Le transport maritime prend sa part de la transition énergétique
Les « gilets jaunes » s'indignent que le fuel lourd des navires ne soit pas taxé comme l'essence et le gasoil. Mais le transport maritime est engagé dans une mutation profonde de ses modes de propulsion.
Par Antoine Boudet
C'est une antienne entendue sur les barrages des « gilets jaunes » : « on taxe les carburants de nos voitures et camions mais pas le kérosène des avions et le fioul lourd des navires ». Des propos que les armateurs, réunis mardi et mercredi aux Assises de l'économie de la mer à Brest, ont du mal à entendre. Car si, en effet, le fioul lourd, qui assure encore la propulsion de la plupart des navires de commerce dans le monde, n'est pas davantage taxé en France, la flotte mondiale est, en revanche, contrainte à une transition énergétique radicale.
Le fioul lourd réduit à la portion congrue
A compter du 1erjanvier 2020, les navires de commerce devront, en effet, abandonner le fioul soufré à 3,5% pour un fioul soufré à un plafond de 0,5%. C'est une décision de l'Organisation maritime internationale qui va profondément changer les modes de propulsion des navires. « Le transport maritime s'est engagé dans une transformation qui ne passe pas par la fiscalité, mais par des normes. C'est plus contraignant, comme si l'on disait aux automobilistes de changer de voiture », a souligné le ministre de l'Ecologie et de la Mer, François de Rugy lors de son discours ce mercredi devant les quelque 1.500 participants à ce rendez-vous annuel des professionnels de la mer.
Selon le magazine spécialisé « Le Marin », le fioul soufré à 3,5% (qui pourra continuer à être utilisé sur les navires équipés des épurateurs de gaz d'échappement) ne devrait plus représenter que 20% des soutes marines après 2020, contre plus de 90% avant. La très grande majorité des quelque 50.000 navires concernés devraient se tourner vers les nouveaux fiouls allégés à 0,5%, tandis que les carburants alternatifs représenteraient quelque 10% du marché.
Des alternatives crédibles
Parmi eux, le gaz naturel liquéfié fait figure d'alternative crédible. L'armateur français CMA CGM, quatrième transporteur maritime de conteneurs mondial, en est le pionnier avec une commande de neuf méga porte-conteneurs de 22.000 EVP (pour équivalent vingt pieds, l'unité de mesure des conteneurs) propulsés au GNL. Les premiers navires de croisière au GNL s'apprêtent par ailleurs à prendre la mer. Quant à la propulsion électrique, elle commence aussi à faire des adeptes, comme l'opérateur de ferry suédois Stena Line.
Antoine Boudet