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Coronavirus: vers une pénurie mondiale de gants médicaux?

Les gants médicaux jetables pourraient manquer

Les gants médicaux jetables pourraient manquer - CHIP SOMODEVILLA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Touchée par une deuxième vague de contamination au coronavirus, la Malaisie, qui produit deux tiers des gants vendus dans le monde, a été contrainte de ralentir drastiquement son activité économique.

Après les masques, le corps médical pourrait être confronté à un nouveau manque: celui des gants jetables. Selon Bloomberg, une pénurie mondiale de gants en caoutchouc est imminente alors que de nombreux pays touchés par l’épidémie de coronavirus cherchent à s’en procurer pour équiper leurs hôpitaux. 

Plus que l’augmentation de la demande, c’est la réduction de l’offre qui risque de poser problème. En effet, la Malaisie, qui fournit 67% des gants médicaux dans le monde (345 milliards d’unités par an), fait face à une deuxième vague de contamination sur son territoire. Le 18 mars dernier, le pays s’est résolu à fermer ses frontières et a ordonné l’arrêt, au moins partiel, de l’activité des entreprises privées, les salariés étant invités à rester chez eux autant que possible.

Des usines au ralenti

Résultat, les usines des fabricants de gants médicaux tournent au ralenti. D’après la Malaysian Rubber Glove Manufactures Association (MARGMA), ses membres, qui produisent trois gants sur cinq vendus dans le monde, peuvent poursuivre leur activité mais avec seulement 50% de leurs effectifs. Insuffisant pour répondre à la demande venue essentiellement d’Asie, d’Europe et des Etats-Unis. 

"La demande d'aujourd'hui est anormale. Les hôpitaux manquent de gants", a déclaré Denis Low, président de la MARGMA. "Nous ne sommes pas en mesure de fournir la quantité que nous voulons. Ce n'est pas notre choix", a-t-il ajouté. 

Certaines entreprises membres de l’association ont ainsi prévu de rencontrer ce jeudi un représentant du ministère du Commerce et de l'Industrie pour obtenir l’autorisation de faire tourner leurs usines avec une main-d’oeuvre au complet. Car le leader mondial du secteur, Top Glove, a indiqué pour sa part avoir obtenu cette dérogation. Désormais, l’entreprise dit fonctionner "24 heures sur 24" avec "deux équipes sur le site de production".

"Il y a déjà une pénurie"

Mais même à plein capacité, les producteurs malaisiens ne seront probablement pas en mesure de répondre aux besoins actuels. Top Glove, qui fournit un peu plus d’un quart des gants vendus dans le monde, enregistre une demande allant jusqu’à 2,6 milliards de gants par semaine, soit le double de ses capacités. "Il y a déjà une pénurie", a reconnu Lim Wee Chai, président de Top Glove. 

D'autant qu'au-delà des fabricants, c'est toute la chaîne qui est touchée. Par exemple, l'un des fournisseurs en boîtes d'emballage de Top Glove a été contraint de fermer, laissant à l'entreprise l'équivalent de seulement deux semaines de boîtes. "Nous ne pouvons pas transporter nos gants dans les hôpitaux sans emballages", a souligné Lim Wee Chai. 

Ce risque de pénurie s’ajoute au manque de masques qui fait l’objet d’une polémique en France. Mardi, les représentants libéraux et hospitalier du secteur de la biologie ont également alerté sur la "pénurie de réactifs et d’écouvillons" nécessaires pour réaliser les tests de dépistage. 

Paul Louis