La machine n’a l’air de rien, elle promet pourtant une grande révolution. La société Toshiba vient d’annoncer avoir mis au point un appareil détectant 13 types de cancer avec une précision de 99% sur base d’une simple analyse sanguine, le tout de manière automatisée. Une révolution d’autant plus que la détection ne nécessite…qu’une seule goutte de sang ! Une arme très importante dans la bataille contre le cancer. Trop beau pour être vrai ? Le point.

Dans la course pour la guérison d’un cancer, le temps est un allié crucial. Plus un cancer est détecté tôt, meilleures sont les chances de rémission. C’est une simple question de logique : plus un cancer est « jeune » moins il a « contaminé » de cellules, plus il est facile de cibler les cellules malignes et de les éliminer efficacement sans causer de dégâts excessifs aux cellules saines que les traitements anti-cancer attaquent également. À l’inverse, quand il est découvert tardivement, les cellules cancéreuses ont eu le temps de proliférer dans les tissus, pour finir par se concentrer en tumeurs de taille conséquente et/ou de se métastaser (pour simplifier, de migrer et contaminer d’autres organes du corps). Alors, le traitement en devient d’autant plus lourd pour l’organisme et les chances de rémission diminuent drastiquement.

C’est pourquoi, outre le développement de traitements permettant de mieux cibler les cellules cancéreuses, la recherche travaille à la détection précoce des cancers. Deux angles d’attaque qui, menés à terme, devraient permettre de diminuer le nombre de victimes du cancer. Pour rappel, le cancer est la première cause de mortalité en France, devant les maladies cardiovasculaires. Au niveau mondial, on parle de 18.1 millions de nouveaux cas et du décès de 9.6 millions de personnes pour 2018. De plus, le cancer est une maladie en expansion, du fait de l’augmentation et du vieillissement de la population mondiale et de la dégradation de nos modes de vie qui nous y expose davantage.

Machine CT Scan développé par Toshiba Corp.

Et dans le domaine de la détection précoce des cancers, Toshiba vient d’annoncer une grande avancée. À première vue, le nom de la compagnie Toshiba vous évoquera plutôt une marque de téléviseur, de téléphone ou d’ordinateur. Rien d’étonnant puisque ce sont des domaines de l’électronique dans lesquels Toshiba a commercialisé des produits à destination du grand public. Mais son expérience dans le domaine de l’électronique, Toshiba l’a aussi mise au service de la recherche médicale dont l’étude du génome et du diagnostic cellulaire qui l’a mis sur la voie de détection du cancer. C’est d’ailleurs la politique dans les grandes entreprises japonaises depuis les années 80 : diversifier un maximum leurs activités afin de mieux faire face aux chocs économiques qui frappent certains secteurs.

C’est alors, contrairement à ce qui semblait impossible quelques années en arrière, que 13 types de cancer vont pouvoir être détectés à partir d’une simple goutte de sang : les cancers de l’estomac, de l’œsophage, du poumon, du foie, des voies biliaires, du pancréas, de l’intestin, des ovaires, de la prostate, de la vessie et du sein, ainsi que les sarcomes et les gliomes.

La machine développée par Toshiba. Image : Toshiba Corp.

Toshiba a développé cette technologie en partenariat avec l’Institut de recherche du Centre national du cancer et la Tokyo Medical University. Leur méthode consiste à étudier les types de molécules de microARN qui sont sécrétées par les cellules cancéreuses ainsi que leur concentration dans le sang. D’autres sociétés ont développé des techniques de diagnostic similaires utilisant également les molécules de microARN mais Toshiba affirme obtenir plus de précision, plus rapidement et pour un coût moindre que ses concurrents.

Toutefois si cette technologie révolutionnaire représente une avancée conséquente dans la détection précoce du cancer (et donc sa prise en charge) sa commercialisation à large échelle ne devrait pas être effective avant quelques années encore. Il faudra encore passer par de multiples tests cliniques confirmant son efficacité et ainsi débloquer les autorisations légales de commercialisation. Mais quand ce moment sera venu, le patient n’aura qu’à se soumettre à une petite prise de sang, dans le cas d’un bilan annuel de santé par exemple, pour savoir s’il est en train de développer un de ces cancers. Son sang sera alors analysé par un dispositif contenant la technologie mise au point par Toshiba et qui rendra son diagnostic en deux heures pour un coût annoncé de 20 000 yens (170€) tout au plus. Selon le succès système de l’invention et sa généralisation, ce coût devrait forcément diminuer dans le temps.

La lutte contre le cancer en est-elle à un tournant salvateur ? Alors que les techniques de destruction ciblée des cellules malignes s’améliorent chaque année, on veut fortement croire que oui…

S. Barret


Pour un média libre et indépendant sur le Japon, soutenez Poulpy ? sur Tipeee !