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Un Sisley volé par les nazis embarrasse Christie’s

La famille spoliée et le propriétaire actuel dénoncent une enquête lacunaire lors de la vente de la toile, en 2008.

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Publié le 28 mai 2018 à 17h42, modifié le 29 mai 2018 à 11h50

Temps de Lecture 7 min.

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« Premier jour de printemps à Moret » (1889), d’Alfred Sisley.

Au triste palmarès des spoliations nazies, cette œuvre-là ne figure certainement pas en tête de liste. Ni la plus belle ni la plus chère. Premier jour de printemps à Moret, une toile peinte en 1889 par l’artiste impressionniste Alfred Sisley, a été vendue chez Christie’s à New York, en mai 2008, pour quelque 350 000 dollars. Loin, par exemple, des 135 millions de dollars atteints en 2006 par une autre toile volée à des propriétaires juifs, le célèbre Portrait d’Adèle Bloch-Bauer, de Gustav Klimt.

Lire l’analyse : Article réservé à nos abonnés Spoliation et œuvres d’art, sortir de l’hypocrisie

Pourtant, ce petit tableau promet de prendre une place particulière dans l’histoire des restitutions. La famille dépossédée de son bien pendant la seconde guerre mondiale et le galeriste qui détient le tableau accusent la maison de ventes de n’avoir pas procédé aux vérifications nécessaires. « Il n’est pas sérieux de prétendre que la société Christie’s, qui dispose d’un service spécialisé dans la recherche des tableaux spoliés, ait pu ignorer l’origine d’un tel tableau », estime, dans la plainte qu’il a déposée en août 2017, devant le tribunal de Paris, le petit-fils du propriétaire, Denis Lindon.

Dans la famille Lindon, Denis n’est pas le plus célèbre. Son frère Jérôme, fondateur des Editions de Minuit, a marqué l’histoire de l’édition française. Ses neveux, le comédien Vincent et l’écrivain Mathieu, occupent régulièrement les pages culture des journaux. « Mais je suis le plus vieux des héritiers survivants, l’un des deux derniers petits-enfants d’Alfred Lindon, explique cet ancien chef d’entreprise, devenu professeur à HEC. A 91 ans, j’ai du temps libre, alors ça m’a paru normal de m’en occuper… J’étais très attaché à mon grand-père. Il m’a permis de passer un an à Cambridge, lui qui n’avait pas fait d’études. »

La trajectoire d’Alfred Lindon tient du cliché du self-made-man

La trajectoire d’Alfred Lindon tient du cliché du self-made-man. Né à Cracovie, en Pologne, dans les années 1870, celui qui s’appelle alors Lindenbaum a 3 ans lorsqu’il débarque à Londres. La famille est pauvre. A 13 ans, il commence à travailler chez un lointain parent diamantaire, où il gravit les échelons. Passionné par les perles, il en devient expert et fait fortune. Lorsque le marché s’effondre avec la production de perles de culture, il se reconvertit dans les pierres précieuses, toujours avec succès. Il épouse la fille d’une famille de diamantaires hollandais immigrés en France, Fernande Citroën – la sœur du constructeur automobile – et s’installe avec elle à Paris. En 1917, son patriotisme et l’antigermanisme ambiant le conduisent à franciser son nom.

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