait à présent sa place à la curiosité sans endormir ma méfiance et mon instinct de survie.
Connais ton ennemi.
- Lors de ces négociations diplomatiques, qu'observez-vous dans ce cas ?
Peut-être avais-je déjà la réponse à ma question, mais je voulais des confirmations. Si je ne pouvais pas les avoir en me contentant de ce que mes yeux pouvaient m'offrir, j'allais le détourner par les mots. Bien sûr, j'avais conscience que ma rivale était de taille, elle maniait sans doute mieux l'art de la parole que moi, mais j'avais l'audace d'essayer, comme j'avais l'audace de me dresser face à un loup-garou pour sauver mes proches, ou l'audace de faire face à des créatures reptiliennes volantes et cracheurs de feu.
Sa question m'arracha un sourire franc et amusé. Pensait-elle sincèrement que je ne l'avais jamais remarqué ou que je ne m'étais jamais posé la question ? Une partie de moi avait envie de jouer l'innocente pour voir si finalement elle me sauterait dessus, ou si elle resterait en place à trépigner comme elle le faisait. Elle me donnait l'impression d'être un lion en cage. Pourtant, encore une fois, je jouais la carte de la franchise. Je n'étais pas une personne manipulatrice, et je n'avais pas envie de le devenir, même avec cette colère que je sentais gronder dans mes entrailles et qui me mettait en feu.
- Si je ne l'avais pas remarqué, je serai une bien piètre dragonologiste… je laissais planer un court instant de silence en osant, téméraire, accrocher mon regard au sien, subrepticement. … et une bien piètre observatrice.
Ce que je n'étais pas. Évidemment pas. Un accident me serait arrivé bien plus tôt si je n'avais pas le talent nécessaire à la discrétion et à la capacité de me fondre dans le décor, et pour ce faire, je n'avais même pas besoin d'être sous ma forme animagus. Déjà enfant j'étais discrète et je me faisais oublier des autres, capacité que je n'avais cessé d'aiguisé toute ma vie durant, et qui aujourd'hui m'était particulièrement utile lorsque je me trouvais en face d'un dragon… ou d'une inconnue ukrainienne pour qui je me sentais obligée de m'intéresser.
Alors quand elle me confia la date de sa conférence, je hochais la tête en la gravant dans ma mémoire. Sans doute m'y rendrais-je, mais pas pour l'écouter me parler des médias russes, ça, c'était un bonus. Ce serait pour elle que je m'y rendrais.
Têtue ? Folle ? Sans doute l'étais-je. Mais, sans en comprendre la raison, il me semblait que c'était capital pour moi d'y aller.
- Oui la théorie et la pratique sont deux choses bien différentes, et souvent, nous manquons d'expérience sur le terrain. La dragonologie, justement, souffre beaucoup de cela.
Puis, je plissais les yeux, accentuant un air qui se voulait énigmatique mais aussi amusée.
- Je saurai suivre la conversation même si elle devient technique. Tout du moins, j'essayerai.
- InvitéInvité
Re: Au commencement [Lubia]
Ven 18 Jan 2019 - 22:51
« Lors de ces négociations diplomatiques, qu'observez-vous dans ce cas ? » Un sourire énigmatique étire tes lèvres. Presque. Tu pourrais dévier la question, mais tu n'en as aucunement l'intention. Tu ne fais pas partie de ces magiciens qui refusent de montrer ce qui se trouve sous le chapeau. « Tout », te contentes-tu de dire, lueur espiègle dans le regard, avant de lui faire une remarque, qui était surtout une question, sur le fait que ses sujets d'étude l'observaient autant qu'elle les étudiait. Tu balaies son visage du regard, devinant ses clavicules sous son manteau. Tu t'imagines un corps qui la trahit. « Si je ne l'avais pas remarqué, je serai une bien piètre dragonologiste… et une bien piètre observatrice. » Ah, tiens. Bonjour. Elle te dit enfin qui elle est. Pas une dragonologiste, non. Ça n'a que peu d'importance à tes yeux. En fait, si. Dragonologiste. Diplomate. Observation d'êtres formidables, prise en compte de facteurs de danger, prise de décision. Si ce n'était que d'une légère différence ... Oh, si peu. Dans le cadre diplomatique, c'est toi, l'être fantastique. Réalise-t-elle que dans ce jeu qu'elle vient de lancer par sa question traversée d'un accent de bravade, tu es devenue le dragon de son observation, et qu'elle incarne elle-même l'interlocuteur dont tu tentes de percer les mystères? Diplomatie et dragonologie. Quelle soirée diablement intéressante se dessine face à toi. Tu ne la laisseras pas filer avant qu'elle t'aie promis de venir à ta conférence, décides-tu. Tu la sens franche - tu côtoies assez de roublards pour reconnaître quelqu'un qui semble digne de sa parole.
Tu réponds à sa question, y ajoutant une bribe d'information n'ayant pas été demandée au sujet de la théorie et de la pratique. Elle acquiesce. « Oui la théorie et la pratique sont deux choses bien différentes, et souvent, nous manquons d'expérience sur le terrain. La dragonologie, justement, souffre beaucoup de cela. » Un sourire moqueur étire tes lèvres. « Vous ne me donnez pas l'impression de quelqu'un qui manque d'expérience, pourtant », te permets-tu de glisser. Le sous-entendu est maladroit, mais intentionnel. Ton regard bleu teinté d'acier se pose sur le sien à nouveau alors qu'elle te dit qu'elle saura suivre la conversation. « Je vous chercherai dans la salle, dans ce cas », dis-tu, lui indiquant que tu t'attends à présent à ce qu'elle vienne assister à ta conférence. « Bien que nous n'allons pas traiter de l'observation en diplomatie ». Tu t'éloignes un peu d'elle, répondant enfin à sa question alors que tu crées un cercle autour de l'étudiante avec tes pas, tournant et commentant à la fois. « J'observe ... Les structures de comportement », dis-tu, avançant doucement. « Les tics nerveux. Le fait de racler sa gorge. La posture. Garder ses mains dissimulées ». Nul besoin de lui dire d'où proviennent tes exemples. « Regarder pour des moments de rupture dans la structure comportementale. » Son air de défi, plus tôt, qui n'avait pas été une vraie rupture, mais une révélation. « La démarche ». Ses petits pas rapides alors que tu ne l'avais pas encore acostée. « Des traits de personnalité qui ressortent lorsque confrontés à une nouvelle situation ». Tu t'arrêtes, mains pendant tranquillement le long de ton corps. Tu ressembles à une cible ouverte, et tu le sais - mais tu t'en moques. C'est le but. Sourire solaire qui revient dans ton visage, expression chaleureuse. « Les gens en disent beaucoup plus avec leurs silences qu'avec leurs mots ».
- InvitéInvité
Re: Au commencement [Lubia]
Sam 19 Jan 2019 - 11:35
Alors que je m'exprimais, je me sentais scannée de haut en bas par la diplomate en face de moi. Avant même qu'elle ne me donne sa réponse, je la devinais. Qu'observait-elle ? Le comportement des gens en face d'elle, un peu comme moi, sauf que j'avais bien plus de facilité à lire les animaux que les êtres humains. Les créatures ne mentaient pas, elles. Cela dit, je commençais de plus en plus à me persuader que l'ukrainienne ne me mentait pas non plus. Elle ne semblait pas non plus essayer d'être ce qu'elle n'était pas. Je le voyais dans ses yeux, sa manière de me fixer comme si j'étais son prochain repas, à cette façon qu'elle avait d'étirer ses lèvres en des sourires tantôt amusés, tantôt énigmatiques. Fut un temps où je me serai enfuie face à une telle personne, car bien peu encline à la confrontation. J'étais bien forcée de constater que j'avais indubitablement changé. À présent je faisais face, j'osais me dresser devant ce qui me faisait peur, sans pour autant provoquer et être la première à lever la main malgré mes doigts si fermement serrés autour de ma baguette dans ma poche.
Sans doute que nos professions respectives pouvaient être jumelles dans certaines circonstances, et c'était à présent ce qui nous unissait, elle et moi, et qui nous empêchait de nous quitter un instant du regard. Le moindre signe de faiblesse ne pouvait pas être permis. Toutefois, je restais profondément pacifiste, et ce, même lorsqu'elle me glissait plusieurs sous-entendu que je savais saisir sans mal. Affaissant sensiblement mes épaules en mimant une certaine forme de détente, je répondais avec, à mon tour, un sourire amusé sur les lèvres.
- En effet, j'aime me rendre sur le terrain pour combler mes lacunes.
Et encore, je ne croyais pas si bien dire, et j'ombrageais volontairement mon expérience à la jeune femme qui me faisait face. Pour sûr, je ne manquais pas d'entraînement, et j'avais été mise bien des fois à l'épreuve, et ce, même en dehors des cours alors que j'étais à proximité de l'université. Dans cette forêt qui, juste à côté de nous, était le témoin silencieux de notre rencontre peu ordinaire.
Lorsqu'elle signifiait vouloir me chercher dans sa salle, j'étirais mes lèvres, gênée, tandis que mon regard, un vague instant, alla chercher un potentiel réconfort vers un conifère qui nous surplombait non loin. Mais quand la sorcière s'éloigna pour me tourner autour, je revins bien vite sur elle. Oui, cherche moi, étrange créature, cherche moi, et tu sauras me trouver. Peut-être ne connaissait-elle pas l'histoire de David et Goliath ? Pour le moment je gardais cette remarque pour moi tandis que je la laissais volontairement me tourner autour tout en tirant mon propre portrait. Je n'étais pas naïve et je l'avais compris dès ses premiers mots. J'étais dans son viseur, et une profonde angoisse montait dans ma gorge et tendait légèrement mes épaules.
Contradiction notoire pourtant, je me permettais de sourire, amusée, tout en tournant la tête en direction de la jeune femme qui était à présent à côté de moi.
- Et que voyez-vous d'autre en moi ?
Pourquoi cacher que c'était moi son repas du soir ? Je n'avais pas à paraître plus idiote que je ne l'étais. Mais, obéissant enfin à mon instinct, je fis lentement volte-face pour me retrouver à nouveau tout à fait devant la sorcière avant de me mettre en marche, les mains toujours enfoncées dans mes poches. Rester statiques commençait à devenir mauvais pour mes nerfs, il me fallait bouger, et je savais que j'avais bien assez attiré l'attention de mon interlocutrice pour qu'elle me suive sans la moindre hésitation. Je n'allais pas la mener dans un piège, je n'étais pas comme ça. J'avais simplement le désir de faire passer ces fourmillements désagréables dans mes jambes. Ayant parfaitement observé sa posture nonchalante et calme, je savais que ce n'était qu'image fardée.
- Le silence peut des fois être la plus sage des réponses. Personnellement, je l'apprécie car il est une mélodie que bien peu savent entendre, et encore moins écouter.
Coulant un regard en coin, je ne pouvais réprimer enfin ce frisson qui était coincé dans mon échine depuis tout à l'heure. M'être mise en mouvement me permettait d'observer sa démarche à elle, car j'avais eu un soupçon lorsqu'elle me tournait autour. Cette manière de se mouvoir, de contourner la cible et la proie… pourquoi est-ce que ça me rappelait cruellement ce moment ?
Mon cœur se mit à battre frénétiquement dans ma poitrine, et j'aurai eu envie de m'enfuir, pour ne pas revivre encore une fois la même chose. Par réflexe, je levais le nez au ciel pour y trouver la lune, et m'assurer qu'elle n'allait pas être pleine. Fort heureusement, non. Je poussais alors un léger soupir en revenant sur la jeune femme. Pourtant, les dates ne correspondaient pas. Sans doute étais-je bien trop influencée par mes terreurs.
Confuse, je levais alors ma main gauche jusqu'à mon front pour venir me frotter les cheveux à travers mon bonnet. Sans y prendre garde, je révélais alors mon propre tatouage, gravé dans mon poignet, qui osait se montrer au monde entre mes gants et la manche de ma veste. Vision fortuite, je replongeais bien rapidement mes doigts dans la poche de ma veste tout en reniflant, me rappelant que j'étais légèrement enrhumée.
- Bien que diplomate, vous ne semblez pas être de ceux qui aiment être dans des cases. Libre comme l'air, sauvage, vous allez au gré du vent là où bon vous semble lorsque vous n'êtes pas obligée par un métier qui vous permet de vous compléter.
Tout en prononçant ses mots, je fixais droit devant moi la ligne d'horizon, comme si je pouvais me l'imaginer dans d'autres circonstances que ce soir. Avec tranquillité et confiance je reposais mes prunelles sombres sur elle, cet air juvénile et innocent affiché sur mon visage.
Chercher moi ma grande, cherche moi.
Sans doute que nos professions respectives pouvaient être jumelles dans certaines circonstances, et c'était à présent ce qui nous unissait, elle et moi, et qui nous empêchait de nous quitter un instant du regard. Le moindre signe de faiblesse ne pouvait pas être permis. Toutefois, je restais profondément pacifiste, et ce, même lorsqu'elle me glissait plusieurs sous-entendu que je savais saisir sans mal. Affaissant sensiblement mes épaules en mimant une certaine forme de détente, je répondais avec, à mon tour, un sourire amusé sur les lèvres.
- En effet, j'aime me rendre sur le terrain pour combler mes lacunes.
Et encore, je ne croyais pas si bien dire, et j'ombrageais volontairement mon expérience à la jeune femme qui me faisait face. Pour sûr, je ne manquais pas d'entraînement, et j'avais été mise bien des fois à l'épreuve, et ce, même en dehors des cours alors que j'étais à proximité de l'université. Dans cette forêt qui, juste à côté de nous, était le témoin silencieux de notre rencontre peu ordinaire.
Lorsqu'elle signifiait vouloir me chercher dans sa salle, j'étirais mes lèvres, gênée, tandis que mon regard, un vague instant, alla chercher un potentiel réconfort vers un conifère qui nous surplombait non loin. Mais quand la sorcière s'éloigna pour me tourner autour, je revins bien vite sur elle. Oui, cherche moi, étrange créature, cherche moi, et tu sauras me trouver. Peut-être ne connaissait-elle pas l'histoire de David et Goliath ? Pour le moment je gardais cette remarque pour moi tandis que je la laissais volontairement me tourner autour tout en tirant mon propre portrait. Je n'étais pas naïve et je l'avais compris dès ses premiers mots. J'étais dans son viseur, et une profonde angoisse montait dans ma gorge et tendait légèrement mes épaules.
Contradiction notoire pourtant, je me permettais de sourire, amusée, tout en tournant la tête en direction de la jeune femme qui était à présent à côté de moi.
- Et que voyez-vous d'autre en moi ?
Pourquoi cacher que c'était moi son repas du soir ? Je n'avais pas à paraître plus idiote que je ne l'étais. Mais, obéissant enfin à mon instinct, je fis lentement volte-face pour me retrouver à nouveau tout à fait devant la sorcière avant de me mettre en marche, les mains toujours enfoncées dans mes poches. Rester statiques commençait à devenir mauvais pour mes nerfs, il me fallait bouger, et je savais que j'avais bien assez attiré l'attention de mon interlocutrice pour qu'elle me suive sans la moindre hésitation. Je n'allais pas la mener dans un piège, je n'étais pas comme ça. J'avais simplement le désir de faire passer ces fourmillements désagréables dans mes jambes. Ayant parfaitement observé sa posture nonchalante et calme, je savais que ce n'était qu'image fardée.
- Le silence peut des fois être la plus sage des réponses. Personnellement, je l'apprécie car il est une mélodie que bien peu savent entendre, et encore moins écouter.
Coulant un regard en coin, je ne pouvais réprimer enfin ce frisson qui était coincé dans mon échine depuis tout à l'heure. M'être mise en mouvement me permettait d'observer sa démarche à elle, car j'avais eu un soupçon lorsqu'elle me tournait autour. Cette manière de se mouvoir, de contourner la cible et la proie… pourquoi est-ce que ça me rappelait cruellement ce moment ?
Mon cœur se mit à battre frénétiquement dans ma poitrine, et j'aurai eu envie de m'enfuir, pour ne pas revivre encore une fois la même chose. Par réflexe, je levais le nez au ciel pour y trouver la lune, et m'assurer qu'elle n'allait pas être pleine. Fort heureusement, non. Je poussais alors un léger soupir en revenant sur la jeune femme. Pourtant, les dates ne correspondaient pas. Sans doute étais-je bien trop influencée par mes terreurs.
Confuse, je levais alors ma main gauche jusqu'à mon front pour venir me frotter les cheveux à travers mon bonnet. Sans y prendre garde, je révélais alors mon propre tatouage, gravé dans mon poignet, qui osait se montrer au monde entre mes gants et la manche de ma veste. Vision fortuite, je replongeais bien rapidement mes doigts dans la poche de ma veste tout en reniflant, me rappelant que j'étais légèrement enrhumée.
- Bien que diplomate, vous ne semblez pas être de ceux qui aiment être dans des cases. Libre comme l'air, sauvage, vous allez au gré du vent là où bon vous semble lorsque vous n'êtes pas obligée par un métier qui vous permet de vous compléter.
Tout en prononçant ses mots, je fixais droit devant moi la ligne d'horizon, comme si je pouvais me l'imaginer dans d'autres circonstances que ce soir. Avec tranquillité et confiance je reposais mes prunelles sombres sur elle, cet air juvénile et innocent affiché sur mon visage.
Chercher moi ma grande, cherche moi.
- InvitéInvité
Re: Au commencement [Lubia]
Dim 20 Jan 2019 - 14:16
« En effet, j'aime me rendre sur le terrain pour combler mes lacunes ». Tu réponds à son sourire - le tien est éternellement gravé à tes lèvres pleines, de toute manière, passant de sardonique à carnassier, tantôt solaire et chaleureux, tantôt amusé et ironique. « Un trait admirable, connaître ses faiblesses », dis-tu avant de lui signifier que tu la chercheras dans ta conférence ... et de former un arc de cercle autour d'elle, soulignant ce qui te saute au regard. Si tu disposais de plus de temps, tu pourrais en dire plus à son sujet - les humains, tu connais, tu les déchiffres avec une relative facilité, mais il te faut admettre que la petite silhouette t'intrigue présentement bien davantage qu'un énième chef d'état. Eux, ils sont tous pareils, dans leur finalité, à tout le moins - le pouvoir ou l'argent. Abigail, elle, est indubitablement plus intéressante qu'un vulgaire président d'une république de bananes. Alors que tu te présentes comme une cible facile, elle s'adresse à toi à nouveau. « Et que voyez-vous d'autre en moi ? » Tes yeux se fichent sur les siens avec une intensité nouvelle alors qu'elle se déplace enfin. « Têtue. Volonté d'échapper à vos ... lacunes, comme vous dites. » Tu n'en diras pas plus. Te ne vas pas lui faire son horoscope non plus - ce n'était pas le but de l'exercice. De répondre à cette sempiternelle question ... Qui es-tu?
Tu suis l'étudiante alors qu'elle marche le long de la forêt. Polie, elle t'aurait certainement signifié que votre échange était terminé si ça avait été son souhait. Comme de fait, elle répond à ta dernière remarque concernant le silence. « Le silence peut des fois être la plus sage des réponses. Personnellement, je l'apprécie car il est une mélodie que bien peu savent entendre, et encore moins écouter. » Tu ne réponds rien, ton silence faisant écho à ce qu'elle affirme. Sur ce point, vous êtes d'accord. La texture du silence est quelque chose que tu aimes goûter, la faisant tournoyer sur ta langue pendant que tu places tes pions en négociation. Le silence fait autant partie de ton arsenal que tes tatouages ou ton air impeccable contredisant l'encre sur ta peau - tout pour déstabiliser et rassurer à la fois, laissant tes interlocuteurs moldus à l'aise et vacillants. Le goût de ce silence-ci? D'acier - il est à couper au couteau. Tu l'observes alors qu'elle se compose une contenance, regardant la lune - dans le premier tiers, tu le sais dans tes os et ton sang, évoluant au rythme de celle-ci tous les mois depuis maintenant quinze ans. Elle porte une main à sa tête, te révélant le trait distinctif à son poignet. Tu fixes l'image dans ton esprit, enregistrant la forme précise du dragon encastré dans le triangle inversé - le tatouage y est désormais aussi indélébile que sur la peau de la sorcière. Lentement, tu avances à ses côtés, démarche féline et gracieuse, mais tranquille. Tu glisses tes mains dans tes poches par nonchalance davantage qu'en réflexe de protection pour prendre ta baguette, rejetant une mèche de tes cheveux courts tombée sur tes yeux d'un léger mouvement de la tête.
« Bien que diplomate, vous ne semblez pas être de ceux qui aiment être dans des cases. Libre comme l'air, sauvage, vous allez au gré du vent là où bon vous semble lorsque vous n'êtes pas obligée par un métier qui vous permet de vous compléter. » Tu ris à ce qu'elle dit - la plus jeune n'a pas forcément tort, mais son expression fleur bleue la trahit un peu quand même. Tu ne lui en tiens pas rigueur, tu trouves ça limite attachant, et tu lui coules un petit regard amusé et un sourire en coin, sincère. Tu te penches vers elle, te doutant que l'étudiante se crispera à ton approche, et tu murmures. « Je suis une pirate, en fait ». Haussant les épaules, tu rigoles. Ce n'est pas techniquement faux, si tu y penses vraiment deux secondes, et l'idée te plaît bien. « Je suis aussi libre de mon emploi que vous êtes libre de la dragonologie », fais-tu, pointant du regard son poignet qu'elle t'a révélé plus tôt. Entre son tatouage, son croquis laissé dans une poche et sa passion qu'elle t'a révélée, tu te doutes qu'il ne s'agit pas d'un passe-temps ou d'un simple emploi futur. « La diplomatie est un boulet auquel je me suis enchaînée avec joie ». C'est vrai - tu saurais faire sans. Tu saurais faire sans beaucoup de choses, sauf le vent sur ta peau. Mais la diplomatie ... si tu venais à en perdre ton boulot un jour, tu trouverais d'autres façons de faire usage de tes talents - rien ne t'inquiétait, en la matière, si craintive sois-tu d'être fichée un jour.
- InvitéInvité
Re: Au commencement [Lubia]
Mar 22 Jan 2019 - 22:49
Connaître mes faiblesses, c'était le moins que l'on puisse dire, c'était une quête dans ma vie. Je savais que j'en avais beaucoup, des lacunes, et si je voulais avancer dans mes projets, dans la dragonologie, je n'avais pas le choix que d'ouvrir les yeux, voir ce qui n'allait pas et sans cesse faire en sorte de m'améliorer. J'avais beaucoup de mal à comprendre que certaines personnes puissent ne pas se remettre en question. Non pas que je manque de confiance en moi, même malgré ma timidité. Mais savoir entendre les critiques, apprendre de ses erreurs, c'était une manière de grandir dans la vie, de s'épanouir. Pourquoi donc m'en priverai-je ? À ma façon, toute innocente, j'essayais d'être entière. D'être moi-même. D'être un tout et de ne pas me perdre. Ça avait déjà presque été le cas au moins de juin passé, je ne devais donc plus perdre de temps.
Alors, à ses paroles me concernant, sa manière de me voir, je ne pouvais m'empêcher de baisser un peu le menton dans ma veste pour cacher mon sourire. Touché. Même si le fond était bien plus complexe que ce court résumé évidemment. Pourtant, j'appréciais de voir que je ne parlais décidément pas à une simple d'esprit. Elle savait lire ce qui était invisible pour la plupart des gens, c'était évidemment ce qu'elle prétendait, mais au moins je l'avais testé, et j'avais eu ma confirmation.
Le silence qui s'installait alors entre nous était bienvenu pour moi. Je réussissais à calmer mes angoisses au fur et à mesure de mes pas enfoncés dans la neige. Le fait que la sorcière reste muette à mes côtés était sa simple réponse à mes mots, et je l'appréciais. Encore une fois, nous étions sur la même longueur d'onde, et je trouvais la situation presque ironique. Je commençais à l'apprécier, ou tout du moins apprendre à le faire. Quoiqu'il en soit, je ne pouvais m'empêcher de rester particulièrement crispée en sa présence, et je n'arrivais vraiment pas à comprendre pourquoi. Sans doute était-ce la fatigue. À force de ne pas trouver d'explication, je ne voyais que ça. Après tout, j'avais eu une grosse journée, le froid et la maladie ne m'aidait pas.
Habituée en plus avec mon compagnon, le silence était devenu l'un de mes amis. J'appréciais l'écouter, il faisait encore plus de bruit que la moindre petite note de musique. C'était un art de pouvoir l'apprécier, le découvrir, et surtout comprendre ce qu'il y avait derrière. De mon interlocutrice, je n'étais ni déstabilisée par ses tatouages, ni par son silence, ni par son attitude. J'étais impressionnée par elle, tout simplement. Par ce qu'elle dégageait, ou plutôt, ce qu'elle ne dégageait pas. Pas consciemment en tout cas. Je voulais comprendre ce qu'il y avait dans l'ombre, ce sur quoi je n'arrivais pas à mettre le doigt dès le début. Cette démarche féline et gracieuse, il y avait forcément quelque chose. Mais purée, qu'est-ce que c'était ?
Son rire amusé m'arracha un nouveau sourire alors que je détournais le regard pour ne pas avoir à regarder le sien qui coulait sur moi. Aurai-je touché juste ? Après tout, j'avais hasardé en m'aventurant sur ce que j'avais vu d'elle, mais aussi de ce que je connaissais de Sterenn, qui semblait lui ressembler un peu dans le fond. Je pouvais presque les comparer comme des sœurs, de manière plutôt ironique. Mais alors qu'elle se penchait dans ma direction, plus par réflexe que par gêne, je fis un pas large sur le côté. Le souffle qui avait glissé dans mes cheveux, son odeur, sa manière de se mouvoir, le mouvement de ses cheveux…
J'eus un flash qui engendra un haut le cœur. Éblouie, je le revoyais, cette nuit. Malgré l'heure tardive, son corps noir se dessinait dans la pénombre, le clair de lune le trahissant. Il fondait sur moi comme elle venait de le faire. Mon sang vint violemment battre mes tempes, me rendant sourde à ce qu'elle me répondait. Ma vision se troubla et fit le tri. Je ne voyais plus qu'elle, elle était ciblée, il n'y avait plus qu'elle dans mon univers. J'avais peur. J'étais à tel point tétanisée que je manquais de m'encoubler, réalisant alors que j'avais retenu mon souffle. Alors que je me rattrapais, me forçant à retirer mes mains de mes poches, mes poumons retrouvèrent leur fonction. Me penchant sensiblement en arrière, je relevais les mains un peu en signe d'apaisement, jusqu'à me passer à nouveau les doigts sur mon front. Une soudaine nausée vint me frapper tandis que je vacillais, me faisant tanguer de droite à gauche.
En dehors des exercices de pensine que je faisais avec Levius, il était rare que j'aie des flashs aussi violents, même lors de mes terreurs nocturnes. Bon sang, qu'est-ce qui m'arrivait ? …
En tournant la tête vers mon interlocutrice, je la fixais avec un air aussi terrorisé que curieux.
Et si … ?
Mais non… ça ne collait pas.
Tant bien que mal, je secouais la tête, ayant du mal à retrouver ma respiration, j'essayais d'inspirer profondément. Clairement aussi pâle que l'était la lune ce soir, je couinais, plus que je ne parlais.
- Ex… excusez-moi. Je… oui, vous avez sans doute raison.
Non pas que je ne l'avais pas écoutée, je ne l'avais pas entendue. Je n'avais pas pu l'entendre. Pourtant, j'essayais quand même de reprendre le fil de la discussion et reprendre notre marche. Malgré mes jambes en coton. Je voulais rentrer chez moi, me réfugier dans les bras de mon aimé. À l'aide…
Mais au premier pas, ma jambe se déroba, et je me laissais choir dans la neige, essayant de trouver une position assise plus ou moins confortable dans l'immédiat. Dans la panique, je réfléchissais particulièrement vite pour trouver une excuse à cette impasse.
- C'est à cause de la saison... je ne suis pas en forme... ça va passer.
Dit celle qui a le cul planté dans la neige.
Alors, à ses paroles me concernant, sa manière de me voir, je ne pouvais m'empêcher de baisser un peu le menton dans ma veste pour cacher mon sourire. Touché. Même si le fond était bien plus complexe que ce court résumé évidemment. Pourtant, j'appréciais de voir que je ne parlais décidément pas à une simple d'esprit. Elle savait lire ce qui était invisible pour la plupart des gens, c'était évidemment ce qu'elle prétendait, mais au moins je l'avais testé, et j'avais eu ma confirmation.
