Encore faiblement touchée, Cuba estime pouvoir gérer la crise mieux que les autres.

Encore faiblement touchée, Cuba espérait pouvoir gérer la crise mieux que les autres.

afp.com/Adalberto ROQUE

Avec un brin de cynisme, Cuba s'est imaginé un instant qu'il pourrait instrumentaliser du coronavirus. Le week-end dernier, alors que les compagnies aériennes du monde entier fermaient leurs lignes l'une après l'autre, la société nationale Havanatur proposait encore aux vacanciers de la région caraïbe de se réfugier sur la plus grande île des Caraïbes.

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Le slogan d'Havanatur était simple : "Baignée toute l'année par le soleil et ayant pris les mesures adéquates, nous avons davantage de forces contre le Covid-19. Depuis les Caraïbes, Cuba une destination sûre. Visitez-la avec Havanatur", pouvait-on lire sur le compte Twitter de la société aux mains des généraux cubains qui contrôlent 100% du secteur du tourisme. Jugé "déplacé" par les internautes, le tweet a rapidement été effacé par Havanatur.

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Toutefois, trois jours plus tard, la gouverneure de la province de Matanzas - qui est à ce titre la représentante officielle du régime castriste - assurait encore que la célèbre station balnéaire de Varadero (côte nord de l'île) était "une destination compétitive pour se prémunir du Covid-19" puisque aucun cas de coronavirus n'a été signalé dans la région.

Dans le même temps, des premiers cas de patients atteints du virus sont apparus sur l'île : 21 au total, en date du 21 mars, dont plusieurs Italiens, parmi lesquels se trouve le premier mort, décédé jeudi 19 mars.

Le tourisme, ce pilier essentiel de l'économie cubaine

Hier, samedi 21 mars, le gouvernement cubain donc a effectué un virage sur l'aile, en annonçant qu'à partir du mardi 24, l'île communiste serait fermée aux touristes pour une durée de 30 jours renouvelables. Et que seuls pourraient atterrir à Cuba les ressortissants de l'île rentrant chez eux. Ceux-ci seront soumis à une quarantaine préventive de 15 jours à leur arrivée dans des postes de santé. Et cela, qu'ils présentent ou non les symptômes du coronavirus.

Environ 60 000 touristes étrangers, (Canadiens, Italiens...) encore présents sur l'île seront rapatriés vers leurs pays respectifs dans les prochains jours. La majorité des hôtels s'apprêtent à fermer leurs portes.

Il s'agit d'un coup dur pour l'économie cubaine, qui avait déjà vu le nombre de touristes chuter de 20% en janvier en raison des restrictions imposées par l'administration Trump. Celle-ci a interdit aux Américains et aux croisiéristes de se rendre à Cuba, située à seulement 180 kilomètres des côtes de la Floride.

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L'industrie du tourisme représente 7% du PIB et constitue une source de devises vitale pour le régime. Plus de 4 millions de vacanciers se sont rendus à Cuba en 2019. Encore largement épargnée, l'Amérique latine devrait subir la pandémie avec trois semaines de retard sur l'Europe. A Cuba, où la population est âgée, les conséquences pourraient être dramatiques.

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