Charlie Chaplin... et moi

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Si je devais conseiller un film muet à quelqu’un qui n’a pas du tout l’habitude de ce genre de cinéma, c’est sans hésiter que je recommanderais le visionnage des « Temps Modernes », qui est probablement ce que le muet a de mieux à offrir. Dernière œuvre silencieuse de Chaplin, le film combine une perfection formelle (photographie, rythme, musique) à un propos pertinent (la satire de l’automatisation et du travail à la chaîne), le tout mâtiné de gags géniaux et imaginatifs. Pour moi, c’est une succession de séquences merveilleuses (l’usine, le grand magasin) qui sont magnifiées par Charlot et surtout Paulette Goddard, piquante et audacieuse, qui est sans doute la meilleure héroïne d’un Chaplin. Excellent muet, mais aussi, tout simplement, très grand film.

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Les œuvres les plus célèbres de Chaplin sont sans doute ses films muets d’après « Le Kid », pour lesquels il dirige tout : musique, mise en scène, et se filme lui-même. Ces films reprennent souvent les mêmes éléments : ce sont, en particulier, les romances contrariées de Charlot et les séquences où il rêve éveillé. Cela s’accorde parfaitement avec l’atmosphère des « Lumières de la ville », le film de Chaplin où l’histoire d’amour est peut-être la plus centrale et la plus touchante. Dans la grisaille parisienne, deux récits se jouent en parallèle : l’amitié improbable d’un vagabond et d’un millionnaire alcoolique et la romance sans avenir d’une fleuriste aveugle et de son bienfaiteur mystérieux. Un très beau film, dont l’image finale reste gravée en mémoire.

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Pour moi, « Le Kid » est l’un des tous premiers films qui ont fait du cinéma, alors encore balbutiant, un art à part entière. Les années 1920 marquent l’âge d’or du muet, mais, soyons honnêtes, ce terme qualifie mieux les années 1927 et 1928 que le reste de la décennie. Pourtant, dès 1921, Charlie Chaplin frappe fort avec ce film, son premier long métrage, qui marque aussi le début d’une impressionnante série. « Le Kid » est avant tout une comédie, et met en scène un vitrier et son fils adoptif qui recourent à des méthodes astucieuses pour débusquer la clientèle… C’est aussi une œuvre sur l’amour filial, et, à ce titre, un film incroyablement touchant, d’autant plus intense qu’il est très court.

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Moins connu que les autres, « Le Cirque » mérite néanmoins d’être reconnu à sa juste valeur, c’est-à-dire que c’est un très bon film. Chaplin explore l’univers du cirque par le biais du personnage de Charlot, qui s’y retrouve employé presque par hasard. Charlot a les faveurs du public parce qu’il est maladroit ; il est drôle parce qu’il l’ignore (intéressante mise en abyme). Le monde du cirque permet au cinéaste d’exploiter un nouvel univers, ce qui offre son lot de situations où le génie comique de Chaplin fait merveille. Alors, le film n’est pas aussi grandiose que les autres œuvres les plus connues de Chaplin, mais tout fait mouche : personnages, situations et gags, pour un résultat très solide.

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Un film qui rappellera de bons souvenirs aux amateurs de Lucky Luke, « La Ruée vers l’Or » est, en quelque sorte, l’incursion de Chaplin dans le royaume du western. Il met en scène la fièvre de l’or au Klondike, ce qui offre son lot de situations de vie quotidienne précaires qui lui permettent de mettre en place sa comédie de gestes. La vie d’un mineur du grand nord américain n’est pas de tout repos ! L’ambiance western est au rendez-vous et s’accompagne d’un certain nombre d’idées brillantes, au nombre desquelles on dénombre un ours, une séquence de rêve éveillé, les ravages de la famine et un dance floor… Je déplore juste la version narrée avec une voix-off pénible…

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« Le Dictateur » est peut-être le film le plus célèbre de Chaplin ; c’est en tout cas celui qui est porteur du message le plus fort. Sorti en plein contexte de deuxième guerre mondiale, le film s’attaque frontalement au nazisme et à Hitler lui-même, singé par Chaplin dans son premier parlant. Basé sur la confusion entre un dictateur et un barbier juif, le film met en scène de façon farcesque Hitler et Mussolini, s’en moquant à loisir. Le spectre de la guerre et sa gravité n’est toutefois jamais loin, et le monologue final, déclamé par Chaplin qui se substitue à son personnage, reste un grand moment. Si le film est indéniablement important, il est loin d’avoir la puissance des œuvres muettes de Chaplin.

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Un film un peu particulier dans le sens où Chaplin n’est que le metteur en scène, il n’y apparaît pas avec son personnage de Charlot comme dans la plupart de ses longs-métrages (et ça se ressent, c’est assez nettement moins bien). C’est un mélodrame très classique et loin d’être inoubliable, à l’exception peut-être de la partition d’Adolphe Menjou qui est très bon (et qui restera d’ailleurs, dans l’ensemble de sa carrière, comme un second rôle de luxe souvent excellent). Alors, il y a une certaine ambiance parisienne et on est encore dans le pré-code (et ça se voit). Pour le reste, c’est un film honnête, sans vraiment d’intérêt, mais qui se laisse voir sans trop d’ennui.