Académie de marine : et vogue le navire !

Fin 2019, cette institution, fondée par Louis XV, s'installera dans l'ancien hôtel de la Marine, place de la Concorde à Paris. Un retour aux sources.

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L'Académie de marine, fondée en 1752, est pour le moment hébergée au sein de l'École militaire à Paris.

L'Académie de marine, fondée en 1752, est pour le moment hébergée au sein de l'École militaire à Paris.



© DR

Temps de lecture : 4 min

Fondée en 1752, l'Académie de marine a vu passer les plus grands navigateurs : de Louis-Antoine de Bougainville à Marc Pajot, en passant par Gérard d'Aboville. Installé à Brest jusqu'à la Première Guerre mondiale, cet institut dédié au développement des hautes études concernant les questions maritimes avait emménagé dans l'hôtel de la Marine en 1921. L'établissement public, créé par Louis XV, s'apprête à s'y réinstaller à la fin de l'année prochaine, une fois achevés les travaux de rénovation de ce bâtiment historique dominant la place de la Concorde à Paris.

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L'amiral Coldefy, qui préside cette institution depuis deux ans, espère que le grand public la redécouvrira à cette occasion. Héritière de l'Académie royale de Brest, mais non affiliée à l'Institut de France comme peuvent l'être l'Académie française ou celle des sciences morales et politiques, cette institution est composée de 78 membres, « tous bénévoles », insiste son président. « Notre Académie bénéficie d'un budget annuel de fonctionnement modeste, de 80 000 euros environ. Le ministère des Armées met, par ailleurs, à notre disposition deux salariés à temps plein et un troisième à mi-temps », détaille-t-il.

L'amiral Alain Coldefy, ex-pacha du Clémenceau et ancien conseiller du ministre de la Défense, préside l'Académie depuis 2016. 

© DR

Les membres de cet établissement public, temporairement hébergé à l'École militaire à Paris, sont désignés par décret. Ils se répartissent en six sections et produisent des études à l'attention du chef d'état-major de la marine. « Mais nos sections n'émettent pas uniquement des études militaires. Nous produisons des préconisations à l'usage de l'exécutif sur des thématiques couvrant un éventail large : de la pêche à la plaisance en passant par l'économie et le droit de la mer, sans oublier, bien sûr, la marine militaire et la marine marchande », émet Alain Coldefy.

Les rapports de l'académie font ainsi le point sur l'avancée des sciences et techniques de navigation, l'océanologie, ainsi que les problèmes géostratégiques qui peuvent concerner les océans. Certaines de ces études sont scrutées avec attention : comme celle portant sur « le paysage de l'industrie navale en Europe » ou « l'ambition maritime chinoise ». D'autres font l'objet de communications quasi universitaires, de par l'ampleur de leur sujet. Telle celle portant sur « la prise en compte des enjeux de défense et de sécurité nationale dans la planification de l'espace maritime en France ». Toutes sont censées inspirer l'action gouvernementale. « Mais il arrive que nous ne soyons pas écoutés », regrette un académicien, qui pointe que la loi littoral, présentée en janvier 2017 à l'Assemblée nationale par le cabinet de Ségolène Royal, alors ministre de l'Environnement, « n'a visiblement pas du tout intégré ce que l'Académie de marine a écrit sur le sujet ». L'ensemble des travaux de l'institution est pourtant facilement accessible sur son site Internet.

Débats et voyages

« Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les marins ne sont pas majoritaires dans nos rangs », indique Alain Coldefy, lui-même ancien commandant du porte-avions Clemenceau qui s'apprête à rendre son tablier, dans quelques jours, après deux mandats : l'un comme vice-président, l'autre comme président. L'académie ne compte qu'une douzaine d'amiraux. « Le corps le mieux représenté chez nous est indéniablement celui des polytechniciens », poursuit l'officier général, passé par les cabinets de deux ministres de la Défense (François Léotard et Charles Millon).

Aux côtés de ses 78 membres de droit, plus de 200 invités permanents contribuent aux débats au sein de son assemblée. Ils se réunissent tous les 15 jours en commission de travail, chaque section organisant, à tour de rôle, une conférence publique par mois. On ne chôme pas à l'académie. « Nous organisons également des voyages d'étude qui ne sont pas financés par des deniers publics mais payés par les participants eux-mêmes », précise-t-on au sein de l'institution.

Si, par le passé, les travaux de l'académie ont contribué à l'amélioration des instruments de navigation, mais aussi à des découvertes territoriales – trois de ses membres (Charles d'Escures, Claret de Fleurieu et Fleuriot de Langle) ont ainsi participé à l'expédition que conduisit La Pérouse jusqu'aux îles Salomon –, le prestige de l'Académie de marine réside aujourd'hui, principalement, dans sa section dédiée à l'histoire, aux lettres et aux arts. Section au sein de laquelle siège l'écrivain Didier Decoin et qui remet chaque automne des prix qui portent le nom de l'académie.

Le 15 octobre prochain, une page se tournera. Yves Desnoës, ingénieur général de l'armement et membre correspondant du Bureau des longitudes, prendra la présidence de l'académie. Xavier de La Gorce, ancien secrétaire général de la mer et actuel président de la Société nationale de sauvetage en mer, prendra sa succession en 2021. C'est à lui que reviendra le soin de célébrer le centenaire de la résurrection de l'académie, à la faveur de son déménagement de Brest à Paris. Alain Coldefy restera membre titulaire de l'académie. On ne quitte pas si facilement un navire entre deux ports...

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Commentaires (3)

  • Alpilles13

    Il vaut mieux qu’ils soient accueillis « gratuitement » par l’Hotel de la Marine après avoir été logés « gratuitement » à l’Ecole Militaire que de devoir loué des bureaux ailleurs, qui seraient de toute façon financés par l’Etat, donc le contribuable !
    Ce qui est vrai c’est que le coût annuel véritable de cette noble institution n’est pas de 80000€, bien sûr ! Notamment si on prend en compte les salaires des permanents détachés à son service. 3 personnes à salaire moyen c’est au minimum 150000€ charges sociales comprises.
    Même avec cela on peut saluer pour une fois la sobriété globale de cette Académie ! Budget global bien modeste d’une institution utile et productive. Budget représentant bien moins qu’un seul rapatriement du Japon d’un Premier Ministre fatigué...
    Pour les excès et autres gabegies évitables nous avons les dossiers gratinés sortis récemment, notamment dans Le Point, qui eux donnent le vertige et la nausée qui l’accompagne...
    J’y pense : par exemple, combien nous coûte le soutien à vie de nos deux derniers présidents de la République (bureaux, personnels, sécurité... ) ? Grassement rémunérés par nous également et ayant de gras revenus privés par ailleurs. Certainement pas que quelques centaines de milliers d’euros... Autrement choquant !

  • anneg

    Un groupe d'experts qui bossent et ne coûtent rien au contribuable ? Dommage qu'il n'y en ait pas plus. Ceci dit, qui paye le loyer et l'entretien de l'hôtel de la marine ? A mon avis ça vaut largement plus que 80 000 euros par an.

  • déon34

    J'en suis très heureux après toutes les sornettes que nous
    avons entendues - mon Dieu
    quel joie !