Résidences privées pour aînés

Il existe d’autres modèles

Le reportage de l’émission Enquête intitulé « L’or gris » diffusé la semaine dernière à la télé de Radio-Canada soulève d’importants questionnements ayant trait à l’exploitation des résidences privées pour aînés (RPA) et à la place qu’elles occupent dans le continuum allant du soutien à domicile jusqu’à l’hébergement et aux soins de fin de vie pour les personnes âgées du Québec.

Le reportage en question portait exclusivement sur les établissements à but lucratif, et en particulier au sein de ceux-ci les grands groupes de promoteurs et de propriétaires qui occupent une position dominante dans l’offre de logements pour la population âgée de 75 ans et plus.

L’émission Enquête s’attarde surtout au manque de considération des droits des résidants et aux coûts des services offerts par les grandes résidences à but lucratif. Nous laisserons les corporations mises en cause par les allégations très précises contenues dans le reportage le soin de répondre aux questions les concernant.

Il nous apparaît cependant important de souligner que le reportage ne fait aucune mention de l’existence d’un réseau de résidences et d’habitations communautaires, à but non lucratif. Or, il faut savoir qu’il existe d’autres options que les résidences privées à but lucratif. Parmi les 1745 RPA au Québec, on en compte en effet quelque 230 qui appartiennent à des organismes sans but lucratif.

À ces 230 RPA sans but lucratif s’ajoutent des centaines d’habitations communautaires destinées exclusivement aux personnes aînées, présentes dans toutes les régions du Québec et dans plus de 300 municipalités.

Contrairement aux grandes RPA privées, ces habitations n’ont pas comme but d’assurer un rendement à des investisseurs ni de faire des profits. Elles sont le fruit d’initiatives locales et leur seul objectif est de fournir des logements et des services répondant aux besoins et au meilleur coût possible.

Les locataires ont un mot à dire et une place dans l’administration de ces habitations. En milieu rural comme dans les grandes villes, elles permettent aux personnes âgées de vieillir chez elles, dans leur communauté. Le respect de l’autonomie et de la capacité de décision des résidants est au cœur de leur identité.

Avec ses 25 000 ménages locataires, le modèle des habitations communautaires pour aînés a fait ses preuves. Il s’agit d’une option de choix pour loger les personnes aînées à revenu faible ou modeste, à la recherche d’un logement abordable et sécuritaire.

Bon nombre de ces habitations et ces RPA sans but lucratif ont été réalisées avec l’aide du programme AccèsLogis de la Société d’habitation du Québec, dont un volet appuie la construction de résidences pour aînés autonomes ou en légère perte d’autonomie.

Pour répondre aux besoins croissants des personnes vieillissantes, le gouvernement du Québec doit relancer sans plus tarder la réalisation de nouveaux ensembles de logements pour aînés dans le cadre du programme AccèsLogis. Le Réseau québécois des OSBL d’habitation souhaite que des annonces soient faites en ce sens dès la mise à jour budgétaire, le 12 novembre.

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