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A Breath Around The World : le nouveau voyage aquatique de Guillaume Néry et Julie Gautier

Marche aquatique avec les cachalots à l'île Maurice
Marche aquatique avec les cachalots à l'île Maurice. © Franck Seguin
Juliette Camus , Mis à jour le

A l’occasion du salon international de la plongée du 11 au 14 janvier à Paris, Guillaume Néry, double champion du monde d’apnée, présente son dernier court-métrage, One Breath Around The World, retraçant un parcours subaquatique et onirique dans les plus endroits du monde. Du Mexique au Japon en passant par la Polynésie, Guillaume Néry se met en scène grâce aux images de sa compagne et partenaire aquatique Julie Gautier et aux photos de Franck Seguin, son complice photographe multi-primé et lauréat d’un World Press Photo en 2007.

Guillaume-Nery
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Apnéiste mais aussi réalisateur et scénariste de clips et de documentaires, dont «Running» de Beyoncé qui l’a mondialement consacré, Guillaume Néry nous raconte comment lui est venue l’idée de ce voyage trans-aquatique, parmi des lieux secrets que Guillaume nous fait découvrir au travers d’images à couper le souffle qu’il retrace dans un livre paru aux éditions Glénat. 

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Paris Match. Pourquoi avoir fait le film One Breath Around The World ?
Guillaume Néry. L'envie est née en 2013/2014 après avoir fait le film Ocean Gravity qui suivait Free Fall dans ma quête d’endroits surréalistes où tourner des images sous l'eau. Jusque-là, j'utilisais un endroit particulier où je réalise une plongée. Là, je voulais faire un film qui aille un peu plus loin. Je voulais trouver un moyen de raconter une odyssée, c'est-à-dire avec une unité de temps, pouvoir traverser plusieurs décors différents et monter le film pour donner l'illusion qu'on est sur une seule et même plongée. J'avais envie de montrer plein d'endroits différents mais le problème est à la fois logistique, technique, familial et bien sûr financier. J’ai attendu de faire une pause dans ma carrière de compétiteur et avec Julie, ma compagne, on a eu envie de partir quasiment un an. Ce projet je le voulais à la fois personnel et artistique mais aussi familial, qu’on puisse le partager ensemble avec Julie à la caméra et avec ma fille qui pouvait nous accompagner dans toutes les destinations. On ne pouvait pas le faire en restant à Nice. On voulait vraiment réaliser une boucle, un circuit, et puis en même temps avoir une tranche de vie ensemble. On a dessiné notre parcours en fonction des lieux qui étaient vraiment importants à mes yeux, ceux que je voulais explorer. On a gravité entre la Réunion, l'île Maurice, le Mexique, l'Asie. En parallèle, le photographe Franck Seguin, avec qui on travaille depuis 2006, a eu l'idée de faire une odyssée où il me prendrait en photo évoluant dans différents univers. C’est une ode au monde aquatique, pas uniquement à l'océan. J'avais plutôt envie d'unifier au sein d'un même projet toutes les formes et toute la magie des paysages aquatiques qu'on peut rencontrer.

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Comment avez-vous choisi ces lieux de plongée ? 
Au travers de ce film, je passe dans tous les univers qui peuvent montrer ce qu'est la Planète Bleue, comme une carte d'identité aquatique de notre planète. C'est l'eau dans tous ses états. Chaque lieu représente un univers sous-marin : je voulais des cachalots et des baleines, des requins, des humains qui ont un lien fort avec l'eau -les Bajaus, une ethnie de chasseurs-cueilleurs sous-marins aux Philippines qui pratiquent cet art-là de manière ancestrale. Je voulais que l'océan, le grand bleu, soit représenté, et également un univers plus corallien, un autre avec des grottes, de l'eau douce, de la glace. Je voulais aussi un endroit qui rappelle la légende de l'Atlantide, un peu mystérieux qui me fasse rentrer dans toutes les autres dimensions. C'est pour ça que le film commence par là. Certains lieux étaient vraiment prioritaires comme Yonaguni, petite île au Japon où il y a des formes aquatiques qui ressemblent à une cité engloutie. Puis, un cénote au Mexique parce que c'est un univers un peu végétal, sombre, où l'eau est cristalline. L'île Maurice pour ses mammifères marins, et la Polynésie parce que la culture de l'océan y est très forte. La magie, c'est aussi de découvrir des endroits pendant le voyage, qui n'étaient pas prévus et qu'on a intégré parce qu'ils ont une force. C'est ma manière à moi de construire des films : ça part d'une idée, d'une esthétique, d'une histoire simple. J'aurais pu faire ce projet autrement, avec une énorme équipe de cinéma, un plongeur bouteille avec une grosse caméra, deux assistants, des lumières... J’ai préféré faire ce film comme les précédents que j'ai réalisés - Free Fall, Ocean Gravity ou Y-40 où je me balade dans la piscine. Il n'y a que Julie à la caméra, libre et près de mes mouvements, et la sécurité pour nous encadrer. Et Franck parce qu’il a un œil avant-gardiste sur tout ce qui se fait en matière de photo sous-marine. Il a cette même recherche que moi de nouveauté, d'originalité et c'était important qu'on fasse ce projet ensemble. La symbiose a été extraordinaire ensemble parce que je travaillais alternativement avec l'un et avec l'autre et on a pu réussir à mener sur un même voyage deux projets en parallèle.

