Depuis 2008, plus de 400 changements de la législation du travail ont été faits en Europe, selon le BIT, les deux-tiers allant dans le sens d’une flexibilisation, c'est-à-dire dire pour réduire les droits des salariés, au profit de l'employeur. L'idée est évidemment toujours la même : si l'entreprise a plus de souplesse, on espère qu'elle va embaucher davantage. L'Espagne, le Portugal et l'Italie ont entrepris des réformes de ce genre, souvent au plus noir de la crise. Trois pays qui avaient vu leur chômage exploser pendant la récession, encore bien davantage qu'en France.
Ce sont aussi trois pays où l'emploi a progressé récemment. Mais cela ne signifie pas forcément que ces réformes fonctionnent. En Espagne, par exemple, on a permis les accords d'entreprise dérogatoires - c'est ce qui se prépare en France - et clarifié le droit du licenciement. Le chômage a bien baissé. Mais entre-temps, l'économie avait rebondi, avec une croissance 3% annuelle, qui elle-même s'explique en partie par le fait que l'Espagne était tombée très bas. C'est du rattrapage. Les réformes ont dû jouer, mais en partie.
En Italie, les réformes Renzi étaient présentées comme des modèles à suivre. Là encore, à voir les chiffres, c'est positif. La réforme a été double : un contrat à droits progressifs - c'est-à-dire des droits qui se développent avec l'ancienneté dans l'entreprise - et une forte simplification du licenciement. Plusieurs centaines de milliers d'emplois ont été créés la première année. Mais d'abord il semble qu'il y ait eu des substitutions, des emplois nouveaux contrats qui ont remplacé des emplois sous l'ancienne législation. Ensuite, la réforme s'était accompagnée d'une prime à l'embauche très élevée (8.000 euros par an). Dès que la prime a été réduite, les flux d'embauche ont ralenti.
En Europe, le sous-emploi n'a pas diminué avec le retour de la croissance
François Lenglet
Ces réformes n'ont pas d'effet mécanique. Le principal problème de la zone euro, c'est la médiocrité de la croissance. Et sans croissance, vous pouvez flexibiliser tout ce que vous voulez, il n'y a pas d'emploi. La baisse du coût du travail, en revanche, ça marche avec un effet mécanique. Pour le reste, il s'agit avant tout d'un effet psychologique, de confiance, à l'attention des chefs d'entreprise, en particulier ceux qui sont les plus sensibles au risque et qui sont en même temps les plus gros pourvoyeurs d'emploi potentiels, les patrons de petites entreprises. Tous ces changements sont faits pour convaincre les patrons de PME d'embaucher.
Les critiques soulignent que ces réformes augmentent la précarité. Dans la zone euro, sur les quelque 5 millions d’emplois créés depuis la fin de la crise, près de la moitié sont à durée déterminée. Et ce sont pour beaucoup des emplois peu qualifiés, dans les services, à faible salaire. Quant au sous-emploi (c'est-à-dire la part de gens qui souhaiteraient travailler davantage), il n'a pas diminué avec le retour de la croissance.
Il est peu probable que ce soit les réformes du marché du travail qui aient causé cela. Le coupable semble être davantage le défaut de formation, les politiques de rigueur à contre-temps en Europe du Sud et les défauts de l'union monétaire. Tout cela a créé en Europe une des reprises les plus avares qu'on a jamais connues.
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