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L214 alerte sur les conditions d'élevage des perdrix et faisans destinés à être chassés
L214 alerte sur les conditions d'élevage des perdrix et faisans destinés à être chassés
L214

Dans une vidéo choc, L214 dénonce les conditions d'élevage de faisans et perdrix dédiés à la chasse

Bien-être animal

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L'association L214 a publié mercredi 23 septembre une vidéo montrant la réalité de l'élevage de faisans et de perdrix destinés à être chassés. Prise à Missé dans les Deux-Sèvres, l'enquête met en lumière l'élevage de Gibovendée, leader européen du secteur.

Cadavres de volatiles, perdrix et faisans enfermés dans des petites cages : dans une nouvelle enquête publiée ce 23 septembre nommée « Une usine de chair à fusil », l'association de défense des animaux L214 dénonce les conditions d'élevage de perdrix et faisans destinés à la chasse. Les militants ont visé le site de Gibovendée, situé dans les Deux-Sèvres près de la commune de Missé. Cette entreprise est leader du marché européen et exporte des milliers d'individus en Europe pour être abattus lors de chasses.

En collaboration avec Pierre Rigaux, un naturaliste indépendant, l'enquête montre comment plusieurs centaines ou milliers d'oiseaux grandissent enfermés à plusieurs dans des cages. Pour qu'ils ne se fassent pas de mal, l'entreprise Gibovendée leur a posé un anneau ou un couvre-bec. Pour autant, on peut les voir tenter de s'échapper des cages en se blessant au grillage. Une autre partie de ces oiseaux sont même parqués dans des grandes salles, vivant ainsi par milliers sans avoir accès à l'air libre. De son côté, L214 précise qu'une bonne partie ne survit pas, en témoignent les piles de cadavres visibles dans la vidéo.

Interrogé dans Le Monde, Jean-Christophe Chastang, le président du Syndicat National des Producteurs de Gibier de Chasse, dénonce une méthode d’intrusion de L214 dans l’élevage « illégale et ignoble ». Il conteste fermement les accusations de l'association, expliquant pratiquer « une activité saine, encadrée, réglementée et extrêmement contrôlée. »

"Inadaptation des oiseaux"

Le communiqué qui accompagne l'enquête rappelle que la France élève chaque année 14 millions de faisans et 5 millions de perdrix destinés à la mort. Alors qu'ils sont relâchés quelques heures ou jours avant le départ de la chasse, sur les 80% qui sont tués près de 30% décèdent dans la nature car ils n'y sont pas habitués et 50% sont chassés. « La justification de la chasse par le besoin de régulation de la faune sauvage est un leurre absolu » précise encore l’association.

Le sujet avait déjà été abordé par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) à l'occasion d'un rapport publié en 2016 . «Lors de chasses commerciales, les faisans et perdrix sont lâchés en vue de tirs le jour même, en essayant de lâcher un nombre d’oiseaux adapté au nombre de chasseurs pour limiter des pertes onéreuses en oiseaux. » Dans ce document, l'organisme soulignait également « l’inadaptation de ces oiseaux à l’environnement de lâcher ».

Agir sur les débouchés commerciaux

Pour L214, la solution est claire. Il faudrait une loi qui interdit l'élevage d'animaux destinés à la chasse. Cependant, à cause de la difficulté d'obtenir la rédaction d'un tel texte « au vu de la pression que subissent les élus par le monde de la chasse », l'association appelle à empêcher les débouchés commerciaux de Gibovendée. Selon un sondage Ifop de 2017, 64% des Français (et 71% de ruraux) sont favorables à une interdiction par la loi des élevages et des lâchers d'animaux prévus pour la chasse.

L'entreprise réalise, selon l'enquête, près d'un tiers de son chiffre d'affaires au Royaume-Uni. Alors que « de nombreuses compagnies maritimes » refusent de transporter les poussins de faisans et de perdrix, ces derniers sont encore exportés par le tunnel sous la Manche. Ainsi, l'association lance une pétition afin de demander à Eurotunnel de refuser le transport des animaux qui sont voués à être chassés.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne