Forêts : une surface équivalente à l'Italie partie en fumée en 2017
La perte des surfaces arborées, principalement dans les tropiques, a atteint 294.000 km² l'an dernier. De nombreux feux de forêts ont été allumés pour laisser place à des exploitations agricoles.
Par Leïla Marchand
Chaque seconde en 2017, l'équivalent d'un terrain de football de forêt a disparu dans le monde. Soit la superficie de New York toutes les 24 heures. Et quasiment celle de l'Italie au bout d'un an. La perte de couverture forestière a atteint 294.000 km² au total en 2017, rapporte Global Forest Watch ce mercredi.
La plateforme en ligne, gérée par l'Institut de ressources du monde (WRI), s'appuie sur les données d'une enquête satellite au niveau mondial. Il s'agit de la deuxième plus importante perte de couverture forestière constatée depuis le début de la surveillance en 2001. La palme revient pour le moment à l'année 2016, où 297.000 km² de forêts avaient été détruits.
Les pertes mondiales de forêts ont doublé depuis 2003, tandis que la déforestation dans les zones tropicales a doublé depuis 2008, note « Le Guardian ». Le défrichement des arbres pour l'agriculture « continue de conduire à une déforestation à grande échelle », explique l'organisation dans un communiqué.
« La principale raison pour laquelle les forêts tropicales disparaissent n'est pas un mystère : de vastes zones continuent d'être défrichées pour le soja, le boeuf, l'huile de palme, le bois et d'autres produits », explique Frances Seymour du WRI. « Une grande partie de cette déforestation est illégale et liée à la corruption ».
45.000 km carrés de forêt amazonienne en moins
C'est notamment le cas au Brésil : le pays, qui avait récemment fait des efforts pour protéger sa forêt Amazonienne, a vu sa courbe s'inverser, en raison de la sécheresse et des incendies déclenchés par les agriculteurs pour défricher des terres agricoles. A lui seul, le plus grand pays d'Amérique du sud perdu 45.000 km² de couverture forestière.
Défrichement des forêts laissées libre par les FARC
La Colombie a également connu l'une des augmentations les plus spectaculaires de perte de couverture arborée de tous les pays, avec une augmentation de 46 % par rapport à 2016.
Cette augmentation est paradoxalement due au traité de paix négocié dans le pays avec les Forces armées révolutionnaires (FARC). Ceux-ci ont quitté les grandes forêts qu'ils contrôlaient, ce qui a laissé place à un défrichement illégal de ces zones par d'autres groupes armés, au profit de pâturages, plantations de coca, exploitation minière et exploitation forestière.
La perte de couverture forestière a aussi atteint un record en République Démocratique du Congo (RDC), avec une augmentation de 6 % par rapport à l'an dernier. Là-bas, les forêts sont menacées par l'agriculture, mais aussi l'exploitation et la production de charbon.
Ouragans destructeurs dans les Caraïbes
Les catastrophes naturelles, comme les sécheresses, les incendies et les tempêtes tropicales, jouent également un rôle croissant, d'autant que les changements climatiques les rendent plus fréquentes et plus graves.
Dans les Caraïbes, la saison des ouragans, responsable de milliers de morts et de milliards de dollars de destructions, a également eu des impacts négatifs sur les forêts de la région. « L'île de la Dominique a perdu 32 % de sa couverture arborée en 2017, tandis que Porto Rico en a perdu 10 % », rapporte la plate-forme.
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Seulement 2 % du financement de l'action climatique va à la protection des forêts et des terres. Pourtant, en plus d'abriter la biodiversité et de fournir des moyens de subsistance aux hommes, les forêts jouent également un rôle essentiel dans le stockage du carbone, rappelle Global Forest Watch.
« Il s'agit vraiment d'une question urgente qui doit obtenir plus d'attention », alerte Frances Seymour. « Nous essayons d'éteindre un feu de maison avec une cuillère à café. »
Leïla Marchand