Le silence qui s'installait alors entre nous était bienvenu pour moi. Je réussissais à calmer mes angoisses au fur et à mesure de mes pas enfoncés dans la neige. Le fait que la sorcière reste muette à mes côtés était sa simple réponse à mes mots, et je l'appréciais. Encore une fois, nous étions sur la même longueur d'onde, et je trouvais la situation presque ironique. Je commençais à l'apprécier, ou tout du moins apprendre à le faire. Quoiqu'il en soit, je ne pouvais m'empêcher de rester particulièrement crispée en sa présence, et je n'arrivais vraiment pas à comprendre pourquoi. Sans doute était-ce la fatigue. À force de ne pas trouver d'explication, je ne voyais que ça. Après tout, j'avais eu une grosse journée, le froid et la maladie ne m'aidait pas.
Habituée en plus avec mon compagnon, le silence était devenu l'un de mes amis. J'appréciais l'écouter, il faisait encore plus de bruit que la moindre petite note de musique. C'était un art de pouvoir l'apprécier, le découvrir, et surtout comprendre ce qu'il y avait derrière. De mon interlocutrice, je n'étais ni déstabilisée par ses tatouages, ni par son silence, ni par son attitude. J'étais impressionnée par elle, tout simplement. Par ce qu'elle dégageait, ou plutôt, ce qu'elle ne dégageait pas. Pas consciemment en tout cas. Je voulais comprendre ce qu'il y avait dans l'ombre, ce sur quoi je n'arrivais pas à mettre le doigt dès le début. Cette démarche féline et gracieuse, il y avait forcément quelque chose. Mais purée, qu'est-ce que c'était ?
Son rire amusé m'arracha un nouveau sourire alors que je détournais le regard pour ne pas avoir à regarder le sien qui coulait sur moi. Aurai-je touché juste ? Après tout, j'avais hasardé en m'aventurant sur ce que j'avais vu d'elle, mais aussi de ce que je connaissais de Sterenn, qui semblait lui ressembler un peu dans le fond. Je pouvais presque les comparer comme des sœurs, de manière plutôt ironique. Mais alors qu'elle se penchait dans ma direction, plus par réflexe que par gêne, je fis un pas large sur le côté. Le souffle qui avait glissé dans mes cheveux, son odeur, sa manière de se mouvoir, le mouvement de ses cheveux…
J'eus un flash qui engendra un haut le cœur. Éblouie, je le revoyais, cette nuit. Malgré l'heure tardive, son corps noir se dessinait dans la pénombre, le clair de lune le trahissant. Il fondait sur moi comme elle venait de le faire. Mon sang vint violemment battre mes tempes, me rendant sourde à ce qu'elle me répondait. Ma vision se troubla et fit le tri. Je ne voyais plus qu'elle, elle était ciblée, il n'y avait plus qu'elle dans mon univers. J'avais peur. J'étais à tel point tétanisée que je manquais de m'encoubler, réalisant alors que j'avais retenu mon souffle. Alors que je me rattrapais, me forçant à retirer mes mains de mes poches, mes poumons retrouvèrent leur fonction. Me penchant sensiblement en arrière, je relevais les mains un peu en signe d'apaisement, jusqu'à me passer à nouveau les doigts sur mon front. Une soudaine nausée vint me frapper tandis que je vacillais, me faisant tanguer de droite à gauche.
En dehors des exercices de pensine que je faisais avec Levius, il était rare que j'aie des flashs aussi violents, même lors de mes terreurs nocturnes. Bon sang, qu'est-ce qui m'arrivait ? …
En tournant la tête vers mon interlocutrice, je la fixais avec un air aussi terrorisé que curieux.
Et si … ?
Mais non… ça ne collait pas.
Tant bien que mal, je secouais la tête, ayant du mal à retrouver ma respiration, j'essayais d'inspirer profondément. Clairement aussi pâle que l'était la lune ce soir, je couinais, plus que je ne parlais.
- Ex… excusez-moi. Je… oui, vous avez sans doute raison.
Non pas que je ne l'avais pas écoutée, je ne l'avais pas entendue. Je n'avais pas pu l'entendre. Pourtant, j'essayais quand même de reprendre le fil de la discussion et reprendre notre marche. Malgré mes jambes en coton. Je voulais rentrer chez moi, me réfugier dans les bras de mon aimé. À l'aide…
Mais au premier pas, ma jambe se déroba, et je me laissais choir dans la neige, essayant de trouver une position assise plus ou moins confortable dans l'immédiat. Dans la panique, je réfléchissais particulièrement vite pour trouver une excuse à cette impasse.
- C'est à cause de la saison... je ne suis pas en forme... ça va passer.
Dit celle qui a le cul planté dans la neige.
- InvitéInvité
Re: Au commencement [Lubia]
Jeu 24 Jan 2019 - 0:25
Tu t'approches d'elle en un geste léger, sans prétention, air de confidence au visage, et ton interlocutrice s'échappe rapidement, s'écartant de toi en traçant un arc large dans la direction opposée. Surprise, tu la dévisages. Quelle étrange jeune femme, qui te fixe tantôt comme une biche prise entre deux feux, tantôt avec détermination et défiance. Un peu à l'image de ta propre ambivalence, tu dois l'avouer, bien que la tienne soit éminemment liée à ta lycanthropie. Tantôt solaire et amicale, tu passes si rapidement vers ton état prédateur et joueur, si utile dans ton milieu professionnel, qu'il t'arrive d'oublier que tu peux en apeurer certains. Bien joué, vraiment. Maintenant elle a peur de toi. T'es idiote Lubia, t'es idiote ... C'est une étudiante, pas un chef de conglomérat ... Bordel ... Pas bravo. Abigail semble retenir son souffle, comme si elle attendait un coup qui n'arrive évidemment pas, avant de recommencer à respirer, et porter une main à son visage. Figée, tu as les bras un peu écartés, comme un coureur attendant le coup du départ. Dans ton cas, tu attends plutôt de voir ce que fera l'étudiante, inquiète. Le regard qu'elle te jette, tu le reconnais trop bien - une part si dominante de toi aime l'inspirer chez autrui, au besoin. La peur. Il y a si longtemps que tu es en symbiose avec ta lycanthropie que parfois, tu ne fais plus la distinction entre la louve et l'humaine - pourquoi le faire? Tu es autant l'une que l'autre, aujourd'hui. Tout ce que tu es, l'air que tu respires ... Tout est teinté par cet héritage que tu traînes depuis maintenant quinze ans, malédiction devenue bénédiction, trait te définissant si profondément que si tu ne pouvais plus courir sous la lune sous ta forme lycane, tu en mourrais probablement. La pensée t'arrache un frisson. Jamais.
Elle a enfin retrouvé sa langue, la petite brune, secouant la tête. Sa voix est chétive, et elle semble se recroqueviller sur elle-même. « Ex… excusez-moi. Je… oui, vous avez sans doute raison. » Elle n'a rien entendu de ce que tu as dit, tu en es convaincue, mais elle est trop polie - ou méfiante - pour l'admettre. Ton visage prend une expression soucieuse sincère. « Abigail, vous allez bien? » Elle ne te répond pas, et ses jambes cèdent plutôt sous elle, l’entraînant dans la neige. « C'est à cause de la saison... je ne suis pas en forme... ça va passer. » Tes yeux sont écarquillés. L'impression prédatrice qui se dégageait de toi a presque entièrement disparu, remplacée par une grande sollicitude et un air d'inquiétude adressé à l'étudiante. Bordel tu l'as fait tomber de peur. Sérieux Lubia, faut que t'apprennes à te gérer un peu. Qu'est-ce qui t'a pris? En vrai, je pensais pas que j'allais lui faire peur ... je voulais juste rigoler un peu. Tu lui tends la main, avant de te raviser. Elle s'est écartée si instinctivement lorsque tu t'es simplement rapprochée d'elle qu'elle ne doit avoir aucune intention de te toucher. Après, tu ne vas quand même pas la laisser par terre ... Non, tant pis. Tu lui tends la main, expression sincère au visage. Allez je vais pas te manger merde, prends ma main. Tes yeux couleur de ciel détaillent ses traits apeurés. « Franchement Abigail, vous n'avez pas l'air dans votre assiette du tout, venez, je vais vous raccompagner au château », dis-tu d'une voix qui ne laisse pas la place à la réplique. Ce ton, c'est celui que tu emploies avec fermeté quand tu signifies qu'une entente est conclue et non-négociable. Avec l'état dans lequel la sorcière se trouve, tu doutes qu'elle refuse avec une grande fermeté. Dans tous les cas, elle n'a pas le choix. « Je vous raccompagne et je vous y laisse, promis, je ne vous embête plus. Mais c'est pas vrai que je vais vous laisser le cul dans la neige comme ça hein. Parlez-moi d'une de vos expériences pratiques en dragonologie. » La demande est sincère, presque contrite. Tu te sens coupable de l'avoir rendue mal à l'aise, et tu espères que la passion dont elle faisait montre plus tôt l'aidera à regagner un peu de confiance en elle-même.
- InvitéInvité
Re: Au commencement [Lubia]
Jeu 24 Jan 2019 - 16:08
C'était étrange, ce que cette femme dégageait. Tantôt je le voyais prédatrice, tantôt elle semblait attentive et douce, comme maintenant alors qu'elle s'avançait vers moi pour s'assurer de mon état. Qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire de toute façon ? Nous venions de nous rencontrer, ce n'était pas comme si nous étions les meilleures amies du monde. Toutefois, je devais indéniablement reconnaître que quelque chose nous liait… mais quoi... je n'en avais pas la moindre idée, ou alors, je refusais de le croire. J'avais peur, j'étais terrorisée par cette femme, par ce qu'elle représentait, ou pouvait représenter pour moi. Mais pourquoi elle ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi ici ? Rien n'indiquait pourtant que ça puisse être elle, et pourtant, mon corps et mon esprit refusaient de se calmer, de comprendre qu'il n'y avait aucun rapport entre la lune de juin et cette ukrainienne. Elle ne semblait pas si mauvaise que cela, maintenant que j'observais ses yeux si décontenancés et désolés face à ma propre réaction.
Durant tous ces mois, je m'étais imaginé que c'était une mauvaise personne. Un irresponsable qui ne prenait pas de potion tue-loup et qui s'était volontairement rapproché de l'université pour faire du mal à quelqu'un, ou simplement faire parler de lui. La première option avait été remplie, pas la seconde puisque l'accident était resté passablement secret. J'aurai largement préféré que ce soit une mauvaise personne. Quelqu'un que je pouvais haïr du plus profond de mon âme, plutôt que de devoir reconnaître que c'était une personne comme n'importe qui, gentille et responsable qui plus est. Sans doute avais-je ressenti le sentiment de vengeance aussi, me dire que je vivais mieux que ce loup-garou qui avait failli me tuer. Colère, haine, vengeance… tout ça était si étranger pour moi. Ce n'était pas des sentiments qui me personnifiaient, je n'étais pas comme ça.
Alors, lorsque mon regard se posa sur la main tendue vers moi, pour m'aider à me relever, je ne bougeais pas. Je n'en avais pas envie, ni même la force. Non pas que je craignais de le lui prendre. Ou peut-être que si, je n'en étais pas certaine. C'était surtout que j'avais l'esprit bien trop ailleurs. Le froid de la neige qui commençait à traverser mes vêtements ne me préoccupait même pas, je ne le sentais pas, comme si le froid régnait en maître.
- Donnez-moi cinq minutes. S'il vous plait.
Réfugiant mes mains contre ma poitrine, je croisais obstinément les bras comme une petite fille tout en détournant le regard. Non je n'avais pas envie de me lever, et je redoutais que mes jambes ne se dérobent à nouveau. J'avais besoin de reprendre mes esprits, de me calmer un peu… mais était-ce seulement possible alors qu'elle était devant moi ? Pourtant, en dehors de mon instinct particulièrement aiguisé, rien n'indiquait que c'était elle. Alors… pourquoi elle ? Qui était-elle bon sang ?
Fronçant légèrement les sourcils, je secouais un peu la tête, alors que je comprenais l'effort de la jeune femme de me parler de dragon. Tout en me raclant la gorge, je répondais tant bien que mal. D'abord la voix enrouée, je retrouvais petit à petit de l'assurance.
- Vous ne me dérangez pas, je vous assure, j'apprécie même votre compagnie c'est juste que… enfin… c'est… compliqué.
Je n'avais guère envie d'étaler mon histoire devant elle. En tout cas pas ce soir. Inspirant profondément alors que j'essayais de me concentrer sur sa réponse, j'enfonçais lentement ma tête dans mes épaules, me regard se perdant dans le vague. Je faisais apparemment de grands efforts pour calmer mes tensions et écouter la sorcière devant moi tout en apaisant mes peurs.
- Mmh… ma toute première expérience était dans une réserve au pays de Galles. Pour étudier les Verts Gallois. C'est l'une des races les plus paisibles, même si elle n'en est pas moins dangereuse. Ils sont faciles à approcher, parfaits pour des débutants comme je l'étais à cette époque. Je m'interrompais un instant pour réfléchir. Ça devait être il y a… une dizaine d'années maintenant. Le temps passe vite.
Je m'étranglais un peu à cause du choc émotionnel que je venais de vivre, mais aussi parce que le froid commençait à m'envahir. Un frisson me parcouru alors, me faisant trembler devant mon interlocutrice. Ma main au feu que j'allais à nouveau tombe malade…
Durant tous ces mois, je m'étais imaginé que c'était une mauvaise personne. Un irresponsable qui ne prenait pas de potion tue-loup et qui s'était volontairement rapproché de l'université pour faire du mal à quelqu'un, ou simplement faire parler de lui. La première option avait été remplie, pas la seconde puisque l'accident était resté passablement secret. J'aurai largement préféré que ce soit une mauvaise personne. Quelqu'un que je pouvais haïr du plus profond de mon âme, plutôt que de devoir reconnaître que c'était une personne comme n'importe qui, gentille et responsable qui plus est. Sans doute avais-je ressenti le sentiment de vengeance aussi, me dire que je vivais mieux que ce loup-garou qui avait failli me tuer. Colère, haine, vengeance… tout ça était si étranger pour moi. Ce n'était pas des sentiments qui me personnifiaient, je n'étais pas comme ça.
