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Combien de Français vivent de l'économie de la mer ?

En 2014, le secteur de la construction navale compte plus de 13.000 emplois. LOIC VENANCE/AFP

LE TRÉSOR DES MERS FRANÇAISES (10/12) - Les Français sont plusieurs centaines de milliers à vivre d'une activité liée à la mer. Dans le cadre de sa série d'été sur l'économie maritime, le Figaro a cherché à connaître leur nombre exact, ainsi que les filières dans lesquelles ils évoluent.

Capitaine, ouvrier docker, mareyeur, ingénieur en construction navale, océanologue... Nombreux sont les métiers en rapport avec la mer, qui s'exercent aussi bien sur l'eau que sur terre. Pôle emploi recense pas moins de trente-cinq métiers différents sur son site internet. Avec une valeur ajoutée estimée à 35,6 milliards d'euros en 2013 pour une dizaine de secteurs d'activité, l'économie maritime constitue, a priori, un véritable vivier d'emplois. Mais combien de Français exactement travaillent pour l'économie bleue? Difficile de répondre de manière définitive, tant les chiffres varient d'une source à l'autre. Des tendances se dégagent cependant.

Le socle de l'économie maritime compte 450.100 emplois en 2012, selon les estimations de l'Insee, puis 402.983 pour l'année 2014, dans un autre document sur l'emploi en Nouvelle-Aquitaine, paru en 2017. Une diminution attribuée à une nouvelle méthodologie, «prenant mieux en compte les effectifs de la Marine nationale». De son côté, l'Observatoire national de la mer et du littoral estime ce socle à 386.700 en 2013, en se basant sur des données Insee - hors effectifs de l'armée, nous a-t-on précisé. Enfin, une troisième source, l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer), a évalué le nombre d'emplois maritimes à 460.500 pour cette même année 2013 (+0,6% par rapport à 2011). Alors, quel chiffre retenir? Contacté, l'Insee indique que le nombre indiqué dans la publication de l'Observatoire du littoral est à privilégier. Sur cette base, l'emploi maritime en France se chiffrerait ainsi aux environ de 387.000 travailleurs.

Différences méthodologiques

Dans les faits, tout dépend du périmètre choisi par les statisticiens. L'Insee s'appuie sur des données locales, prenant en compte une dizaine de secteurs d'activité définis au sens de l'Ifremer. «Afin de mieux en chiffrer l'impact et de pouvoir comparer régions et territoires, seules les activités directement liées à la mer et au littoral font partie du champ de l'économie maritime», peut-on lire dans un encadré. «La mesure de l'emploi maritime est tout d'abord issue d'une sélection de 87 activités économiques considérées comme maritimes. 17 d'entre elles dites “100 % maritimes” trouvent une traduction statistique directe dans la Nomenclature d'Activités Française (NAF). Pour les 70 autres, l'examen de l'activité principale des établissements ne révèle pas leur nature maritime de façon évidente. Afin de les réintégrer au champ de l'économie maritime, leur caractère marin a été jugé au travers d'une expertise (...)».

L'Ifremer, lui, se fonde sur une approche sectorielle - onze secteurs industriels et quatre secteurs publics -, avec les données de la comptabilité nationale notamment, mais pas seulement. Cette méthodologie explique en partie la proximité apparente des chiffres entre le socle Insee 2012 et l'estimation de l'Ifremer, reconnaît Régis Kalaydjian, économiste à l'Ifremer.

La région Paca règne en maître

Outre ces difficultés et différences méthodologiques d'un institut à l'autre, les statisticiens sont confrontés à un autre obstacle: la masse d'informations à collecter. Le nombre de secteurs faisant partie de l'économie bleue est tel qu'il est difficile d'obtenir des données actualisées et infaillibles chaque année. Tout comme pour estimer le poids de l'économie maritime, Régis Kalaydjian décourage ainsi quiconque de s'évertuer à effectuer la moindre comparaison interannuelle. «D'une année sur l'autre, nous améliorons telle ou telle donnée», explique-t-il modestement.

Malgré ces obstacles, il est tout de même possible de tirer quelques enseignements des publications réalisées par l'Insee, et ainsi d'en savoir plus sur les caractéristiques de l'emploi maritime. La région qui s'en sort le mieux en termes d'effectifs en France métropolitaine? Incontestablement, la région Provence-Alpes-Côte d'Azur [NDLR: Pour rappel, un emploi maritime n'est pas nécessairement géographiquement situé dans une région littorale].

Au total, cette région emploie en 2013 119.000 personnes dans l'économie bleue, soit près de 6% de l'emploi total régional. Outre son littoral très prisé par les touristes, elle concentre surtout 40% des effectifs de la Marine nationale basés en France métropolitaine, rappelait l'Insee l'an dernier. La région Paca est suivie par la Bretagne et la Nouvelle-Aquitaine.

Le tourisme en pole position

Par secteur, le tourisme domine le podium. Non seulement il concentre plus de la moitié de la valeur ajoutée de l'économie maritime, mais il réunit également 56% des effectifs de l'économie bleue en 2013, selon l'Ifremer. Au total, il emploie plus de 250.000 personnes. De son côté, l'Observatoire national de la mer et du littoral avance le nombre de 209.100 - hors outre-mer - pour la même année.

Comme l'avait relevé l'Insee en 2015, l'emploi touristique littoral est soumis à un fort facteur de saisonnalité. De ce fait, assez logiquement, les effectifs sont plus importants à partir du mois de mai et entament une descente progressive à partir du mois d'août.

La très grande majorité des emplois bleus touristiques se concentrent en régions Paca (75% des emplois maritimes de la région) et sur la façade atlantique, en Bretagne et Nouvelle-Aquitaine.

Produits de la mer ou secteur public?

En revanche, dans la suite du classement, difficile de déterminer avec précision quel est le deuxième secteur. D'une source à l'autre, les résultats diffèrent. Marine nationale, interventions publiques, protection de l'environnement, recherche marine... Avec près de 48.000 emplois, le secteur public est considéré comme le deuxième secteur aux yeux de l'Ifremer, pour l'année 2013.

Pour l'Insee en revanche, ce sont les produits de la mer - représentant 12,2% des emplois maritimes en France métropolitaine.

Des différences de salaires

Les emplois bleus gagnent-ils bien leur vie? Si l'on se fie au rapport publié en 2017 par l'Observatoire national de la mer et du littoral, ils gagnent plus que la moyenne des salariés de l'ensemble de l'économie française. En 2013, le salaire brut moyen par ETP (équivalent temps plein) pour les salariés de l'ensemble de l'économie maritime s'établit à 35.806 euros, contre 35.503 euros pour l'économie française. Dans les faits, la situation est bien plus nuancée par secteur. Le tourisme littoral se révèle être le moins rémunérateur (28.990 euros) avec celui des produits de la mer (31.559 euros).

Des inégalités s'observent également à l'échelle locale. «Dans plus d'un quart des zones d'emploi, la différence de salaire brut est supérieure à 20% [par rapport à l'ensemble de l'économie du territoire étudié]», explique l'Observatoire. «Ces zones d'emplois comprennent pour beaucoup d'importantes zones industrialo-portuaires (Dunkerque, Calais, Le Havre, Brest, Lorient, Arles, Istres-Martigues, Marseille-Aubagne, Toulon...). À l'opposé, dans 4 zones d'emploi, les activités maritimes sont nettement moins rémunératrices (salaire brut inférieur de plus de 20 % à la moyenne). Deux sont situées à l'ouest de la Guyane, une à la Réunion (zone d'emploi Nord) et la dernière en Bretagne Nord (Lannion)».

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