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(c)-F.-Seguin
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ILE MAURICE
C'est le premier tournage de notre voyage. On a fait le pari avec Franck et Julie de partir et de commencer par le plus difficile : arriver à avoir la conjonction entre de bonnes conditions météo, une lumière idéale, la présence des cachalots, un photographe, une vidéaste et moi. On doit arriver à créer la force dans l'interaction avec l'animal. À ce moment précis, je suis dans le bleu et puis on attend, on voit des cachalots qui arrivent au loin et j'essaye de me mettre près de leur chemin et de les regarder passer sans les perturber mais en essayant d’entrer en symbiose avec eux. C'est une des images fortes de notre expédition et il faut une part de chance ! C'est un élément essentiel. Il y a plein d'ingrédients pour réussir une image : la coopération de la nature et d’un travail de communication et d’entente entre le modèle et le photographe.

cenote
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CENOTE ANGELITA - MEXIQUE
C’est un endroit un peu secret, où peu de monde a eu la chance de plonger ! Il faut vraiment s'imaginer qu'on est au milieu de la jungle, dans laquelle se trouve une petite cavité remplie d’eau douce translucide, où seuls quelques rayons passent au travers de la forêt et entrent dans l’eau. Franck Seguin me demande de me laisser aller dans le rayon lumineux alors qu’il est en-dessous, dans le noir de l’eau. Je pars de la surface, je vide mon air et puis je me laisse couler. Au-dessus, on voit la jungle à travers le trou, et j'évolue dans ce rayon de lumière, je m'abandonne complètement. Cette photo c'est l'incarnation du lâcher-prise, lâcher totalement. Franck a essayé de capter un moment, un instantané décisif.

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japon
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YONAGUNI - JAPON
C’est l'endroit qui m'a le plus touché du voyage. Peut-être parce que c'est celui que je fantasmais le plus, que j'avais repéré depuis 4 ans. Je cherchais sur internet, dans des livres, des endroits comme l'Atlantide et puis je suis tombé là-dessus et j'ai dit «whaou», ça c'est un endroit que je veux voir ! On a eu la chance de le voir dans les meilleures conditions possibles avec la meilleure visibilité de l'année et c'était extrêmement impressionnant. Là, je marche sur les grandes dalles qui semblent être des terrasses, sur un monument, sur une pyramide. Et bien que je pense que ce monument soit d'origine naturelle, que ce n'est pas une cité engloutie, il se dégage une grande puissance de cette masse rocheuse. On se sent vraiment petit, et c'est un terrain de jeu extraordinaire pour moi qui aime marcher, courir sous l'eau, qui aime retrouver des repères terrestres dans l'eau et utiliser l'eau juste pour voler, j'avais l'impression d'être léger comme dans l'air.

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nice
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NICE – FRANCE
Cette photo a été prise à Nice, dans la rade de Villefranche, là où je plonge et où je réalise mes records, juste avant les Championnats du Monde d'apnée en 2013, pendant une session que Franck avait décidé d'organiser à un moment très particulier. Il avait eu cette idée et m'avait demandé de me faire une combinaison rouge spécialement pour ce shooting, pour essayer de faire marier le rouge et la lumière rasante orange qui vient se réfléchir dessus. Je pense que ce qu'il a voulu montrer dans cette photo, c'est qu'il y a la vie terrestre, mon univers, mais qu'il suffit de passer juste sous la surface pour voir cette autre partie de moi que j'habite aussi. C'est ce que m'évoque cette photo, il suffit juste d'aller un peu dessous, pas besoin d'aller dans les grandes profondeurs, pour être dans un autre monde.

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finlande
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LAC SONNANEN - FINLANDE
Les conditions sont extrêmes : l’équipe filme sous la glace, tempête de neige, eau à 2°, il fait -15° dehors. Une équipe est en train de filmer Julie. Assise, elle attend que je récupère parce que pour moi c'est un moment compliqué. Pour les besoins du film et du livre, je dois porter la même tenue sur toutes les images. Et c’est une combinaison très fine que j'utilise sous les Tropiques. Ce n’était un problème nulle part ailleurs sauf ici en Finlande. Je n'ai pas de gants, pas de chaussons, juste une petite bassine avec de l'eau chaude pour que je puisse me réchauffer les mains et les pieds entre chaque prise. J'ai une moue de souffrance parce que j'ai vraiment mal entre les séquences, mais il vaut mieux que je souffre à l'extérieur et que je sois serein dans l'eau ! Pour la photo ou pour la vidéo, il vaut mieux qu'on ne voit pas la douleur….

Guillaume-Nery
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«One Breath Around The World» en projection exclusive au Salon de la Plongée les 11, 12 et 13 janvier après-midi, Parc des Expositions Porte de Versailles, Paris. Disponible en ligne le 1er février 2019.
«A plein Souffle», de Guillaume Néry et Franck Seguin, Éditions Glénat, 35 euros, sortie janvier 2019.

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