Alors, lorsque mon regard se posa sur la main tendue vers moi, pour m'aider à me relever, je ne bougeais pas. Je n'en avais pas envie, ni même la force. Non pas que je craignais de le lui prendre. Ou peut-être que si, je n'en étais pas certaine. C'était surtout que j'avais l'esprit bien trop ailleurs. Le froid de la neige qui commençait à traverser mes vêtements ne me préoccupait même pas, je ne le sentais pas, comme si le froid régnait en maître.
- Donnez-moi cinq minutes. S'il vous plait.
Réfugiant mes mains contre ma poitrine, je croisais obstinément les bras comme une petite fille tout en détournant le regard. Non je n'avais pas envie de me lever, et je redoutais que mes jambes ne se dérobent à nouveau. J'avais besoin de reprendre mes esprits, de me calmer un peu… mais était-ce seulement possible alors qu'elle était devant moi ? Pourtant, en dehors de mon instinct particulièrement aiguisé, rien n'indiquait que c'était elle. Alors… pourquoi elle ? Qui était-elle bon sang ?
Fronçant légèrement les sourcils, je secouais un peu la tête, alors que je comprenais l'effort de la jeune femme de me parler de dragon. Tout en me raclant la gorge, je répondais tant bien que mal. D'abord la voix enrouée, je retrouvais petit à petit de l'assurance.
- Vous ne me dérangez pas, je vous assure, j'apprécie même votre compagnie c'est juste que… enfin… c'est… compliqué.
Je n'avais guère envie d'étaler mon histoire devant elle. En tout cas pas ce soir. Inspirant profondément alors que j'essayais de me concentrer sur sa réponse, j'enfonçais lentement ma tête dans mes épaules, me regard se perdant dans le vague. Je faisais apparemment de grands efforts pour calmer mes tensions et écouter la sorcière devant moi tout en apaisant mes peurs.
- Mmh… ma toute première expérience était dans une réserve au pays de Galles. Pour étudier les Verts Gallois. C'est l'une des races les plus paisibles, même si elle n'en est pas moins dangereuse. Ils sont faciles à approcher, parfaits pour des débutants comme je l'étais à cette époque. Je m'interrompais un instant pour réfléchir. Ça devait être il y a… une dizaine d'années maintenant. Le temps passe vite.
Je m'étranglais un peu à cause du choc émotionnel que je venais de vivre, mais aussi parce que le froid commençait à m'envahir. Un frisson me parcouru alors, me faisant trembler devant mon interlocutrice. Ma main au feu que j'allais à nouveau tombe malade…
- InvitéInvité
Re: Au commencement [Lubia]
Jeu 24 Jan 2019 - 18:02
Main tendue, qu'elle refuse. « Donnez-moi cinq minutes. S'il vous plait. » Bras croisés, elle te donne soudain une impression d'extrême jeunesse. Quelle comique jeune femme, qui oscille entre une maturité trahissant ses traits, et une réaction quasi-enfantine. Enfin, pas exactement enfantine, mais il est difficile de ne pas voir en elle une enfant lorsque ses gestes soulignent avec tant d'éloquence la jeunesse de son visage. Tu lui annonces sans ambages que tu as la ferme intention de la ramener au château, qu'elle le veuille ou non. « Vous ne me dérangez pas, je vous assure, j'apprécie même votre compagnie c'est juste que… enfin… c'est… compliqué. » Tu hoches la tête. Son histoire lui appartient, tu n'as pas à en connaître les détails, même si tu brûles toujours de curiosité. Intérêt qui a été instantanément mis de côté avec la chute de l'étudiante - si tu as à savoir qui elle est, tu le feras un autre jour, ayant la certitude que vous vous croiserez à nouveau, accidentellement ou pas. D'abord, à la conférence à laquelle tu t'attends à la voir. Et ensuite? Autant de fois qu'il le faudra pour que tu découvres ses secrets. Tu secoues la tête, te sortant ces idées du crâne - tout en toi n'est désormais qu'affabilité. On pourrait presque croire à de l'hypocrisie de ta part, tant tu as changé d'attitude rapidement, mais il n'en est rien - tu espères qu'Abigail ne s'en formalisera pas trop. Le trait est maladroit, tu t'en doutes. Passer d'une attitude prédatrice, traçant un cercle autour d'elle et lui disant ce que tu vois en elle simplement en la regardant, à un air de sollicitude désolée, cherchant à tout prix à retrouver un sujet qui la rendrait à l'aise. Pour quelqu'un d'extrêmement doué, t'es pas douée.
Pourtant, tu sourcilles. Elle apprécie ta compagnie? Serait-elle menteuse, la petite étudiante? Tu ne l'aurais pourtant pas cru - rien dans son attitude ne trahissait qu'elle appréciait ta compagnie, au contraire. Tu as vu un sursaut de nausée l'envahir avant qu'elle chute au sol. Mais si elle veut te le faire croire, tant pis, tu agiras comme si tu étais dupe. « Mmh… ma toute première expérience était dans une réserve au pays de Galles. Pour étudier les Verts Gallois. C'est l'une des races les plus paisibles, même si elle n'en est pas moins dangereuse. Ils sont faciles à approcher, parfaits pour des débutants comme je l'étais à cette époque. Ça devait être il y a… une dizaine d'années maintenant. Le temps passe vite.» Tu hausses les sourcils. « Dix ans? Mais vous deviez encore être à Poudlard à l'époque, oui? Vous avez bien étudié à Poudlard? Je suis désolée, les subtilités des accents anglophones m'échappent encore », admets-tu avec un hochement d'épaules penaud. Tu connais toutes les nuances des accents slaves du bout des doigts, et cette faculté t'a servi plus d'une fois. Mais ici ... tu ne sais pas distinguer un accent américain d'un accent britannique - et encore, s'il s'agit d'une personne parfaitement bilingue, tu aurais probablement cru que l'anglais était sa langue maternelle. Cette faiblesse dans tes capacités t'agace énormément, mais tu fais avec, sachant que tu sauras la développer avec le temps. Après tout, tu n'es ici que depuis à peine six mois, dans ce nouveau pays étrange. Tu fronces les sourcils. « Il y a donc des dragons sur les îles britanniques? Nous en avons, en Ukraine - vous le savez probablement même mieux que moi, en fait. Les enfants se font conter des histoires de Pansedefer écrasant des maisons de tout leur poids. » Te souvenant de ce qu'Abigail a dit plus tôt, tu précises : « Je me souviens que même enfant, je m'étonnais de ces histoires. Un dragon n'attaquerait certainement pas une maison sans raison, après tout, non? » Pli imperceptible dans le cycle de ta propre pensée. Toi, c'est ton fardeau, de savoir que si tu ne t'éloignes pas de tout être humain les soirs de pleine lune, tu pourrais en blesser sans le vouloir. La pensée ne franchit pas ton expression - tu la gardes jalousement pour toi. Ton fardeau.
- InvitéInvité
Re: Au commencement [Lubia]
Jeu 24 Jan 2019 - 23:34
Je n'étais pas une menteuse, je n'aimais pas faire semblant. Même si mes paroles pouvaient sembler contradictoires avec ma façon d'agir plus tôt, je le pensais sincèrement. La sorcière avait une conversation intéressante, j'avais malgré tout apprécié nos joutes verbales. C'était tout à fait indépendant à la peur viscérale que je pouvais ressentir en sa présence. Un paradoxe certes étrange, mais c'était moi. Qui plus est, tout à fait entre nous, qui était la plus menteuse ? Moi qui tenais des propos allant à l'inverse de ma manière d'agir, ou elle qui passait de prédatrice et douce en quelques secondes ? Étions-nous toujours en train de jouer ? Était-ce encore un bras de fer entre nous malgré la situation ? Je trouvais cela plutôt ironique si tel était le cas.
Quand bien même j'appréciais tenir une conversation avec l'ukrainienne, j'étais soulagée qu'elle ne cherche pas à en savoir davantage sur mon histoire. À elle je n'étais pas prête d'en parler, de partager ce qui était arrivé, même si c'était tout à fait légitime avec ce qui venait d'arriver. Je voyais bien sa réaction, qu'elle avait du mal à saisir les raisons de mes paroles, et moi-même avait du mal à en saisir toutes les subtilités. Ce soir, je ne savais plus où j'en étais, j'étais extrêmement confuse et j'avais du mal à saisir mes propres réactions.
Pourtant, parler de dragon avait cet effet anesthésiant sur moi. Je réussissais à parler, à reprendre lentement le contrôle. Ma voix se faisait moins hésitante, et je ne semblais plus craindre de partager. Les réactions de la sorcière m'étirèrent un subtil et rapide sourire. Ah voilà, j'avais enfin réussi à la surprendre quant à la dragonologie. Si elle n'avait presque pas réagit en apprenant que je souhaitais devenir dragonologiste malgré mes allures de petite fille, la voilà enfin étonnée d'apprendre qu'à peine dans ma majorité j'en avais déjà rencontré. La situation était certes ironique, et elle avait été terrifiante pour mes parents. Pourtant, je me targuais d'avoir des géniteurs aussi compréhensifs, doux et attentionnés. J'avais la pleine conscience que ce n'était pas le cas pour toutes les familles du monde, bien loin de là. La barrière de la langue n'avait pas été un problème pour la jeune femme. Elle m'avait parfaitement comprise.
- Ne vous excusez pas, vous m'avez très bien comprise… j'osais lever rapidement mon regard sur elle avant de rapidement le détourner pour reprendre. Comment dire ? J'admirais les dragons avant même que je ne sache parler. Peut-être même marcher. Je pense qu'avec les années mes parents ont en eu assez de m'entendre réclamer d'aller dans une réserve. Ils ont cédé lorsque j'étais en dernière année d'étude à Poudlard. Je haussais légèrement les épaules. Je pense que ça m'a définitivement décidée à poursuivre mes études ici.
La passion des dragons faisait partie de moi, de mon sang, tout en moi bouillonnait et m'appelait pour être en compagnie de ces créatures extrêmement dangereuses. L'origine de cet amour débordant était tout à fait inconnue puisque ma mère était moldue et que mon père était versé dans la médicomagie. Rien ne me prédestinait à apprécier ces animaux avec autant de ferveur. Pourtant c'était le cas, et sûrement que Lubia pouvait s'en rendre compte puisque, malgré mon allure toujours légèrement recroquevillée, je parlais à présent avec légèreté et assurance.
Un petit coup de vent me rappela au présent et je réalisais alors que j'étais toujours assise dans la neige, frissonnante de froid. Pourtant, je restais là, tétanisée à terre, incapable de bouger, écoutant avec attention mon interlocutrice me parler des dragons ukrainiens. Si je les connaissais ? Ils faisaient partie de la race que j'appréciais le plus. Encore plus que les autres, ils défiaient les lois de la nature et de la gravité. Lourds, ils en étaient pas moins souples et lestes, pouvant s'élancer avec facilité dans les airs. La puissance et la grâce de cette espèce n'était plus à refaire. Sa question m'arracha un nouveau sourire, toute proche du rire alors qu'un nouveau frisson me traversa.
- Non, ils n'attaquent pas les maisons en général, ce serait plutôt le village ou la ville qui serait visés, mais ça aussi, c'est en général étonnant. Ils se posent sur les maisons surtout pour atterrir. Relevant mes prunelles brunes foncées sur la jeune femme, je réalisais que mes explications manquaient de précisions, je continuais alors. Pour avoir un point en hauteur. Ils peuvent mieux observer autour d'eux, et pour décoller c'est aussi plus simple, puisqu'ils pèsent près de trois tonnes.
Malgré les contes et les légendes, il était rare qu'un dragon s'attaque aux humains sauf si ces derniers entraient dans leur territoire. Ce qui était légitime, qui ne défend pas son foyer à la venue d'un étranger ? Le problème était que les territoires des dragons s'étendaient sur de nombreux kilomètres et que les êtres humains prenaient chaque année de plus en plus de place. Forcément, il ne pouvait y avoir que des conflits. Fort heureusement le ministère surveillait tous ces problèmes, et je voulais en faire partie pour moi aussi aider, moi aussi pouvoir changer les choses.
Avec un énième frisson, je me décidais enfin à me relever, faible et hésitante. C'était tant bien que mal que je me hissais enfin totalement sur des jambes faibles et tremblantes. Se remettre d'une peur était décidément pas chose aisée, même si mon esprit s'était apaisé grâce à la conversation draconique. Coulant un regard sur mon interlocutrice, je reprenais la parole, hésitante.
- Merci beaucoup. Combien de fois êtes-vous venu à Hungcalf pour donner des conférences ?
Il n'y avait pas de raison que la conversation ne tourne que autour de moi. Je voulais aussi en apprendre plus sur elle, et je voulais qu'elle puisse, elle aussi, partager sa passion avec moi. C'était un juste retour des choses.
Quand bien même j'appréciais tenir une conversation avec l'ukrainienne, j'étais soulagée qu'elle ne cherche pas à en savoir davantage sur mon histoire. À elle je n'étais pas prête d'en parler, de partager ce qui était arrivé, même si c'était tout à fait légitime avec ce qui venait d'arriver. Je voyais bien sa réaction, qu'elle avait du mal à saisir les raisons de mes paroles, et moi-même avait du mal à en saisir toutes les subtilités. Ce soir, je ne savais plus où j'en étais, j'étais extrêmement confuse et j'avais du mal à saisir mes propres réactions.
Pourtant, parler de dragon avait cet effet anesthésiant sur moi. Je réussissais à parler, à reprendre lentement le contrôle. Ma voix se faisait moins hésitante, et je ne semblais plus craindre de partager. Les réactions de la sorcière m'étirèrent un subtil et rapide sourire. Ah voilà, j'avais enfin réussi à la surprendre quant à la dragonologie. Si elle n'avait presque pas réagit en apprenant que je souhaitais devenir dragonologiste malgré mes allures de petite fille, la voilà enfin étonnée d'apprendre qu'à peine dans ma majorité j'en avais déjà rencontré. La situation était certes ironique, et elle avait été terrifiante pour mes parents. Pourtant, je me targuais d'avoir des géniteurs aussi compréhensifs, doux et attentionnés. J'avais la pleine conscience que ce n'était pas le cas pour toutes les familles du monde, bien loin de là. La barrière de la langue n'avait pas été un problème pour la jeune femme. Elle m'avait parfaitement comprise.
