Alors que l'est du pays est toujours très instable, le nouveau président ukrainien, Petro Porochenko, a annoncé jeudi qu'il signerait le volet économique de l'accord crucial d'association avec l'Union européenne (UE) le 27 juin à Bruxelles.
L'UE et l'Ukraine étaient convenues de signer cet accord en novembre, mais le président ukrainien de l'époque Viktor Ianoukovitch avait fait volte-face sous la pression de Moscou, déclenchant la crise qui a conduit à sa chute.
Le gouvernement par intérim présidé par le premier ministre Arseni Iatseniouk avait signé le volet politique de cet accord à Bruxelles le 21 mars, lequel reconnaissait notamment « les aspirations du peuple ukrainien à vivre dans un pays s'appuyant sur des valeurs, la démocratie et l'état de droit ».
UN PARTENARIAT INÉDIT
Kiev avait repoussé la signature du volet économique parce qu'il impliquait une levée des barrières douanières ukrainiennes visant à protéger d'une compétition européenne directe les paysans et les aciéries dans l'Est.
Certains médias américains, notamment le Wall Street Journal, avaient dans un premier temps indiqué que le nouveau président ukrainien envisageait de repousser la signature de l'accord jusqu'à ce que le pays parvienne à sortir de la récession et jusqu'à une résolution de l'insurrection séparatiste prorusse.
Inédit dans l'histoire de l'UE, l'accord d'association vise à arrimer l'Ukraine à l'Union, sans pour autant déboucher sur son adhésion au bloc des 28.
UN RAPPROCHEMENT SUR LE GAZ
Le même jour que cette annonce, une autre décision importante a été prise par les députés ukrainiens. Confronté à une coupure de l'approvisionnement russe en gaz, le Parlement a accepté jeudi d'examiner un projet de loi confiant la gestion des infrastructures gazières de l'Ukraine à une coentreprise ouverte aux investisseurs européens ou américains.
Cette nouvelle entité, détenue à 51 % par l'Ukraine et à 49 % par des partenaires étrangers, s'occuperait de louer les gazoducs et les sites souterrains de stockage du gaz, dans le but de réduire la dépendance de Kiev vis-à-vis de Moscou tout en garantissant un transit fiable du gaz russe vers l'Europe.
Le gouvernement fait valoir que la coentreprise permettrait l'apport de capitaux et ne justifierait plus la construction par le groupe russe Gazprom et ses partenaires du gazoduc South Stream, qui doit contourner le territoire ukrainien en reliant la Russie à la Bulgarie via la mer Noire.
Le gazoduc South Stream risque de faire perdre à l'Ukraine les frais de transit qu'elle touche sur la livraison de gaz russe à l'Europe occidentale. Kiev espère aussi que la création d'une coentreprise sur le gaz lui permettra de racheter plus facilement à l'Europe une partie de son gaz importé de Russie. Arseni Iatseniouk a estimé que cette inversion des flux pourrait atteindre quinze milliards de mètres cubes par an.
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