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INFO RMC - Explosion des saisies de cocaïne en France

Les saisies de cocaïne en France ont atteint le chiffre record de 17 tonnes l'an dernier, contre 8,5 tonnes en 2016, selon les chiffres de l’Office central de répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS), que vous révèlent RMC. Une hausse exceptionnelle qui s'explique en grande partie par l'explosion de la production de cocaïne ces cinq dernières années en Colombie.

Les saisies de cocaïne ont doublé l'an dernier. Les services de sécurité des douanes, de la police et de la gendarmerie ont saisi plus de 17 tonnes de cocaïne en 2017, contre 8,5 tonnes en 2016, selon l’Office central de répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS). Un niveau jamais atteint jusque-là. Il s'agit surtout d'une tendance de fond. La hausse est spectaculaire sur 10 ans, les saisies de cocaïne ont été multipliées par 10 en France. En 2000, seule 1,3 tonne avait été saisie.

Outre l’efficacité constatée des enquêtes, cette explosion des saisies s'explique en grande partie par la hausse de la production de cocaïne en Amérique Latine et surtout en Colombie. Depuis 2013, pour des raisons environnementales et sanitaires, les autorités colombiennes ont cessé l’épandage aérien au glyphosate pour éradiquer les cultures de coca. Conséquence: la surface cultivée en Colombie a triplé, passant de 48.000 hectares en 2013 à 146.000 en 2016, selon l’agence de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime. L’ONUDC estime que 1.400 tonnes de cocaïne pure ont été produites en 2016 (contre 900 tonnes en 2013), près d'un tiers serait à destination du marché européen, selon un analyste du secteur.

"La majorité de la drogue arrive par la mer, par conteneur ou voilier"

Signe que les narcotrafiquants s’adaptent, plusieurs saisies ont dépassé la tonne de cocaïne l’an dernier. "Ces saisies exceptionnelles de plus en plus nombreuses montrent l’internationalisation du trafic à destination et plus largement du marché européen", estime le commissaire divisionnaire Vincent Le Beguec, chef de l’Office antidrogue. Les organisations criminelles de plusieurs pays se regroupent pour partager les frais et les risques du transport. Illustration en décembre dernier encore, avec la saisie de plus d’une tonne de cocaïne à Lacanau par l’Ocrtis. Sur 23 personnes interpellées, les trafiquants présumés étaient de 12 nationalités différentes: française, colombienne, dominicaine, espagnole, anglaise, italienne, albanaise, turque, capverdienne…

Pour ces envois de plusieurs centaines de kilos de cocaïne, la voie maritime reste privilégiée. La drogue est le plus souvent cachée dans des conteneurs, au milieu du fret commercial. Les douaniers ont ainsi enchaîné les saisies au port du Havre l’an dernier, 5,7 tonnes au total, là aussi un record. Les trafiquants utilisent aussi des bateaux de particulier. En Polynésie française, douaniers et marine nationale ont, par exemple, arraisonné deux voiliers contenant 1,4 tonne de cocaïne à destination des marchés Australiens. L’avion, en revanche, est utilisé pour envoyer des quantités moindres, plus fréquemment, notamment grâce aux mules qui transportent la cocaïne sur elles ou dans des valises.

Un trafic très rentable

La cocaïne est de loin le trafic le plus rentable au niveau mondial. Un kilo de cocaïne sorti de laboratoire en Colombie vaut moins de 1.000 euros. Coupé et revendu au kilo en France, c’est 30 fois plus. En France, la consommation est difficile à évaluer, le prix de vente au détail reste stable, 65 euros le gramme selon un rapport de la Chancellerie. Plus inquiétant, on constate aussi que la drogue saisie au détail en France est moins coupée. Le taux de pureté a presque triplé en 10 ans. Il est passé de 21 % en moyenne en 2007, à 59 % en 2016 selon les analyses de l'Institut national de police scientifique. Avec un risque important des problèmes cardiaques pour les consommateurs.

Claire Andrieux avec P. G.