- Ne vous excusez pas, vous m'avez très bien comprise… j'osais lever rapidement mon regard sur elle avant de rapidement le détourner pour reprendre. Comment dire ? J'admirais les dragons avant même que je ne sache parler. Peut-être même marcher. Je pense qu'avec les années mes parents ont en eu assez de m'entendre réclamer d'aller dans une réserve. Ils ont cédé lorsque j'étais en dernière année d'étude à Poudlard. Je haussais légèrement les épaules. Je pense que ça m'a définitivement décidée à poursuivre mes études ici.
La passion des dragons faisait partie de moi, de mon sang, tout en moi bouillonnait et m'appelait pour être en compagnie de ces créatures extrêmement dangereuses. L'origine de cet amour débordant était tout à fait inconnue puisque ma mère était moldue et que mon père était versé dans la médicomagie. Rien ne me prédestinait à apprécier ces animaux avec autant de ferveur. Pourtant c'était le cas, et sûrement que Lubia pouvait s'en rendre compte puisque, malgré mon allure toujours légèrement recroquevillée, je parlais à présent avec légèreté et assurance.
Un petit coup de vent me rappela au présent et je réalisais alors que j'étais toujours assise dans la neige, frissonnante de froid. Pourtant, je restais là, tétanisée à terre, incapable de bouger, écoutant avec attention mon interlocutrice me parler des dragons ukrainiens. Si je les connaissais ? Ils faisaient partie de la race que j'appréciais le plus. Encore plus que les autres, ils défiaient les lois de la nature et de la gravité. Lourds, ils en étaient pas moins souples et lestes, pouvant s'élancer avec facilité dans les airs. La puissance et la grâce de cette espèce n'était plus à refaire. Sa question m'arracha un nouveau sourire, toute proche du rire alors qu'un nouveau frisson me traversa.
- Non, ils n'attaquent pas les maisons en général, ce serait plutôt le village ou la ville qui serait visés, mais ça aussi, c'est en général étonnant. Ils se posent sur les maisons surtout pour atterrir. Relevant mes prunelles brunes foncées sur la jeune femme, je réalisais que mes explications manquaient de précisions, je continuais alors. Pour avoir un point en hauteur. Ils peuvent mieux observer autour d'eux, et pour décoller c'est aussi plus simple, puisqu'ils pèsent près de trois tonnes.
Malgré les contes et les légendes, il était rare qu'un dragon s'attaque aux humains sauf si ces derniers entraient dans leur territoire. Ce qui était légitime, qui ne défend pas son foyer à la venue d'un étranger ? Le problème était que les territoires des dragons s'étendaient sur de nombreux kilomètres et que les êtres humains prenaient chaque année de plus en plus de place. Forcément, il ne pouvait y avoir que des conflits. Fort heureusement le ministère surveillait tous ces problèmes, et je voulais en faire partie pour moi aussi aider, moi aussi pouvoir changer les choses.
Avec un énième frisson, je me décidais enfin à me relever, faible et hésitante. C'était tant bien que mal que je me hissais enfin totalement sur des jambes faibles et tremblantes. Se remettre d'une peur était décidément pas chose aisée, même si mon esprit s'était apaisé grâce à la conversation draconique. Coulant un regard sur mon interlocutrice, je reprenais la parole, hésitante.
- Merci beaucoup. Combien de fois êtes-vous venu à Hungcalf pour donner des conférences ?
Il n'y avait pas de raison que la conversation ne tourne que autour de moi. Je voulais aussi en apprendre plus sur elle, et je voulais qu'elle puisse, elle aussi, partager sa passion avec moi. C'était un juste retour des choses.
- InvitéInvité
Re: Au commencement [Lubia]
Sam 26 Jan 2019 - 22:00
Elle te parle de sa passion, et tu l'écoutes, fascinée. Peux-tu comprendre un intérêt aussi profond, aussi dévorant? Rien chez toi ne te semble aussi viscéral que l'attirance que ressent ton interlocutrice pour les dragons. « Avant même de marcher ... » dis-tu simplement, presque pour toi-même, comme si tu t'adressais au vent. Tu ne peux pas dire qu'il existe quoi que ce soit chez toi qui ait éveillé tes passions aussi tôt, si ce n'est un intérêt puissant pour tout ce qui concerne la sphère maritime, et encore ... tu n'as pas appris à faire filer un voilier sous le vent avant tes douze ans, au cours de l'été ayant suivi ton premier aperçu du vaisseau-fantôme de Durmstrang, ton ancienne école de magie. Un sourire léger étire tes lèvres - il y a quelque chose de fascinant chez quelqu'un qui semble avoir trouvé son but de façon aussi résolue que la petite sorcière qui se tient près de toi, et tu hoches la tête d'un air appréciateur alors qu'elle te parle de son parcours scolaire en la matière, avant de lui mentionner une anecdote concernant les pansedefer ukrainiens et leur apparente propension à détruire des maisons. Et tu dois te l'avouer ... tu es heureuse de voir que ta manoeuvre si peu subtile a fonctionné, la jeune femme ayant gagné en assurance alors qu'elle te parle des dragons.
« Non, ils n'attaquent pas les maisons en général, ce serait plutôt le village ou la ville qui serait visés, mais ça aussi, c'est en général étonnant. Ils se posent sur les maisons surtout pour atterrir. » Tu hoches la tête, yeux légèrement plissés, signe que tu absorbes les informations que l'étudiante te transmet. Tu ne peux pas dire si ce savoir au sujet des dragons te servira un jour, mais tu dois admettre qu'une part non-négligeable de toi ressent une certaine ... parenté, affinité avec l'idée que tu te fais de toutes les créatures de légende mal comprises. Pourtant, tu n'es pas certaine de comprendre la raison pour laquelle un dragon se poserait sur une maison plutôt que sur la terre ferme, aussi fronces-tu les sourcils. Abigail semble voir le questionnement sur ton visage, puisqu'elle précise sa pensée. « Pour avoir un point en hauteur. Ils peuvent mieux observer autour d'eux, et pour décoller c'est aussi plus simple, puisqu'ils pèsent près de trois tonnes. » Éclair de compréhension dans ton regard. « Je comprends. Leur arrive-t-il souvent d'interagir avec les humains? Je vous avoue que je ne maîtrise pas du tout ce domaine ... n'en ayant jamais vu moi-même et connaissant uniquement les histoires qu'on raconte aux enfants ... vous conviendrez comme moi que ce ne sont pas les sources les plus fiables qui soient », admets-tu en riant. Tu poursuis ta réflexion comme si de rien n'était, comme si tu ne parlais pas à quelqu'un qui a chuté dans la neige par ta faute, oubliant la tension qui vous liait plus tôt. Quelle étrange créature tu es. « Ce qui est curieux, d'ailleurs, c'est qu'à Durmstrang, plusieurs professeurs avaient une grande affinité avec l'élément du feu, mais peu d'accent a été mis sur les dragons au cours de ma formation. » Tu hausses les épaules. Ce n'était pas plus mal - tu as toujours eu une affinité plus forte avec l'élément de l'eau, qu'il s'agisse de tes sortilèges ou de la navigation. Tu souris intérieurement, pensant à la voile. Plusieurs croiraient qu'il s'agit surtout d'une question aquatique, mais tu sais mieux que quiconque que l'air y importe davantage encore. Qu'en est-il des dragons? Tu n'as pas le temps de préciser ta pensée, Abigail se redressant et te questionnant à son tour. Tu ne réponds pas immédiatement, préférant la questionner à nouveau.
« Diriez-vous que de simplement se baser sur le feu est suffisant, pour les étudier? Ou vous concentrez-vous sur l'air également? Pour des créatures ailées, c'est non négligeable, j'imagine ... non? » Vous reprenez le chemin qui longe la forêt, vous dirigeant vers l'enceinte universitaire. Tu adaptes tes pas à ceux de l'étudiante que tu viens de rencontrer, glissant une main dans tes cheveux sombres afin d'écarter la mèche rebelle qui te tombe constamment sur les yeux. « Ce sera ma seconde fois uniquement », réponds-tu. « En théorie, je dois en donner quatre au cours de l'année. J'espère que la prochaine sera plus intime, je n'ai pas tellement apprécié l'amphithéâtre », admets-tu. L'amphithéâtre gigantesque et toi, séparée des étudiants, petit point unique en avant.
- InvitéInvité
Re: Au commencement [Lubia]
Dim 27 Jan 2019 - 23:17
Mon interlocutrice semblait soufflée par la révélation que je venais de lui faire. Oui, la passion des dragons me dévorait depuis aussi longtemps. J'avais de vagues souvenirs de moi, me trouvant dans le berceau à fixer le plafond. C'était flou dans ma tête mais, j'avais cette sensation étrange de voir danser des lumières, et les ombres projetaient des formes de reptiliennes ailées.
Même en grandissant, ces images ne s'étaient pas taries, il s'était passé quelque chose ce jour-là, ou cette nuit-là. Bien souvent je surprenais en disant que je souhaitais devenir dragonolosite, moi, sous mes airs de jeune adolescente, du haut de mon mètre cinquante-cinq. Mais c'était d'autant plus fort ce soir, maintenant que j'avouais depuis combien de temps.
Osant lentement relever les yeux sur la jeune femme qui me faisait face, je plissais lentement les paupières. Je n'étais pas dupe, et j'avais compris sa démarche. Celle de me parler des dragons pour me calmer, pour que je reprenne confiance en moi. Pourtant cela n'endormait pas la méfiance que je ressentais envers elle, mon instinct refusant d'oublier ce qui était arrivé un peu plus tôt, sa manière de se pencher vers moi, d'être prédatrice.
Alors même lorsque la conversation continuait à tourner autour de ce sujet, je restais en éveil uniquement pour m'assurer de ma propre sécurité. M'assurer que je n'allais pas mourir. Pas une seconde fois. Je fronçais légèrement les sourcils, signe que je réfléchissais, m'assurant de ne pas vouloir donner de fausses informations. J'avais beau connaître mon sujet sur le bout des doigts, je n'avais pas encore terminé mes études, je ne connaissais pas encore tout, malgré mes connaissances déjà élevées pour une élève de mon niveau.
- Puisque le ministère ukrainien surveille de près cette race, normalement pas… mais vous savez, les contes et les légendes ont toujours une part de vérité. Même si on ne peut pas se fier totalement aux histoires moldues, si elles existent, ce n'est pas pour rien.
Malgré la vigilance des professionnels en charge de la surveillance des dragons, il arrivait qu'il puisse y avoir des problèmes et qu'il y ait des interactions avec les humains et avec les moldus. Avec un petit sourire amusé, je précisais.
- C'est un peu pareil pour ici avec le Loch Ness et Nessie si vous voulez.
Puis sa demande concernant Durmstrang m'arracha un nouveau froncement de sourcils, signe d'une nouvelle réflexion intense et interne. Au moins, je notais ce détail la concernant, elle avait étudié à Durmstrang. Mais au-delà de ça, il était vrai que la comparaison avec le feu pouvait porter à confusion. Les simples d'esprit ou les néophytes s'en contentait. Pas moi.
- Je dirai que se baser sur le feu est effectivement insuffisant. J'irai même jusqu'à prétendre que c'est une très grande preuve de méconnaissance du sujet.
Je me relevais alors tout en époussetant les flocons qui m'étaient arrivés dessus, espérant ainsi me sécher un peu.
- À mon sens, qui ne regarde que moi bien sûr, les dragons sont le symbole vivant de l'union parfaite entre la nature et ses éléments. Le feu, l'eau pour certain, l'air puisqu'ils volent, la terre pour d'autres races, mais aussi la puissance, la crainte et l'élégance… S'il devait exister une créature parfaite que la nature ait créé, je pense que ce serait le dragon.
Pensive par les propos que je venais de tenir, je hochais lentement la tête en souriant, amusée, avant de reprendre.
- Mais bien sûr, je ne suis pas impartiale.
Petite note d'humour pour essayer d'alléger les esprits et oublier les tourments, même si j'en étais incapable. Toujours sur le qui-vive et prête à me défendre. Toutefois, la sorcière semblait avoir mis de côté toutes ses envies prédatrices, pour le moment. Je pouvais profiter de ce sursis pour reprendre convenablement mes esprits alors que nos pas nous ramènent lentement en direction de l'université. Est-ce que j'avais vraiment envie de la quitter ? Oui, pour me sentir à nouveau à l'aise. Mais j'avais besoin de réponse. Si mon corps et mon esprit me parlaient, je me devais de les écouter.
Deux fois… elle n'était venue que deux fois, et ainsi me prouvait encore une fois qu'il n'y avait aucun lien entre elle et ce qui m'était arrivé. Mais la curiosité me poussait davantage. Était-ce réellement que de la curiosité d'ailleurs ? L'air de rien, reposant mes mains dans mes poches, je me raclais la gorge pour me donner le courage de continuer mes recherches.
- Et bien comme dit, je ferai en sorte d'être présente. Dans ce cas, vous n'êtes venue dans la région que deux fois ? Uniquement pour vos conférences ? Vous n'avez jamais pris le temps de visiter ? Il y a plein de choses à visiter, je vous l'assure.
Même en grandissant, ces images ne s'étaient pas taries, il s'était passé quelque chose ce jour-là, ou cette nuit-là. Bien souvent je surprenais en disant que je souhaitais devenir dragonolosite, moi, sous mes airs de jeune adolescente, du haut de mon mètre cinquante-cinq. Mais c'était d'autant plus fort ce soir, maintenant que j'avouais depuis combien de temps.
Osant lentement relever les yeux sur la jeune femme qui me faisait face, je plissais lentement les paupières. Je n'étais pas dupe, et j'avais compris sa démarche. Celle de me parler des dragons pour me calmer, pour que je reprenne confiance en moi. Pourtant cela n'endormait pas la méfiance que je ressentais envers elle, mon instinct refusant d'oublier ce qui était arrivé un peu plus tôt, sa manière de se pencher vers moi, d'être prédatrice.
