Marine nationale. « Le port de Brest va changer de visage ! »

Par Hervé Chambonnière

Restitution du fond de la Penfeld, vente du Cercle naval, sécurité de l’Ile Longue… Dans une interview exclusive au Télégramme, le chef d’état-major de la Marine, l’amiral Christophe Prazuck, évoque ces sujets, et l’avenir du « pôle d’excellence brestois ».

Marine nationale. « Le port de Brest va changer de visage ! »
(Claude Prigent / Le Telegramme)

La Marine nationale à Brest, Landivisiau, Lanvéoc-Poulmic et l’Ile-Longue, c’est un quart de la flotte française, une quarantaine de bateaux et sous-marins, une quarantaine de Rafale et d’hélicoptères, 22 000 personnes. Quelles sont les perspectives pour le port militaire de Brest ?

Pour le bassin d’emploi de Brest, la Marine nationale c’est, avec les familles, environ 60 000 personnes. C’est 2,3 milliards d’euros injectés localement, dont 500 M€ pour les seules soldes des marins et civils. Brest est un pôle d’excellence. Le port militaire, qui avait vieilli, va changer de visage dans les douze ans qui viennent ! Les frégates multimissions (FREMM), qui sont de très loin les meilleurs bateaux du monde dans leur catégorie, arrivent. Puis ce sera le tour des frégates de taille intermédiaire (FTI). Puis les sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) Barracuda qui vont venir faire leurs essais depuis Brest et y viendront ensuite en escales (NDLR, ils seront basés à Toulon). La Force océanique stratégique va aussi se renouveler. Les petits bateaux aussi vont changer, avec l’arrivée de 30 remorqueurs, vedettes de liaison, pousseurs. À Lanvéoc, on commence à retirer les très vieux hélicoptères Alouette 3, qui seront remplacés par les Dauphin et les H 160.


La Marine nationale recrute 3 500 marins tous les ans. La très grande majorité est formée ici ?

Oui, c’est l’autre rôle fondamental joué par Brest. Quasiment tous les marins qui entrent dans la Marine nationale passent ici, par l’École navale, le Centre d’instruction navale (CIN), l’École des mousses, l’École de Maistrance et l’École des matelots. Cela représente près de 3 000 jeunes venant de toute la France, chaque année.


Conséquence du Brexit, Brest va accueillir le MSC-HOA, le Centre de sécurité maritime pour la corne de l’Afrique, qui était auparavant localisé au Royaume-Uni. Cela représente combien de personnes ?

Une dizaine, car Brest ne récupère que la partie renseignement du MSC-HOA. La partie commandement est transférée en Espagne. Mais le plus important est que Brest, avec ce transfert, étend sa compétence. Brest gérait déjà un centre suivant en permanence les opérations maritimes dans le golfe de Guinée (Mica Center). Désormais il y aura donc aussi toute l’Afrique de l’Est. Brest devient ainsi le pôle français, et probablement européen, en matière de sécurité maritime.


Il y a cinq ans, Le Télégramme avait publié une enquête pointant des failles de sécurité sur l’Ile Longue, cœur de la dissuasion nucléaire française, face à Brest. Ces problèmes ont-ils été réglés ?

La sécurité en ce domaine n’est jamais figée. Elle s’adapte en permanence aux nouvelles menaces. C’est un sujet sur lequel il y a tout le temps des travaux. Et depuis quatre ans, il y en a eu beaucoup…


Concernant Brest, après les Capucins, la Marine va-t-elle restituer à la ville d’autres parties de la Penfeld ?

L’arsenal de Brest était configuré pour 100 bateaux. On en a quarante aujourd’hui. Toute la logistique, qui était concentrée au fond de la Penfeld, est rapprochée des bateaux. Et nous n’occupons plus cette zone. L’amiral de Oliveira travaille pour que les Brestois puissent en profiter. La délimitation, qui est à fixer avec le maire, comprend globalement l’espace situé au nord du pont de l’Harteloire. La ville doit définir aussi ce qu’elle veut faire. Mais je n’ai pas d’inquiétude à ce sujet. Cette rétrocession interviendrait à partir de 2025.


Quid du Cercle naval ?

Le dossier est au ministère de l’Économie et des Finances. Nous avons eu beaucoup de visites. Nous attendons la suite.


Le port militaire de Brest a accueilli une frégate chinoise du 2 au 5 juillet. Cela ne s’était pas produit depuis douze ans. Comment interprétez-vous la présence de la marine chinoise en Atlantique ?

La Chine était un géant démographique. Elle est aujourd’hui un géant stratégique et un acteur stratégique majeur. En quatre ans, la marine chinoise a construit l’équivalent de la flotte française. Il faut juste en tenir compte.


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