Les parts persécutantes – Description

Note : Cet article fait partie d’une série. La bibliographie de cette série est disponible à la fin de son introduction.

Dans la mesure où nos explications se veulent concerner autant les troubles dissociatifs simples que les troubles dissociatifs complexes, nous avons choisi d’utiliser le terme générique de « part dissociée ».

Introduction

Que ce soit à travers des descriptions générales ou plus précises, différentes définitions des parts persécutantes ont été faites à travers le temps. Dans leur revue de littérature de 1995, Goodman et Peters évoquaient déjà des classifications datant des années 80 et du début des années 90. Nous pouvons ainsi citer celle de Kluft (1985) qui décrit les parts persécutantes comme des protecteurs qui ont retourné « les affects hostiles vers l’intérieur de soi ».

Toujours dans cette même revue de littérature, il est pointé qu’il n’existe pas de classification précise et stable des parts persécutantes. Ce constat est le même aujourd’hui : la catégorie « persécutante » est large et ouverte à l’interprétation de chacun.

Aussi, pour cet article, nous avons choisi de simplifier la définition d’une part persécutante à deux facteurs : elle a un comportement violent (violence physique, psychologique, émotionnelle, etc.) et elle gêne, voire empêche, le système d’avoir un fonctionnement adéquat dans un ou plusieurs domaines de la vie (sociale, familiale, professionnelle, thérapeutique, etc.).

Concernant la classification, nous avons choisi de la faire selon le contexte interne ou externe des comportements. Il est important de noter qu’une part persécutante peut très bien appartenir au deux catégories. Chez les personnes dissociées avec un nombre de parts restreint, il est commun que ce soit le cas.

Celles qui persécutent en interne

Il existe plusieurs manières de causer du tort en interne. La part persécutante peut utiliser les déclencheurs des autres parts afin de provoquer des reviviscences, peut projeter des images violentes, peut émettre des critiques ou des commentaires humiliants, peut déclencher des émotions désagréables fortes comme la peur ou la colère, etc.

Le but de ces comportements est bien souvent de garder les autres parts « sur les rails », en continuant de suivre les règles explicites ou implicites imposées par l’agresseur, ou bien pour éviter ce que la part persécutante juge être une prise de risque (ce qui peut inclure le fait de commencer une thérapie).

Par exemple, une part persécutante pourrait violemment critiquer et dévaloriser une part en charge du quotidien qui commence à s’engager dans une relation amoureuse, parce qu’elle perçoit la proximité émotionnelle comme un danger.

L’idée principale qui se trouve derrière la persécution interne, c’est de devancer les violences extérieures. Ce que la part persécutante n’est pas capable de réaliser, c’est que son comportement cause plus de mal que de bien, parce que le contexte dans lequel elle a appris à l’utiliser n’est plus d’actualité.

Celles qui persécutent en externe

Les parts persécutantes qui agissent en externe sont un peu moins souvent mentionnées dans la littérature. Malgré tout, elles existent bel et bien, et sont généralement celles qui terrifient le plus le reste du système. Elles utilisent la violence physique, verbale ou psychologique, dirigé vers le système ou bien d’autres personnes.

La violence envers le système peut s’exprimer à travers des comportements d’auto-mutilation, des notes menaçantes laissées dans des endroits stratégiques, des messages vocaux ou vidéos, etc. Cette violence sert à effrayer les autres parts, afin qu’elles cessent un comportement jugé inapproprié par la part persécutante. Cela peut aussi servir de punition ou de tentative de motiver un changement. Par exemple, une part persécutante peut utiliser l’auto-mutilation comme moyen de pression pour qu’une autre part cesse de « faire la chochotte » et ose quitter un conjoint violent. Les parts qui détiennent les comportements suicidaires sont également parfois classées dans cette catégorie.

La violence envers les autres personnes est, dans l’immense majorité des cas, en réaction à un comportement qui a été perçu comme une attaque ou une trahison. Le but étant de se faire plus terrible que la personne qui est perçue comme menaçante, certaines parts persécutantes peuvent rester déclenchées longtemps ou être re-déclenchées à chaque fois qu’elles croisent la personne – ou même que le souvenir de la personne remonte. Certaines peuvent mettre en place des plans incroyablement complexes pour nuire à la personne identifiée comme « dangereuse », afin de contrebalancer les sentiments de trahison et de menace qui ont été déclenchés.

Dans la communauté, certains considèrent également comme persécutantes :

• les parts qui sont loyales aux agresseurs, qui essaient de pousser la personne à rester ou retourner auprès d’eux,
• les parts qui sont prêtes à faire disparaître le système du jour au lendemain, soit temporairement soit définitivement, parfois en quittant leur travail et en déménageant sans prévenir.

Ces types de parts sont plus rares, mais elles peuvent se trouver déclenchées lorsque le secret des violences et/ou du trouble dissociatif a été révélé ou que les agresseurs réapparaissent dans la vie de la personne.

Conclusion

Les parts persécutantes ont pour point commun le fait que leurs comportements causent du tort à la personne. Ces comportements sont source de peur, de honte, de douleur et ils l’empêchent de fonctionner, d’avoir une vie sociale, familiale et/ou professionnelle épanouie, ou encore de suivre une thérapie.

À première vue, ces parts semblent emplies de méchanceté gratuite, de sarcasmes, toujours prêtes à provoquer le chaos et à apprécier ce chaos. Certaines paraissent complètement hors d’atteinte et hors de cette réalité. D’autres agissent tellement par automatisme qu’elles ne savent même pas précisément pourquoi elles réagissent de cette manière. Néanmoins, leur fonctionnement est souvent beaucoup plus subtil que cela et c’est ce que nous allons aborder dans les articles suivants de cette série.