Alors même lorsque la conversation continuait à tourner autour de ce sujet, je restais en éveil uniquement pour m'assurer de ma propre sécurité. M'assurer que je n'allais pas mourir. Pas une seconde fois. Je fronçais légèrement les sourcils, signe que je réfléchissais, m'assurant de ne pas vouloir donner de fausses informations. J'avais beau connaître mon sujet sur le bout des doigts, je n'avais pas encore terminé mes études, je ne connaissais pas encore tout, malgré mes connaissances déjà élevées pour une élève de mon niveau.
- Puisque le ministère ukrainien surveille de près cette race, normalement pas… mais vous savez, les contes et les légendes ont toujours une part de vérité. Même si on ne peut pas se fier totalement aux histoires moldues, si elles existent, ce n'est pas pour rien.
Malgré la vigilance des professionnels en charge de la surveillance des dragons, il arrivait qu'il puisse y avoir des problèmes et qu'il y ait des interactions avec les humains et avec les moldus. Avec un petit sourire amusé, je précisais.
- C'est un peu pareil pour ici avec le Loch Ness et Nessie si vous voulez.
Puis sa demande concernant Durmstrang m'arracha un nouveau froncement de sourcils, signe d'une nouvelle réflexion intense et interne. Au moins, je notais ce détail la concernant, elle avait étudié à Durmstrang. Mais au-delà de ça, il était vrai que la comparaison avec le feu pouvait porter à confusion. Les simples d'esprit ou les néophytes s'en contentait. Pas moi.
- Je dirai que se baser sur le feu est effectivement insuffisant. J'irai même jusqu'à prétendre que c'est une très grande preuve de méconnaissance du sujet.
Je me relevais alors tout en époussetant les flocons qui m'étaient arrivés dessus, espérant ainsi me sécher un peu.
- À mon sens, qui ne regarde que moi bien sûr, les dragons sont le symbole vivant de l'union parfaite entre la nature et ses éléments. Le feu, l'eau pour certain, l'air puisqu'ils volent, la terre pour d'autres races, mais aussi la puissance, la crainte et l'élégance… S'il devait exister une créature parfaite que la nature ait créé, je pense que ce serait le dragon.
Pensive par les propos que je venais de tenir, je hochais lentement la tête en souriant, amusée, avant de reprendre.
- Mais bien sûr, je ne suis pas impartiale.
Petite note d'humour pour essayer d'alléger les esprits et oublier les tourments, même si j'en étais incapable. Toujours sur le qui-vive et prête à me défendre. Toutefois, la sorcière semblait avoir mis de côté toutes ses envies prédatrices, pour le moment. Je pouvais profiter de ce sursis pour reprendre convenablement mes esprits alors que nos pas nous ramènent lentement en direction de l'université. Est-ce que j'avais vraiment envie de la quitter ? Oui, pour me sentir à nouveau à l'aise. Mais j'avais besoin de réponse. Si mon corps et mon esprit me parlaient, je me devais de les écouter.
Deux fois… elle n'était venue que deux fois, et ainsi me prouvait encore une fois qu'il n'y avait aucun lien entre elle et ce qui m'était arrivé. Mais la curiosité me poussait davantage. Était-ce réellement que de la curiosité d'ailleurs ? L'air de rien, reposant mes mains dans mes poches, je me raclais la gorge pour me donner le courage de continuer mes recherches.
- Et bien comme dit, je ferai en sorte d'être présente. Dans ce cas, vous n'êtes venue dans la région que deux fois ? Uniquement pour vos conférences ? Vous n'avez jamais pris le temps de visiter ? Il y a plein de choses à visiter, je vous l'assure.
- InvitéInvité
Re: Au commencement [Lubia]
Mar 29 Jan 2019 - 1:20
Les histoires existent pour une raison. « C'est un peu pareil pour ici avec le Loch Ness et Nessie si vous voulez ». Ton sourire fait écho à celui qui étire désormais les lèvres d'Abigail. Si tu es convaincue qu'elle n'est pas encore détendue, la jeune femme semble avoir implicitement accepté la branche d'olivier offerte - rien ne l'aurait empêchée de t'envoyer bouler. Quelle étrange demoiselle. Si tu lui faisais si peur, plus tôt, pourquoi n'est-elle pas partie? Pourquoi est-elle restée? La même question te fait encore écho. Qui es-tu? Si Abigail est restée, c'est qu'elle doit avoir un intérêt certain. Lequel? Clairement, elle n'est pas fascinée par les relations internationales - elle t'a dit qu'elle n'y connaissait rien. Malgré ta branche d'olivier, tu dois être l'interlocutrice la plus ennuyeuse qu'elle ait rencontrée pour parler de dragons, toi qui n'y connais presque rien. Si ça se trouve, peut-être qu'elle me trouve pas mal, te dis-tu soudain, lui glissant un regard en biais. Mais non, t'as déjà vu un agneau en pincer pour un loup? Franchement, Lubia. « Je comprends la nuance », lâches-tu simplement, te disant qu'il faudrait bien que tu montes à bord de l'Insubmersible III partir à la recherche de la créature de légende. Si ça se trouve, peut-être que vous vous entendriez bien. Tu souris à l'idée, avant de lui passer une remarque au sujet des éléments les plus pertinents à prendre en considération lorsqu'il s'agit d'étudier les dragons.
Se relevant, Abigail te confirme ton impression ignorante - tu ne connais pas grand chose au dragons, mais si tu as une aptitude, c'est ne pas trop te fier aux apparences. « À mon sens, qui ne regarde que moi bien sûr, les dragons sont le symbole vivant de l'union parfaite entre la nature et ses éléments. Le feu, l'eau pour certain, l'air puisqu'ils volent, la terre pour d'autres races, mais aussi la puissance, la crainte et l'élégance… S'il devait exister une créature parfaite que la nature ait créé, je pense que ce serait le dragon. Mais bien sûr, je ne suis pas impartiale ». Tu ris légèrement, appuyant son propos. « Je n'aurais pas osé le faire remarquer, mais puisque vous le dites vous-même ... » Est-il possible d'aimer une espèce autant qu'Abigail semble apprécier les dragons? Tes sourcils se froncent. « Attendez ... non vous allez vraiment me trouver inculte, je suis désolée. Vous avez dit l'eau? » La surprise teinte ton visage. Décidément, tu gagnerais probablement à en apprendre davantage au sujet de ces puissants reptiles - curieuse, tu l'es, mais tes intérêts ont toujours été portés ailleurs. Toutefois, tu as une telle aisance avec l'eau que l'idée d'un dragon marin te plaît énormément, et tu notes la possibilité d'un voyage à bord de ton fidèle voilier pour en trouver un. « Si seulement ils savaient ça, à Ljubljana ... » souffles-tu.
Tu lui mentionnes qu'il s'agit de la seconde conférence que tu donneras, et que tu reviendras deux fois de plus au cours de l'année, en temps normal. Abigail semble se composer un air, se râclant la gorge et plaçant ses mains dans ses poches. Tu n'as pas oublié son air de méfiance, et la baguette qu'elle tenait probablement enserrée entre ses petites mains, plus tôt, aussi lui glisses-tu un regard de biais alors que vous continuez d'avancer et qu'elle te pose plusieurs questions d'affilée. « Dans ce cas, vous n'êtes venue dans la région que deux fois ? » Tu la corriges rapidement, avant qu'elle place sa seconde question. « Je suis seulement venue à Hungcalf deux fois. Je ne parlais pas de la région », précises-tu alors qu'elle enchaîne. « Uniquement pour vos conférences ? » Quelle curiosité soudaine pour les endroits que tu as fréquentés. Tu lui glisses un regard en coin. Que cherche-t-elle à savoir? « J'ai de la famille dans la région, également », réponds-tu simplement. Les Blackwood, dont certains sont si rétifs à ton égard. Sauf Caleb. Caleb, tes racines et ton attache - la raison pour laquelle tu t'es installée à Inverness et tu as accepté de donner des conférences, puisqu'il travaille lui aussi à Hungcalf. Ton cousin que tu apprivoises avec la douceur d'une tornade remplie de rires. La voilà qui enchaîne. Tellement curieuse, cette Abigail. « Vous n'avez jamais pris le temps de visiter ? Il y a plein de choses à visiter, je vous l'assure ». Tu tournes légèrement la tête vers elle, l'observant de tes yeux bleus, enfournant toi-même tes mains dans tes poches pour le simple plaisir de bouger - entre ton habitude des froids de Durmstrang et ton sang de lycane, l'hiver écossais te semble risible. « Si vous vous remettez de moi qui vous embête aujourd'hui, peut-être me ferez-vous visiter, un jour? » Tu n'es qu'à moitié sérieuse, tu veux surtout voir sa réaction, mais tu t'avoues que l'offre est alléchante - la jeune femme est jolie. Si seulement elle pouvait arrêter de te fixer comme si tu allais la dévorer ... « Vous, êtes-vous originaire de la région? »
- InvitéInvité
Re: Au commencement [Lubia]
Mar 29 Jan 2019 - 20:53
Accordant un sourire gêné à la jeune femme, je m’aventurais à la regarder du coin de l’œil. De ce que ses habits me permettaient de voir de sa peau, ainsi que son comportement, je reconnaissais beaucoup Sterenn en elle. Ça aurait dû pourtant me rassurer, mais ce n’était pas le cas hélas. Pourtant, ses traits n’étaient pas désagréables à regarder, je devais le reconnaître, même si d’ordinaire je ne m’arrêtais pas à ces détails futiles. Par ailleurs, pourquoi avec elle je m’y attardais ? Peut-être parce que j’étais bien trop attentive aux petits détails. Sans doute était-ce ça oui. La femme de ma vie, elle était déjà présente à mon cœur, même si elle m’obsédait bien moins depuis mes récents échanges écrits avec elle, comme si j’avais pu écrire la fin d’un chapitre pour en commencer un nouveau. Ce n’était pas une mauvaise chose, aussi triste puisse-t-elle paraître, car je voulais pleinement me consacrer à mon compagnon.
Son rire était pourtant léger et plaisant à entendre, et j’appréciais voir le sourire sur son visage alors qu’elle me targuait d’une remarque qui m’amusait, même si je mesurais mes propres réactions. Néanmoins, à ses demandes, je reprenais une profonde réflexion, encore une fois pour éviter de raconter trop d’idioties. Relevant le regard sur le ciel étoilé, je me raclais un peu la gorge, signe que je réfléchissais.
- Et bien, dans les pays asiatiques, les dragons sont souvent reliés à l’élément de l’eau. Ils croient souvent, et à juste titre la plupart du temps, qu’ils sont les âmes de certaines rivières. Évidemment la vérité est légèrement différente, mais ce n’est pas tout à fait si faux. Je restais muette une fraction de seconde avant de reprendre, toujours en réfléchissant. Aussi, des races préfèrent vivre dans des endroits humides comme des marécages ou des grottes dans les falaises frappées par les vagues. Je vous avoue que pour des races plus aquatiques, il me faudrait faire des recherches, surtout en Ukraine.
J’ignorais totalement s’il existait d’autres races dans ce pays que le Pansedefer ou le Wawel qui pouvait passer la frontière. Il me fallait donc investiguer si ça pouvait intéresser mon interlocutrice. Pourtant, je haussais les sourcils, intriguée par son accent.
- Ljquoi ?
Mot parfaitement imprononçable. J’étais capable de parler en roumain avec mes quelques rudiments, mais j’étais forcée de constater que l’ukrainien était d’autant plus étrange. J’aimais l’apprentissage des langues, ça m’ouvrait de nouvelles perspectives de vie et de voyage. Toutefois, je n’avais pour le moment pas le désire d’apprendre la langue natal de mon interlocutrice. J’avais trop peur d’elle.
Cette crainte, c’était ce qui expliquait pourquoi j’essayais de me renseigner sur elle. Connais ton ennemi. Je voulais connaître les dragons parce qu’ils me fascinaient, mais aussi parce que j’en étais mieux protégée, à pouvoir prévoir leurs réactions, je me mettais en sécurité.
Sans vouloir paraître indiscrète, je me contentais donc de hocher simplement la tête alors qu’elle me signifiait avoir de la famille dans la région. Étrange, mais pourquoi pas. Je ne voyais pas très bien le lien entre l’Écosse et l’Ukraine mais je n’avais pas à me poser de question, ça ne me regardait absolument pas, et moi-même n’aimait guère m’épancher sur ma famille, car j’étais très protectrice, surtout avec ma petite sœur.
Alors, à sa dernière remarque, qui était à moitié une invitation, je ne pouvais m’empêcher de baisser sensiblement le menton en laissant échapper un petit sourire amusé. Forcément, ce dénouement était à prévoir, et je m’y étais attendue. Pleine de politesse, je jetais un regard en biais à la jeune femme.
- Vous ne m’embêtez pas, je vous assure. Je laissais planer un moment de silence, puis, encore une fois, j’optais pour la sincérité. J’ai du mal à me remettre d’un événement, ce n’est pas votre faute.
Secouant un peu les épaules en un tic nerveux, j’observais les lumières de l’université s’agrandir au fur et à mesure que nous approchions.
- Oui, je suis née à Glasgow, j’ai toujours vécu ici, même si je voyage beaucoup. À nouveau, je la regardais du coin de l’œil avant de rajouter. Ce serait un plaisir de vous faire visiter si vous en avez envie.
Son rire était pourtant léger et plaisant à entendre, et j’appréciais voir le sourire sur son visage alors qu’elle me targuait d’une remarque qui m’amusait, même si je mesurais mes propres réactions. Néanmoins, à ses demandes, je reprenais une profonde réflexion, encore une fois pour éviter de raconter trop d’idioties. Relevant le regard sur le ciel étoilé, je me raclais un peu la gorge, signe que je réfléchissais.
- Et bien, dans les pays asiatiques, les dragons sont souvent reliés à l’élément de l’eau. Ils croient souvent, et à juste titre la plupart du temps, qu’ils sont les âmes de certaines rivières. Évidemment la vérité est légèrement différente, mais ce n’est pas tout à fait si faux. Je restais muette une fraction de seconde avant de reprendre, toujours en réfléchissant. Aussi, des races préfèrent vivre dans des endroits humides comme des marécages ou des grottes dans les falaises frappées par les vagues. Je vous avoue que pour des races plus aquatiques, il me faudrait faire des recherches, surtout en Ukraine.
