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Marine Le Pen refuse de se soumettre à une expertise psychiatrique

La présidente du RN s’est insurgée contre cet examen, ordonné par la justice dans le cadre de l’enquête la visant pour avoir diffusé des photos d’exactions de l’EI.

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Publié le 20 septembre 2018 à 18h02, modifié le 21 septembre 2018 à 06h30

Temps de Lecture 3 min.

Marine Le Pen, à l’Assemblée nationale, le 18 septembre.

« Hallucinant. » Marine Le Pen s’est insurgée, jeudi 20 septembre, contre une nouvelle décision de justice. « Je croyais avoir eu droit à tout : eh bien non ! Pour avoir dénoncé les horreurs de #Daech [acronyme arabe de l’organisation Etat islamique, EI] par tweets, la justice me soumet à une expertise psychiatrique ! Jusqu’où vont-ils aller ? ! », s’est scandalisée la présidente du Rassemblement national (RN, ex-FN) sur Twitter, en glissant une copie du courrier ordonnant son expertise psychiatrique – et mentionnant au passage son vrai prénom, Marion. « Je n’irai pas, bien entendu », a-t-elle ajouté dans les couloirs de l’Assemblée nationale.

Petit rappel des faits : le 16 décembre 2015, Marine Le Pen publiait sur Twitter trois photographies tirées de la propagande de l’EI. Elle comptait dénoncer par là le « parallèle » établi, selon elle, entre l’EI et son parti par Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV-RMC. Mentionnant le journaliste, elle avait donc écrit : « Daech c’est ça ! » avec trois images à l’appui : un soldat syrien écrasé vivant sous les chenilles d’un char, un pilote jordanien brûlé vif dans une cage et le corps décapité du journaliste américain James Foley, la tête posée sur le dos.

Une obligation légale

En mars 2018, Marine « Marion » Le Pen était donc mise en examen, non pour apologie du terrorisme mais pour « diffusion de message violent, pornographique ou contraire à la dignité susceptible d’être vu ou perçu par un mineur », un délit passible de trois ans de prison et de 75 000 euros d’amende.

« Ne l’oublions pas, ce qui est reproché à Marion Le Pen est d’avoir mis des images d’une extrême violence à portée de clic de mineurs », rappelle l’avocat blogueur Maître Eolas. Ce délit prévu à l’article 227-24 du code pénal relève également de l’article 706-47 encadrant les infractions de nature sexuelle et de la protection des mineurs victimes. Loin d’être réservé à « des pédophiles ou à des déviances sexuelles (!) », comme le soutient Marine Le Pen sur Twitter, il encadre aussi la diffusion d’images violentes accessibles à des mineurs.

Et il implique, automatiquement, une expertise médicale. « C’est une obligation légale, pas un régime spécial Marine Le Pen », explique le parquet de Nanterre.

« Les personnes poursuivies pour l’une des infractions mentionnées à l’article 706-47 du présent code doivent être soumises, avant tout jugement au fond, à une expertise médicale. » Article 706-47-1 du code pénal

« Faire passer les opposants pour des fous »

Mais l’affaire est loin d’être classée pour l’avocate de formation, qui politise chaque rebondissement de ses mises en examen. Celui-ci n’échappe pas à la théorie de l’acharnement judiciaire, d’ailleurs entretenue par le chef de file de le France insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui affichait son « désaccord total avec la psychiatrisation de la décision politique », jeudi, sur Twitter.

« Dans les régimes totalitaires, c’est une des méthodes qui est utilisée contre les opposants, grinçait quant à elle Marine Le Pen dans les couloirs de l’Assemblée nationale. Les faire passer pour des fous. »

Rappelons ici qu’expertise psychiatrique n’est en rien synonyme de maladie psychiatrique. Selon les termes même de l’ordonnance exposée par Marine Le Pen, l’objectif est ici de vérifier « si elle est en mesure de comprendre les propos et de répondre aux questions » et si « l’infraction reprochée au sujet est en relation avec des éléments factuels ou biographiques de l’intéressé ». Un tel examen est en effet destiné à déterminer si la responsabilité pénale du mis en cause a lieu d’être atténuée ou abolie, notamment en cas d’altération du jugement au moment des faits.

Quoi qu’il en soit, Marine Le Pen refuse de se soumettre à une expertise psychiatrique. Elle se présentera en revanche en octobre à la convocation de deux autres juges d’instruction pour une autre affaire – celle dite des assistants parlementaires – dans laquelle elle est mise en examen pour abus de confiance.

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Cette dernière indignation lui aura en tout cas offert une nouvelle occasion d’afficher sa proximité avec son « ami » Matteo Salvini. Le chef de la Ligue (extrême droite) italienne désormais au pouvoir a exprimé, jeudi sur Twitter, toute sa « solidarité » avec Marine Le Pen, qui compte bien s’appuyer sur cette nouvelle photo de leur duo pour grimper de quelques points au prochain scrutin européen.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Matteo Salvini, le « cousin italien » de Marine Le Pen
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