LETTRE DE JÉRUSALEM
Haro sur le ministre de la santé. Yaakov Litzman, sans conteste le ministre le plus impopulaire d’Israël, subit un flot de critiques depuis qu’il a été diagnostiqué, jeudi 2 avril, porteur du coronavirus, tout comme son épouse. Cette révélation a entraîné l’isolement, durant plusieurs jours, du chef du gouvernement, Benyamin Nétanyahou, qui s’était trouvé à ses côtés à de multiples reprises, ainsi que du chef d’état-major, Aviv Kokhavi, du patron du Mossad, Yossi Cohen, et de la haute direction du ministère de la santé.
Selon la chaîne 12, M. Litzman, membre de la communauté ultraorthodoxe, avait ignoré les consignes de distanciation sociale de sa propre administration. D’après des témoignages de voisins rapportés par la presse, il aurait continué de se rendre dans une synagogue proche de son domicile, dans le quartier Ezrat Torah de Jérusalem, pour y prier en groupe. Yaakov Litzman a nié ces accusations.
Poste politique
Alors que le pays recense plus de 12 000 personnes contaminées et 123 morts, les appels à la démission n’ont suscité aucune réaction de M. Nétanyahou. Selon diverses fuites concordantes sur l’accord que le premier ministre négocie avec son opposition, en vue de former un gouvernement d’union, M. Litzman paraît voué à conserver son poste.
Sans éducation scientifique, ce ministre tient un poste éminemment politique. Il représente depuis avril 2009 au gouvernement un parti ultraorthodoxe fort de sept sièges à la Knesset, et solidement arrimé à la coalition de droite de M. Nétanyahou. « Il est le soldat le plus loyal que Nétanyahou aura jamais. C’est pour cela qu’il le défendra, (…) même si le renvoyer ou le changer de poste serait une décision immensément populaire », note l’analyste de la chaîne 13 Barak Ravid.
M. Litzman, 71 ans, appartient à la communauté hassidique de Gour. Très proche de sa direction religieuse, il représente son parti, Agoudat Israël, au sein d’un Etat que les ultraorthodoxes tiennent en grande défiance. Il contribue ainsi à maintenir des subventions publiques pour leurs écoles religieuses et les exemptions de service militaire accordées à leurs étudiants.
Corruption et fraude
M. Litzman fait de longue date l’objet du ressentiment d’Israéliens laïques et juifs traditionnels, qui accusent notamment les ultraorthodoxes (représentant environ 12 % de la population) de vivre aux dépens de leurs concitoyens, dans un état de relative autarcie et d’impunité pour leurs dirigeants.
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