J’ignorais totalement s’il existait d’autres races dans ce pays que le Pansedefer ou le Wawel qui pouvait passer la frontière. Il me fallait donc investiguer si ça pouvait intéresser mon interlocutrice. Pourtant, je haussais les sourcils, intriguée par son accent.
- Ljquoi ?
Mot parfaitement imprononçable. J’étais capable de parler en roumain avec mes quelques rudiments, mais j’étais forcée de constater que l’ukrainien était d’autant plus étrange. J’aimais l’apprentissage des langues, ça m’ouvrait de nouvelles perspectives de vie et de voyage. Toutefois, je n’avais pour le moment pas le désire d’apprendre la langue natal de mon interlocutrice. J’avais trop peur d’elle.
Cette crainte, c’était ce qui expliquait pourquoi j’essayais de me renseigner sur elle. Connais ton ennemi. Je voulais connaître les dragons parce qu’ils me fascinaient, mais aussi parce que j’en étais mieux protégée, à pouvoir prévoir leurs réactions, je me mettais en sécurité.
Sans vouloir paraître indiscrète, je me contentais donc de hocher simplement la tête alors qu’elle me signifiait avoir de la famille dans la région. Étrange, mais pourquoi pas. Je ne voyais pas très bien le lien entre l’Écosse et l’Ukraine mais je n’avais pas à me poser de question, ça ne me regardait absolument pas, et moi-même n’aimait guère m’épancher sur ma famille, car j’étais très protectrice, surtout avec ma petite sœur.
Alors, à sa dernière remarque, qui était à moitié une invitation, je ne pouvais m’empêcher de baisser sensiblement le menton en laissant échapper un petit sourire amusé. Forcément, ce dénouement était à prévoir, et je m’y étais attendue. Pleine de politesse, je jetais un regard en biais à la jeune femme.
- Vous ne m’embêtez pas, je vous assure. Je laissais planer un moment de silence, puis, encore une fois, j’optais pour la sincérité. J’ai du mal à me remettre d’un événement, ce n’est pas votre faute.
Secouant un peu les épaules en un tic nerveux, j’observais les lumières de l’université s’agrandir au fur et à mesure que nous approchions.
- Oui, je suis née à Glasgow, j’ai toujours vécu ici, même si je voyage beaucoup. À nouveau, je la regardais du coin de l’œil avant de rajouter. Ce serait un plaisir de vous faire visiter si vous en avez envie.
- InvitéInvité
Re: Au commencement [Lubia]
Sam 2 Fév 2019 - 13:31
T'exposant ses connaissances au sujet des dragons liés à l'eau en Asie, Abigail réfléchit et disserte à la fois. Tu apprécies sa conclusion - dans le doute, faire des recherches sur le terrain. Tu y crois dur comme fer, toi aussi, et tu hoches la tête, notant mentalement que tu devrais toi-même te renseigner à ce sujet, la prochaine fois que tu reviendras chez toi. Chez moi. Il y a plusieurs mois que tu n'as pas associé l'Ukraine avec une idée de maison, depuis le traumatisme de la Bulgarie. L'Écosse n'est pas non plus ton chez toi, bien que tu l'apprécies de plus en plus. Ton seul vrai chez toi, c'est ton voilier. La jeune femme accroche pourtant sur un mot. « Ljquoi ? » Un rire léger t'échappe, et tu te reprends immédiatement. « Promis, je ne me moque pas de vous. Ou très peu », admets-tu. « Ljubljana. Capitale de la Slovénie. Ils vouent une admiration assez impressionnante aux dragons, là-bas. Dans la portion moldue de la ville, on les retrouve incrustés partout: dans les statues, les fontaines, les bas-reliefs ... » Tu hoches tranquillement la tête. Tu n'as pas eu l'occasion d'aller en Slovénie autant que d'autres pays de l'espace post-soviétique, mais tu en gardes d'excellents souvenirs.
Nez plongé vers le sol, petit sourire aux lèvres, elle te regarde, la petite sorcière. « Vous ne m’embêtez pas, je vous assure. J’ai du mal à me remettre d’un événement, ce n’est pas votre faute ». Tu hausses les épaules d'un air nonchalant. Ça ne te concerne pas, ce qui tracasse la jeune femme. Tu y as assez ajouté toi-même par ton attitude prédatrice de tout à l'heure pour souhaiter qu'elle s'étende sur le sujet. Des gens qui souffrent, tu en rencontres beaucoup - s'il fallait s'épancher sur les bobos émotionnels de pierre-jean-jacques, tu n'aurais jamais le temps de faire ton travail. Pragmatique, tu l'es, mais pas insensible, toutefois. « Je suis désolée de l'apprendre. Je vous souhaite un bon rétablissement », fais-tu simplement, sincérité dans la voix. Pourquoi en serait-il autrement? La jeune femme est sympathique et ne mérite clairement pas de se faire harceler par les tourments que la vie peut offrir. Tu ne lui souhaites aucun mal, au contraire. Tu la questionnes plutôt au sujet de ses propres origines. « Oui, je suis née à Glasgow, j’ai toujours vécu ici, même si je voyage beaucoup. Ce serait un plaisir de vous faire visiter si vous en avez envie. » Tu hoches la tête, petite moue agréable au visage. Tu sais que tu as un peu forcé l'invitation, mais tant pis, tu la prends. « Tout le plaisir serait pour moi », lui assures-tu. « Ne serait-ce que pour traduire ... entre mon accent qui roule les r et l'accent des highlands qui roule aussi les r ... mais d'une façon totalement différente, il m'arrive souvent de commander accidentellement deux fois la même chose dans un commerce », admets-tu, sourire d'auto-dérision aux lèvres. « Et si vous venez faire des recherches sur les dragons ukrainiens, je vous rendrai la pareille », lui offres-tu d'un air affable. Tu ne connais rien aux dragons, mais l'hospitalité ukrainienne, ça, tu maitrises. Tu jettes un regard à l'université, dont vous vous rapprochez à vue d’œil. « Vous étudiez ici depuis longtemps? » Tu tentes de jauger son âge - clairement, elle a l'air plus jeune qu'elle l'est réellement, mais jusqu'à quel point?
- InvitéInvité
Re: Au commencement [Lubia]
Dim 3 Fév 2019 - 20:38
Le rire de mon interlocutrice ne m'étonnait pas et étira mes lèvres car c'était une réaction à laquelle je m'attendais. Même si j'avais des rudiments de la langue roumaine de par mon gardien, je n'y voyais que très peu de consonance avec l'ukrainien, mais au fond, je n'étais pas une grande linguiste. Les deux pays n'étaient guère éloignés, géographiquement parlant, mais après tout la France était proche de l'Allemagne et les deux manières de parler étaient drastiquement différentes. Mon amusement affiché, bien que discret et timide, montrait qu'elle n'avait pas besoin de s'excuser et que je ne prenais pas mal son rire. Je préférais ça que l'inverse en réalité.
À ses explications, mon regard se plissait légèrement. Évidemment, j'étais très intéressée par le lieu, je n'en avais jamais entendu parler. Preuve qu'il me manquait encore beaucoup de connaissance en la matière et que je n'avais donc pas encore atteint le but que je m'étais fixée. S'il m'était seulement capable de l'atteindre un jour cela dit. Que ce soit les moldus ou les sorciers qui étaient tant admirateurs envers les dragons ne faisaient pour moi aucune différence, surtout de par la nature de mon sang. Au fur et à mesure des années, j'avais appris que les histoires moldus se baisaient souvent sur des histoires réelles, même si le tout était déformé par la vision non sorcière. Le calcul était donc rapidement fait à mon esprit. Me rendre là-bas me permettrait d'apprendre davantage sur ma passion, et la question qui traversa mes lèvres fut donc totalement incontrôlée.
- Intéressant, je voudrais bien m'y rendre un jour dans ce cas.
Le rapide souvenir d'une question similaire que j'avais posée à Adoración vint me frapper et je ne pus m'empêcher de faire un paradoxe étrange entre les deux femmes. Mes sourcils se froncèrent, trahissant mes troubles silencieux tandis que je me forçais à regarder droit devant moi et à ne pas reluquer ne nouvelle fois l'étrangère à mes côtés. Ces histoires, ce n'était plus pour moi de toute façon.
Quoiqu'il en soit, j'aimais voyager, les contrées inconnues ne me faisaient plus peur depuis le temps, consonance étrange à cause de ma timidité. Pourtant, l'amour et la passion que je vouais aux dragons avaient toujours été plus forts que tout le reste.
Mais je n'étais pas aveugle pour autant et il me semblait bien avoir lésé mon interlocutrice de par mes réactions de proie. Il était donc logique que j'en vienne à m'excuser, même si partager la véritable raison était futile. Sans doute que je ne reverrai jamais cette personne, en dehors de la conférence qu'elle allait donner et à laquelle j'avais promis de participer, ou tout du moins, d'assister. Je tenais toujours parole.
Un simple haussement de mes épaules vint les agiter alors que j'écoutais la compassion de la sorcière. C'était gentil de sa part, et sans doute plus poli que sincère, après tout, nous nous connaissions à peine. Pourtant le tout petit sourire ironique qui barrait mes lèvres trahissait la situation délicate dans laquelle je me trouvais. "Un bon rétablissement" alors que mon corps était maculé de griffures et morsures maudites ? Que, comme si la maladie avec laquelle j'étais venue au monde ne suffisait pas, j'étais à présent parcourue de maux de tête réguliers et foudroyants ? "Un bon rétablissement", oui… s'il arriverait un jour.
Ce fut à mon tour de laisser échapper un petit rire lorsqu'elle me confiait ses difficultés de la langue. Mon esprit trop éveillé par tout ce qui était arrivé jusque-là durant notre échange fleurissait dans l'ombre, et je le sentais s'agiter en moi. Ce n'était pas de la peur, loin de là, mais davantage de la curiosité, de l'envie, des pulsions toutes plus positives les unes que les autres. Pour aller de l'avant, toujours de l'avant. Je m'arrêtais alors de marcher, sortant mes mains de leurs poches pour enfoncer un peu plus ma tête dans mon bonnet, le remettant ainsi en place. Sans crainte, comme si elle s'était envolée en ces quelques minutes où Lubia s'était comportée normalement avec moi, je souriais avec gentillesse.
- Soit, je vous aiderai et vous apprendrai, et en échange vous m'emmènerez à Ljtrucmachin, et pourquoi pas m'apprendre votre langue ?
D'un air entendu je reprenais mon chemin tout en remettant mes doigts au chaud. Retrouvant ma malice, je regardais la jeune femme à mes côtés avec une légère lueur de défi. Je recommençais à jouer, même si je ne savais pas trop si c'était une bonne idée dans mon état. Mais si mon apparence enfantine m'avait complexée à l'époque, aujourd'hui je savais que ça pouvait être un atout. J'aimais être différente, sans avoir besoin d'une collection de tatouage ou autre fioriture.
- Essayez de deviner.
À ses explications, mon regard se plissait légèrement. Évidemment, j'étais très intéressée par le lieu, je n'en avais jamais entendu parler. Preuve qu'il me manquait encore beaucoup de connaissance en la matière et que je n'avais donc pas encore atteint le but que je m'étais fixée. S'il m'était seulement capable de l'atteindre un jour cela dit. Que ce soit les moldus ou les sorciers qui étaient tant admirateurs envers les dragons ne faisaient pour moi aucune différence, surtout de par la nature de mon sang. Au fur et à mesure des années, j'avais appris que les histoires moldus se baisaient souvent sur des histoires réelles, même si le tout était déformé par la vision non sorcière. Le calcul était donc rapidement fait à mon esprit. Me rendre là-bas me permettrait d'apprendre davantage sur ma passion, et la question qui traversa mes lèvres fut donc totalement incontrôlée.
- Intéressant, je voudrais bien m'y rendre un jour dans ce cas.
Le rapide souvenir d'une question similaire que j'avais posée à Adoración vint me frapper et je ne pus m'empêcher de faire un paradoxe étrange entre les deux femmes. Mes sourcils se froncèrent, trahissant mes troubles silencieux tandis que je me forçais à regarder droit devant moi et à ne pas reluquer ne nouvelle fois l'étrangère à mes côtés. Ces histoires, ce n'était plus pour moi de toute façon.
Quoiqu'il en soit, j'aimais voyager, les contrées inconnues ne me faisaient plus peur depuis le temps, consonance étrange à cause de ma timidité. Pourtant, l'amour et la passion que je vouais aux dragons avaient toujours été plus forts que tout le reste.
Mais je n'étais pas aveugle pour autant et il me semblait bien avoir lésé mon interlocutrice de par mes réactions de proie. Il était donc logique que j'en vienne à m'excuser, même si partager la véritable raison était futile. Sans doute que je ne reverrai jamais cette personne, en dehors de la conférence qu'elle allait donner et à laquelle j'avais promis de participer, ou tout du moins, d'assister. Je tenais toujours parole.
Un simple haussement de mes épaules vint les agiter alors que j'écoutais la compassion de la sorcière. C'était gentil de sa part, et sans doute plus poli que sincère, après tout, nous nous connaissions à peine. Pourtant le tout petit sourire ironique qui barrait mes lèvres trahissait la situation délicate dans laquelle je me trouvais. "Un bon rétablissement" alors que mon corps était maculé de griffures et morsures maudites ? Que, comme si la maladie avec laquelle j'étais venue au monde ne suffisait pas, j'étais à présent parcourue de maux de tête réguliers et foudroyants ? "Un bon rétablissement", oui… s'il arriverait un jour.
Ce fut à mon tour de laisser échapper un petit rire lorsqu'elle me confiait ses difficultés de la langue. Mon esprit trop éveillé par tout ce qui était arrivé jusque-là durant notre échange fleurissait dans l'ombre, et je le sentais s'agiter en moi. Ce n'était pas de la peur, loin de là, mais davantage de la curiosité, de l'envie, des pulsions toutes plus positives les unes que les autres. Pour aller de l'avant, toujours de l'avant. Je m'arrêtais alors de marcher, sortant mes mains de leurs poches pour enfoncer un peu plus ma tête dans mon bonnet, le remettant ainsi en place. Sans crainte, comme si elle s'était envolée en ces quelques minutes où Lubia s'était comportée normalement avec moi, je souriais avec gentillesse.
- Soit, je vous aiderai et vous apprendrai, et en échange vous m'emmènerez à Ljtrucmachin, et pourquoi pas m'apprendre votre langue ?
