Les « sardines » italiennes, en rangs serrés contre Salvini

Matteo Salvini

Matteo Salvini MIGUEL MEDINA / AFP

Ce dimanche marque le coup d’envoi, à Rimini, d’une série de manifestations pacifiques d’un nouveau mouvement de résistance démocratique, qui entend bloquer la marche du leader populiste vers le Palazzo

« La fete est finie, Salvini » : tel est le slogan minimaliste des « sardines » italiennes qui veulent bloquer la marche fatale de Matteo Salvini vers le Palazzo. Qui eut cru que ce poisson prolo pouvait devenir en quinze jours le symbôle de l’ultime espoir des démocrates Italiens, effrayés par les sondages qui donnent maintenant la droite subversive à 49,5% des intentions de vote en cas d’élections anticipées ? La marque sera bientôt enregistrée pour éviter les contrefaçons. Mais il faut d’abord se convaincre que ces « sardines » made in Italy ont une saveur vraiment spéciale. Et qu’elles méritent d’être goutées dans leur originalité.

Ce mouvement des sardines est une émanation spontanée de la société civile (« On sera serrés comme des sardines dans une boite »), née lors du flash mob du 14 Décembre à Bologne sur la Piazza Grande. L’objectif ? Opposer aux manifestants salviniens confinés dans un Palazzo aux portes fermées, une foule accueillante et pas factieuse pour un sou, qui sur une place à ciel ouvert, n’insulte personne et ne lance pas un seul pavé. L’évènement politique finira par attirer près de 8.000 manifestants, qui ont ce jour-là affiché sourire et bonne humeur. Et se sont imposé le silence en l’absence totale de drapeaux, de banderoles, de slogans.

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Défi réussi. Si réussi qu’un peu partout dans la Péninsule on s’empresse aujourd’hui de les imiter. Une série de rendez-vous permettront en effet, dans les prochains jours, de tester la longévité et la vitalité de ces sardines d’un nouveau genre dans le paysage politique péninsulaire. Pour l’appel d’un rassemblement à Rimini, ce dimanche 24 novembre, il y a déjà 7.400 inscrits. Une expérience répliquée le 25 à Parme ( 3.800 inscrits); le 28 à Gènes ( 10.500 inscrits); le 30 à Florence ( 1.000 inscrits), ainsi qu’à Naples (8.700 inscrits). En attendant le Ier décembre à Milan, qui annonce 11.000 candidats. Et surtout le 14 décembre programmé à Rome avec déjà... 100.000 manifestants inscrits. Résultat : partout où ira Salvini dans son interminable campagne électorale à travers la Péninsule, il sera élégamment et massivement contesté par des citoyens dont le credo et les méthodes mesurés méritent un coup de chapeau. Pour leur discrétion, leur efficacité et leur refus de la polémique.

Jeunes trentenaires

Le credo des sardines ? Il pourrait tenir en une affirmation : «Chers populistes, pour vous c’est fini!» Au pays des frasques salviniennes à répétition, cette conviction surprendra. Jetons un coup d’œil au Manifeste du « peuple des sardines » rendu public sur Facebook le 21 novembre. Le texte a été écrit par quatre jeunes trentenaires, Giulia Trappoloni, Andrea Gareffa, Roberto Morotti, et celui qui est considéré comme le fondateur du Mouvement, Mattia Santori, 32 ans. Ce dernier est un personnage intéressant, diplomé en Sciences politiques, collaborateur d’une revue liée à l’ex-Président du Conseil Romano Prodi, bien enraciné en Emilie-Romagne, où l’on votera le 26 Janvier pour les élections régionales.

Le Manifeste a inventé un slogan efficace « Bologna non si Lega » (Bologne ne se lie (Ligue) pas) ou « Modena non si Lega », etc.. Mais il développe surtout une critique acerbe et argumentée des populistes , qui ont passé le plus clair de leur temps à « ridiculiser les sujets les plus sérieux », et ont étouffé « les contenus les plus politiques sous un océan de communication vide ». Ses adeptes se définissent comme « des gens normaux, qui aiment les choses amusantes, la non-violence, la créativité et la capacité d’écoute ». Des citoyens qui continuent à « croire dans la politique avec un « P » majuscule ». S’y ajoute le choix de se situer clairement dans le camp démocratique, anti autoritaire et antifasciste. Et, même s’ils sont pacifiques, ces défenseurs de la démocratie et des libertés font preuve d’une indéfectible détermination : « Nous sommes nombreux, des centaines de milliers, plus nombreux et plus forts que vous ». Ou encore :« Vous nous avez réveillés, nous sommes descendus dans la rue, mais c’est vous maintenant qui devez avoir peur!»

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