Au Brésil, le secrétaire d’Etat à la Culture limogé après un discours reprenant des mots de Goebbels

Capture d’écran de l’allocution de Roberto Alvim.

Capture d’écran de l’allocution de Roberto Alvim. CAPTURE D'ÉCRAN /CULTURAGOVBR

Roberto Alvim a plaidé une « malheureuse coïncidence rhétorique ».

Sa déclaration avait provoqué un tollé sur les réseaux sociaux. Elle a finalement eu raison de sa place au sein du gouvernement brésilien. Roberto Alvim, secrétaire d’Etat à la Culture de Jair Bolsonaro, a été démis de ses fonctions, vendredi 17 janvier, au lendemain de la diffusion d’une vidéo pour le moins choquante.

Dans cette allocution, annonçant la création d’un « Prix national des Arts », Roberto Alvim a en effet livré un discours contenant plusieurs références à un discours de l’ancien ministre de la propagande de l’Allemagne nazie, Joseph Goebbels, explique le journal brésilien « O Globo », cité par Franceinfo. « L’art brésilien de la prochaine décennie sera héroïque et national », lance Roberto Alvim.

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« Il sera doté de grandes capacités d’implication émotionnelle et sera impératif, puisque profondément lié aux aspirations urgentes de notre peuple, ou ne sera pas. »

Les similitudes avec les mots prononcés par Goebbels sont évidentes. « L’art allemand de la prochaine décennie sera héroïque, fortement romantique, objectif et dépourvu de sentimentalisme, national avec un grand pathos et tout aussi impératif et contraignant… Sinon il ne sera pas », avait déclaré le dirigeant nazi.

Roberto Alvim a plaidé une « malheureuse coïncidence rhétorique ». « Il n’y a aucun problème avec cette phrase. Tout le discours a été basé sur un idéal nationaliste pour l’art brésilien et il y a une coïncidence », s’est-il défendu, disant toutefois que « la phrase en soi est parfaite ».

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Au-delà des mots, la mise en scène avait elle aussi de quoi interpeller. Roberto Alvim prononce ce discours assis à son bureau, où trône une croix en bois, avec comme musique de fond l’opéra « Lohengrin » de Richard Wagner, compositeur célébré par l’Allemagne nazie.

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« Valeurs conservatrices »

Roberto Alvim avait déjà suscité un tollé fin juin, peu après sa nomination à la tête de la Funarte, en lançant sur les réseaux sociaux un appel à « créer une machine de guerre culturelle » avec le soutien d’artistes « alignés avec les valeurs conservatrices ». « On peut dire que c’est un combat similaire à celui des croisades. Nous nous battons pour notre civilisation judéo-chrétienne, contre sa destruction par les forces progressistes », avait-il affirmé en juillet.

En septembre, il avait également causé l’indignation en critiquant sur les réseaux sociaux un monument de la culture brésilienne, la comédienne Fernanda Montenegro, 90 ans, lauréate de l’Ours d’argent au festival de Berlin en 1998 pour le film « Central do Brasil ».

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Un de ses prédécesseurs au poste de secrétaire à la Culture, Henrique Pires, avait claqué la porte fin août en affirmant qu’il préférait « être au chômage » que d’« applaudir à la censure ».

Les critiques ont fusé ces dernières semaines dans les milieux artistiques contre le gouvernement Bolsonaro, accusé de censurer des projets culturels, notamment sur des thématiques LGBT, en les privant d’accès à des subventions publiques.

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