D'un air entendu je reprenais mon chemin tout en remettant mes doigts au chaud. Retrouvant ma malice, je regardais la jeune femme à mes côtés avec une légère lueur de défi. Je recommençais à jouer, même si je ne savais pas trop si c'était une bonne idée dans mon état. Mais si mon apparence enfantine m'avait complexée à l'époque, aujourd'hui je savais que ça pouvait être un atout. J'aimais être différente, sans avoir besoin d'une collection de tatouage ou autre fioriture.
- Essayez de deviner.
- InvitéInvité
Re: Au commencement [Lubia]
Lun 4 Fév 2019 - 15:03
« Intéressant, je voudrais bien m'y rendre un jour dans ce cas ». Tu plisses les yeux, la regardant, et un sourire étire tes lèvres. « Vous me surprenez agréablement, Abigail », lui avoues-tu avec un sourire, avant de poursuivre le filon de conversation vers vos échanges de services sous forme de guide de voyage - tu mentionnes tes déboires avec l'accent écossais à Abigail, qui rit légèrement. Premier vrai rire de sa part, tu en as l'impression, et tu te dis que tu aimerais bien entendre ce son à nouveau, satisfaite d'en être la cause. « Soit, je vous aiderai et vous apprendrai, et en échange vous m'emmènerez à Ljtrucmachin, et pourquoi pas m'apprendre votre langue ? » À ton tour de rire, bien que tu soulèves l'étrangeté de la scène. Quelques minutes auparavant, tu lui tournais autour comme si tu avais l'intention d'en faire ton quatre heures, et à présent, tu l'invites à l'aventure. Peut-être plaisante-t-elle, mais tu es diablement sérieuse: tu voyages si souvent de ton côté qu'un croche à Ljubljana ne représente pas grand chose dans ton horaire. Tu hoches la tête avec le même sérieux que tu arbores lorsque tu scelles une entente avec un chef d'État. « Entendu. Je vous enverrai une note si j'ai à m'y rendre prochainement ... Tant que vous ne dites pas Ljtrucmachin quand nous y serons », la préviens-tu avec un petit sourire en coin. Tu tentes de poursuivre la conversation: le château n'est plus très loin, mais tu préfèrerais que vous y parveniez en discutant plutôt que dans un silence inconfortable, aussi choisis-tu le sujet le plus facile : si elle étudie ici depuis longtemps.
« Essayez de deviner », te dit-elle avec un petit air de défi. Tes sens aiguisés reviennent au galop, si rapidement que tu dois te retenir. Aucune trace sur ton visage, et, à moins que la petite sorcière ne soit parfaitement au diapason avec toi, elle ne l'aura pas senti. Pourquoi le serait-elle, après tout? Vous venez de vous rencontrer. Sans cesser d'avancer, tu observes ses traits d'un oeil neutre, absorbant les informations et les traduisant. « Votre visage me dit que vous êtes au plus en troisième année », dis-tu en comptant ostensiblement sur tes doigts. N'ayant pas fait d'études universitaires toi-même, tu dois compter pour faire correspondre 20 ans à une année universitaire. Tu ne crains pas de l'insulter en lui faisant remarquer que ses traits sont très jeunes - un simple regard dans le miroir peut lui indiquer, et elle ne semble pas être le genre de femme à s'en formaliser, bien que cet extérieur poupin doive être à la fois une bénédiction et une malédiction. Tu laisses planer un léger silence, comme s'il s'agissait de ta vraie réponse et qu'elle t'a bernée. Tes lèvres s'étirent un peu plus, sourire ironique et appréciateur. « Votre langue me dit que vous êtes au moins en ... » Tu comptes à nouveau sur tes doigts. Tu penches la tête, à nouveau comme un prédateur tentant de jauger sa proie. « Attendez, vous avez cette histoire du "onze ans au premier septembre", dans le système britannique. Donc je dirais ... Huitième, neuvième année, oui? » Peut-être septième, mais tu en doutes. « Vous devez être habituée de vous le faire demander, il y a une différence si visible entre vos traits et votre expression », lui fais-tu remarquer comme si elle ne le savait pas déjà elle-même. Tu t'en balances largement - l'essentiel, c'est que tu ne lui mettes pas une deuxième frousse et qu'elle ne se retrouve pas à nouveau le cul dans la neige. Tu repousses une mèche de jais vers l'arrière, avant de reprendre un ancien filon de conversation. « Tout à l'heure, vous avez mentionné que beaucoup de disciplines souffrent d'un manque de volet pratique, ou à tout le moins d'expérience sur le terrain », rappelles-tu à la jeune femme alors que vous avancez vers le bâtiment universitaire, dont tu détailles les fenêtres illuminées. « Avez-vous préféré le chemin de l'université pour avoir une approche généraliste vis-à-vis des dragons? »
- InvitéInvité
Re: Au commencement [Lubia]
Lun 11 Fév 2019 - 12:30
Ses paroles, bien que flatteuses, me surprenaient en réalité. En quoi pouvais-je surprendre cette femme aussi prédatrice que douce ? J'avais du mal à saisir, et en cela, je le lui montrais par en haussant le sourcil de mon œil gauche tout en la fixant légèrement de biais.
- Pourquoi est-ce que je vous surprends ?
Je n'avais rien fais d'autre qu'être moi-même au fond, avec mes hauts et mes bas. En l'occurrence, surtout mes bas puisque j'avais eu une crise de panique. Il était étrange que j'en aie eu une à ce moment tout en sachant qu'elles étaient rares. Sans doute que la fatigue, le froid, la maladie et la trop grande proximité de la forêt y étaient pour quelque chose. Je ne m'étais plus approché de cet endroit depuis l'accident, ou pas seule, comme lors des fêtes de fin d'année en compagnie de Matteo au marché.
Mais à présent l'atmosphère était bien plus légère, sans que je puisse vraiment comprendre le cheminement qui s'était opéré entre nous. Avant nous jouions toutes les deux comme deux fauves prêts à se sauter dessus, et voilà à présent que nous étions en train de rire ensemble et de parler d'échanges, de voyages. Y avait-il une logique là-dedans ? Y avait-il seulement une logique dans les relations humaines ? Plus j'en avais autour de moi, ce qui était passablement nouveau, plus je restais persuadée que non. Voilà pourquoi, sans chercher davantage des raisons qui n'existaient sans doute pas, j'étirais à nouveau mes lèvres à sa remarque.
- Pourquoi donc ? Cela risque de vexer les habitants ? Balayant du regard l'université qui grandissait à mesure que nous avancions, je haussais les épaules en hasardant. Il suffit de m'apprendre à le prononcer, ou m'apprendre la langue.
J'aimais apprendre, sans pour autant m'en vanter ou utiliser ce que je connaissais tous les jours. M'ouvrir à l'inconnu était pour moi une manière de m'ouvrir au monde, aux cultures que je ne connaissais pas, et ça, je le devais à l'extraordinaire éducation que m'avaient donné mes parents et grâce à mes origines de sang-mêlé.
Ma grande ouverture d'esprit n'échappait sans doute pas à mon interlocutrice, ni ma rapidité d'analyse et mon air taquin. Je nous soumettais à nouveau à un test de devinettes, et c'est en la regardant sans cacher mon amusement que je l'écoutais essayer de deviner mon âge. Exercice difficile pour les simples d'esprit, mais Lubia, elle, n'en était pas une. Alors c'était avec un plaisir difficilement dissimulé que je l'observais réfléchir, comme si je pouvais deviner les rouages de son esprit tourner à vive allure sous sa réflexion. À sa conclusion, j'élargissais mon sourire en opinant du chef.
- Neuf ans oui… et je vous avoue que le temps commence à paraître long. J'aime étudier, mais dix ans pfouh… j'ai hâte de me consacrer pleinement à la dragonologie plutôt qu'aux bancs de l'université.
Rien que de songer à cette perspective d'avenir qui me tendait les bras maintenant que j'étais si proche du but, j'en avais mal au cul. Oui car j'étais fatiguée d'être assise toute la journée à étudier dans des livres. Même si cette activité n'allait jamais vraiment s'arrêter une fois mon diplôme en poche, je me réjouissais surtout de pratiquer avant toute chose.
Qui plus est, je ne relevais même pas sa remarque quant au fait qu'on me le demandait souvent, autrement que par un haussement d'épaule. Effectivement c'était quelque chose que je vivais très régulièrement, d'autant plus lorsque j'étais en présence de ma sœur puisqu'elle reflétait davantage son âge que moi. Pourtant, elle était plus jeune, mais en nous tenant côte à côte, la plupart des gens jureraient que c'était elle l'ainée. Bien souvent nous nous étions amusées de cette situation, comment aurions-nous pu passer à côté de ça ?
La question qu'elle me posa pour finir eut le mérite de me faire froncer légèrement les sourcils et de me mordre la lèvre, trahissant la profonde réflexion qui s'en suivit. Ce n'était pas une question à prendre à la légère, et ce n'était pas ce que je faisais. Après avoir fait planer un instant de silence, je répondais avec un peu d'hésitation.
- Oui… entre autre. C'était surtout que seule l'université me permettait d'avoir un diplôme bien défini en dragonologie, pour que je puisse faire valoir mes droits et prétendre à mes compétences une fois sur le terrain. De plus, l'université m'apporte un bagage théorique que je n'aurai pas pu espérer sans elle, et ce, dans toutes mes options. Lui jetant un coup d'œil, je me permettais un rapide sourire. Comme je l'ai dit plus tôt, j'aime apprendre.
La reluquant avec davantage d'attention, je plissais un peu les yeux avant de lancer à mon tour une question de but en blanc. Je me posais la même avec Sterenn, pourtant à elle, je ne lui en avais jamais parlé.
- Qu'est-ce qu'ils signifient ? Vos tatouages.
- Pourquoi est-ce que je vous surprends ?
Je n'avais rien fais d'autre qu'être moi-même au fond, avec mes hauts et mes bas. En l'occurrence, surtout mes bas puisque j'avais eu une crise de panique. Il était étrange que j'en aie eu une à ce moment tout en sachant qu'elles étaient rares. Sans doute que la fatigue, le froid, la maladie et la trop grande proximité de la forêt y étaient pour quelque chose. Je ne m'étais plus approché de cet endroit depuis l'accident, ou pas seule, comme lors des fêtes de fin d'année en compagnie de Matteo au marché.
Mais à présent l'atmosphère était bien plus légère, sans que je puisse vraiment comprendre le cheminement qui s'était opéré entre nous. Avant nous jouions toutes les deux comme deux fauves prêts à se sauter dessus, et voilà à présent que nous étions en train de rire ensemble et de parler d'échanges, de voyages. Y avait-il une logique là-dedans ? Y avait-il seulement une logique dans les relations humaines ? Plus j'en avais autour de moi, ce qui était passablement nouveau, plus je restais persuadée que non. Voilà pourquoi, sans chercher davantage des raisons qui n'existaient sans doute pas, j'étirais à nouveau mes lèvres à sa remarque.
- Pourquoi donc ? Cela risque de vexer les habitants ? Balayant du regard l'université qui grandissait à mesure que nous avancions, je haussais les épaules en hasardant. Il suffit de m'apprendre à le prononcer, ou m'apprendre la langue.
J'aimais apprendre, sans pour autant m'en vanter ou utiliser ce que je connaissais tous les jours. M'ouvrir à l'inconnu était pour moi une manière de m'ouvrir au monde, aux cultures que je ne connaissais pas, et ça, je le devais à l'extraordinaire éducation que m'avaient donné mes parents et grâce à mes origines de sang-mêlé.
Ma grande ouverture d'esprit n'échappait sans doute pas à mon interlocutrice, ni ma rapidité d'analyse et mon air taquin. Je nous soumettais à nouveau à un test de devinettes, et c'est en la regardant sans cacher mon amusement que je l'écoutais essayer de deviner mon âge. Exercice difficile pour les simples d'esprit, mais Lubia, elle, n'en était pas une. Alors c'était avec un plaisir difficilement dissimulé que je l'observais réfléchir, comme si je pouvais deviner les rouages de son esprit tourner à vive allure sous sa réflexion. À sa conclusion, j'élargissais mon sourire en opinant du chef.
- Neuf ans oui… et je vous avoue que le temps commence à paraître long. J'aime étudier, mais dix ans pfouh… j'ai hâte de me consacrer pleinement à la dragonologie plutôt qu'aux bancs de l'université.
Rien que de songer à cette perspective d'avenir qui me tendait les bras maintenant que j'étais si proche du but, j'en avais mal au cul. Oui car j'étais fatiguée d'être assise toute la journée à étudier dans des livres. Même si cette activité n'allait jamais vraiment s'arrêter une fois mon diplôme en poche, je me réjouissais surtout de pratiquer avant toute chose.
Qui plus est, je ne relevais même pas sa remarque quant au fait qu'on me le demandait souvent, autrement que par un haussement d'épaule. Effectivement c'était quelque chose que je vivais très régulièrement, d'autant plus lorsque j'étais en présence de ma sœur puisqu'elle reflétait davantage son âge que moi. Pourtant, elle était plus jeune, mais en nous tenant côte à côte, la plupart des gens jureraient que c'était elle l'ainée. Bien souvent nous nous étions amusées de cette situation, comment aurions-nous pu passer à côté de ça ?
La question qu'elle me posa pour finir eut le mérite de me faire froncer légèrement les sourcils et de me mordre la lèvre, trahissant la profonde réflexion qui s'en suivit. Ce n'était pas une question à prendre à la légère, et ce n'était pas ce que je faisais. Après avoir fait planer un instant de silence, je répondais avec un peu d'hésitation.
- Oui… entre autre. C'était surtout que seule l'université me permettait d'avoir un diplôme bien défini en dragonologie, pour que je puisse faire valoir mes droits et prétendre à mes compétences une fois sur le terrain. De plus, l'université m'apporte un bagage théorique que je n'aurai pas pu espérer sans elle, et ce, dans toutes mes options. Lui jetant un coup d'œil, je me permettais un rapide sourire. Comme je l'ai dit plus tôt, j'aime apprendre.
La reluquant avec davantage d'attention, je plissais un peu les yeux avant de lancer à mon tour une question de but en blanc. Je me posais la même avec Sterenn, pourtant à elle, je ne lui en avais jamais parlé.
- Qu'est-ce qu'ils signifient ? Vos tatouages.
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