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Elizabeth Warren abandonne la course démocrate à la présidence mais elle n’a pas dit son dernier mot

Elizabeth Warren abandonne la course démocrate à la présidence mais elle n’a pas dit son dernier mot
AFP


La sénatrice du Massachusetts vient d’annoncer son retrait après un Super Mardi super décevant. Même si l’idéologie la rapproche de Bernie Sanders, son intérêt et celui du parti pourraient la conduire à se ranger derrière Joe Biden. 

Deux jours après des résultats extrêmement décevants aux primaires du Super Mardi, où elle est arrivée en troisième place dans son propre État du Massachusetts, Elizabeth Warren vient d’annoncer qu’elle abandonne la course. Celle qui a été brièvement en tête dans les premiers moments de la course ne voyait tout simplement pas de chemin qui puisse la mener à devenir la première femme présidente des États-Unis. La candidate qui avait un plan pour tout n’en avait pas pour renverser la vapeur d’une campagne qui est maintenant clairement une lutte à deux entre Joe Biden et Bernie Sanders. 

Des atouts 

Sa candidature n’était pas sans atouts. Sa performance dans les débats, la préparation méticuleuse de sa campagne et son programme détaillé faisaient d’elle une candidate redoutable. Dans un alignement de septuagénaires pas toujours au sommet de leur forme, sa détermination, sa vigueur et son intellect forçaient ses adversaires à rester sur leurs gardes, tout en faisant oublier qu’elle a elle-même déjà soufflé ses 70 chandelles. Elle était aussi une des préférées des médias, dont le New York Times qui avait endossé sa candidature en même temps que celle d’Amy Klobuchar.  

Professeure de droit à Harvard, Warren faisait mentir le cliché des universitaires ennuyeux et détachés. Elle était proche de ses électeurs et ne manquait jamais l’occasion de passer de longs moments à offrir des occasions de photos à tous ceux et celles qui en voulaient. Son programme radicalement réformiste avait aussi le mérite d’être soigneusement conçu pour passer le test de la responsabilité fiscale. Proches de celles de Bernie Sanders à bien des égards, ses propositions de politiques étaient dans une certaine mesure plus craintes parmi les élites financières, justement parce qu’elles étaient plus crédibles.  

Parce qu’elle est une femme? 

Je ne sais pas si on peut nécessairement tirer cette conclusion dans le cas de Warren, car plusieurs autres facteurs sont en jeu, mais il est certes vrai que les femmes n’ont pas eu la partie facile dans cette course à la nomination démocrate. Kamala Harris et Amy Klobuchar, par exemple, auraient probablement dû, en d’autres circonstances, recueillir plus d’appuis. Est-ce parce que les démocrates ne croient pas qu’une femme peut affronter Donald Trump? C’est possible, même si bien des raisons permettraient de croire le contraire. Je laisserai donc à d’autres le soin de déterminer si ce facteur a été déterminant ou non. 

Son plus grand fait d’armes 

Si Joe Biden poursuit sa lancée, l’Histoire retiendra sans doute au moins une chose de la campagne de Warren, soit sa performance au premier débat mettant en scène Michael Bloomberg. Alors que le milliardaire newyorkais se dirigeait allègrement vers la position de tête dans les sondages en prévision du Super Mardi, Elizabeth Warren l’a carrément éviscéré dans les premières minutes du débat. La suite des choses a démontré que Bloomberg ne s’en est tout simplement pas remis. En évitant à Joe Biden d’avoir à faire le sale boulot de mettre Bloomberg K.O., Warren lui permettra de faire le plein des appuis des millions d’électeurs qui ont été influencés par le bombardement d’annonces publicitaires lancé par Bloomberg à coup de centaines de millions de dollars. 

Une autre occasion de faire la différence 

Elizabeth Warren ne deviendra vraisemblablement jamais présidente, mais elle n’a certes pas dit son dernier mot. Elle a maintenant l’occasion de faire une différence majeure dans la campagne en invitant ses partisans à appuyer un ou l’autre des deux candidats de tête. Évidemment, Bernie Sanders et ses partisans s’attendent à recevoir son appui, puisque ses positions très à gauche la placent dans la même famille idéologique que le sénateur du Vermont. Je m’aventurerais toutefois à dire qu’il est un peu plus probable qu’elle décide d’appuyer Joe Biden.  

Elle aurait de très bonnes raisons pour prendre cette décision qui irait à l’encontre de la plupart des attentes. D’abord, même si elle est idéologiquement proche de Sanders, elle est avant tout une démocrate, ce que Sanders n’est pas. Elle serait donc à mon avis plus encline à prendre cette décision dans l’intérêt du parti plutôt que pour des motifs idéologiques. Il faut aussi souligner qu’elle siège au Sénat et que ses chances de renforcer sa position dans le caucus démocrate seraient bien meilleures si elle met tout son poids derrière le candidat qui est sans contredit le favori de la grande majorité des 45 sénateurs démocrates en poste. Le fait que plusieurs d’entre ceux qui sont électoralement vulnérables perçoivent une candidature de Sanders comme le coup de grâce à leur campagne en 2020 ou en 2022 ajoute à la pression que doit ressentir Warren d’appuyer Joe Biden. Une possible nomination à la vice-présidence pourrait aussi peser assez lourd dans la balance, même si je ne crois pas que Biden la choisira. L’argument qui parviendra probablement le mieux à la convaincre en est un tout simple: Joe Biden a remporté la course dans son propre État du Massachussetts. Pourquoi se mettrait-elle à dos ses propres électeurs? 

Bref, il ne faudra pas être étonné si Elizabeth Warren choisit d’appuyer Joe Biden et, comme j’ai l’imprudente habitude de commettre des prédictions, ce scénario me semble à ce moment le plus plausible. 

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