Des chercheurs israéliens sont parvenus à écouter les sons venus d’une pièce en observant les vibrations émises par l’ampoule qui pendait au plafond, ils expliquent dans un papier paru le 12 juin 2020. Une technique relativement simple dans un monde où les méthodes d’espionnage sont de plus en plus régies par les nouvelles technologies comme les spywares ou les cyberattaques.

Une expérience réussie

Baptisée « lamphone » par ses inventeurs, cette technique peut être réalisée avec un télescope, un ordinateur portable et un capteur électro-optique. Elle consiste à analyser les vibrations d’une ampoule lorsqu’elle réagit au son dans la pièce où elle se trouve, et à les retranscrire en conversation. Dans leur étude, les chercheurs expliquent :

« Les fluctuations de la pression atmosphérique à la surface de l’ampoule suspendue (en réponse au son), qui font que l’ampoule vibre très légèrement, peuvent être exploitées par la technique d’écoute pour récupérer la parole et le chant, de manière passive, externe et en temps réel ».

Lors de leur test, les chercheurs ont capturé les vibrations d’une ampoule LED de 12 watts, alors qu’ils diffusaient de la musique et des enregistrements audio. Pour ce faire, ils ont positionné trois télescopes en dehors de la pièce, environ à 25 mètres de cette dernière, et les ont pointé vers l’ampoule pendante. Les signaux électriques émis par l’objet ont ensuite été convertis par le capteur et reconstruits en son avec une fidélité étonnante. Un discours de Donald Trump a ainsi pu être transcrit par l’interface Cloud Speech de Google, tandis que la chanson « Let it Be » des Beatles a été reconnue par l’application Shazam.

Avantages et limites

L’exploitation de la fréquence sonore est une méthode connue dans les domaines du piratage et de l’espionnage: l’année dernière, des universitaires ont réussi à hacker Siri, Alexa et Google Assistant grâce à un laser reproduisant les vibrations de la voix humaine. Toutefois, les chercheurs insistent sur la méthode « lamphone ». Elle présente, selon eux, un avantage estimable car elle permet de retranscrire une conversation en temps réel et donc, d’agir rapidement. Elle est en outre moins invasive que les techniques d’écoute plus traditionnelles, puisqu’elle ne nécessite pas l’ajout d’un micro à proximité de la pièce.

Néanmoins, la technique possède encore quelques limitations : on ignore si elle serait aussi efficace avec une lampe directement accrochée au plafond par exemple, ou avec une ampoule à incandescence, connue pour être beaucoup moins sensible au son que sa cousine LED. L’expérience a par ailleurs été réalisée avec un volume légèrement plus élevé qu’une conversation lambda entre plusieurs personnes. Les chercheurs sont néanmoins confiants pour la suite de leur méthode :

« Comme orientation future de la recherche, nous suggérons d’analyser si le son peut être récupéré via d’autres sources lumineuses. Un exemple intéressant est d’examiner s’il est possible de récupérer le son de fleurs décoratives LED au lieu d’une ampoule ».

La technique dite du « lamphone » devrait être présentée plus en profondeur au mois d’août, lors de la conférence Black Hat.