ENVIRONNEMENTLes navires fluviaux coupent le moteur à quai à Bordeaux, dès le printemps

Bordeaux: Les navires fluviaux arrêteront leurs moteurs à quai, mais pas les paquebots maritimes

ENVIRONNEMENTLa Métropole, en partenariat avec Enedis, va mettre en place à partir du mois d’avril une alimentation électrique des navires fluviaux sur les quais de Bordeaux pour qu’ils coupent leurs moteurs à quai, limitant leur pollution de l’air…
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

L'essentiel

  • Une alimentation électrique à quai va être installée et mise en service début avril sur le ponton Albert Londres. Elle sera testée par différentes embarcations de la croisière fluviale, avant que trois autres pontons soient équipés en 2019.
  • Le coût total de l’opération est évalué à trois millions d’euros, dont 700.000 euros financés par Enedis.
  • Une étude sur la pollution de l’air provoquée par les paquebots maritimes de croisières va être menée à partir du printemps.

A partir d’avril 2018, puis progressivement en 2019, les navires fluviaux vont être invités à couper leurs moteurs sur les quais Bordelais et à se brancher sur une alimentation électrique. « On va économiser 500 litres de gasoil par jour, réagit Jean-Marc Portebois, responsable navigation Sud-Ouest pour Croisieurope, qui dispose de deux embarcations de croisière fluviale en résidence à Bordeaux. Le moteur ne sera plus en route donc plus de fumées ni de bruits ». Cinq compagnies, disposant au total de six navires, résident à Bordeaux et seront concernées par cette mesure. Elles proposent des croisières oenotouristiques et naviguent entre Cadillac, Blaye, Bourg, Cussac etc.

Quatre pontons équipés au total

Bordeaux Métropole, en partenariat avec Enedis, gestionnaire du réseau électrique, va commencer par installer une borne électrique sur le ponton Albert Londres, situé près du skate Park. La compagnie Croisieurope va donc pouvoir le tester dès le mois d’avril. « Beaucoup d’autres fleuves sont déjà équipés, que ce soit le Rhin ou le Rhône », avance Jean-Marc Portebois.

« Sur ce ponton, nous allons pouvoir tester la compatibilité des différents raccordements de schémas électriques sur l’ensemble des types de paquebots fluviaux », explique Jean Philippe Dreuille Directeur Enedis sur Bordeaux Métropole. C’est le premier équipé car un transformateur est déjà installé à proximité. Il faudra ensuite prévoir l’installation « esthétique » de trois autres transformateurs pour électrifier trois pontons supplémentaires sur les quais classés Unesco. Les travaux de la première phase vont être menés très prochainement et devront être terminés avant le début du marathon nocturne de Bordeaux, prévu le 24 mars.

Cinq compagnies comptant au total six paquebots sont installés sur le bassin de navigation Bordelais.
Cinq compagnies comptant au total six paquebots sont installés sur le bassin de navigation Bordelais.  - E.Provenzano / 20 Minutes

Trois millions d’euros déboursés

« Le coût de la totalité de l’opération est de trois millions d’euros, dont 700.000 supportés par Enedis, et la Région va aussi être sollicitée sur ce dossier », explique Laurent Hodebar, directeur de la Mission Tourisme à Bordeaux Métropole, qui précise qu’une étude concernant cette électrification a été lancée il y a deux ans. « Quand on a commencé à évoquer la pollution de la croisière fluviale il y a deux ans, on nous a regardés avec des yeux ronds, estime Pierre Hurmic, conseiller municipal d’opposition EELV. C’est quelque chose qui se fait ailleurs et la Métropole le fait avec du retard mais c’est déjà ça ».

En plus de la redevance dont s’acquittent les compagnies pour s’amarrer sur les quais en résidence, 50.000 euros HT par an, elles devront prendre en charge la facture d’électricité. « On ne connaît pas encore le coût, on attend fin avril pour avoir un mois de recul », précise Jean-Marc Portebois, qui voit cette mesure d’un très bon œil, conscient que les croisiéristes aussi attachent un intérêt croissant à l’écologie.

Et les paquebots maritimes de croisières ?

Les grands paquebots, qui accueillent jusqu’à un millier de croisiéristes chacun à Bordeaux quand les fluviaux les transportent par centaines, sont montrés du doigt en matière de pollution de l’air. Une étude sera menée au printemps par l'ATMO pour évaluer les conséquences des escales de ces géants des mers sur la qualité de l’air.

Des bornes électrifiées pour ce type de paquebots semblent très complexes à mettre en place, les infrastructures s’avérant très volumineuses pour leur fournir la puissance nécessaire. « Il y a un renouvellement important des flottes car c’est un secteur très dynamique, estime Laurent Hodebar. Ces paquebots sont donc de plus en plus équipés de scrubbers (qui filtrent l’oxyde de soufre, substance la plus dangereuse qui émane des cheminées). » Un argument qui ne convainc pas son opposant écologiste : « seuls les paquebots très récents de moins de trois ans en sont dotés, relève-t-il, combien de ceux qui ont fait escale à Bordeaux en sont équipés ? »

Si le conseiller écologiste convient de la difficulté de proposer une alimentation électrique à ces paquebots, il pense que l’aura touristique de la Ville pourrait lui permettre d’avoir des exigences vis-à-vis de ces villes flottantes qu’elle accueille en escale. « On pourrait leur demander de s’alimenter à quai avec du gaz naturel liquéfié (moins polluant que le diesel) ou de s’équiper de scrubbers », suggère l’élu vert. Nul doute que les résultats de l’étude de l’ATMO menée pendant la haute saison seront scrutés avec attention.

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