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Le Duguay-Trouin, deuxième des six sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) du programme Barracuda, a effectué dimanche 26 mars sa première navigation, en surface et en rade de Cherbourg. Le bâtiment avait quitté samedi soir le dispositif de mise à l’eau (DME) situé devant le chantier Naval Group de Cherbourg, où il a été construit. Mis à l’eau l’été dernier, le Duguay-Trouin avait connu sa première divergence de réacteur le 30 septembre dernier.

 

Diaporama

 

© NAVAL GROUP

Le Duguay-Trouin dans le DME. 

 

Une fois sorti du DME, un gigantesque ascenseur servant en position basse de cale sèche, le Duguay-Trouin a été conduit par les remorqueurs de la base navale de Cherbourg à un quai, avant de débuter sa première sortie dimanche. Il a pu réaliser ses premiers tours d’hélice pour effectuer quelques ronds dans l’eau à l’abri des digues protégeant le port de Cherbourg. Un préalable à sa plongée statique, qui se déroulera sur coffres en dehors de la rade, lorsque les conditions météorologiques seront meilleures. Cette étape permettra notamment de vérifier le système de ballasts, ainsi que la pesée exacte en plongée, la stabilité et l’étanchéité du sous-marin. Après cette plongée statique, le Duguay-Trouin pourra poursuivre ses essais en Manche puis rapidement en Atlantique pour ses premières immersions autonomes et à grande profondeur.

Il rejoindra dans les prochains mois Toulon, où il sera basé et retrouvera le Suffren, premier SNA de ce type, livré en novembre 2020 à la Marine nationale qui l’a officiellement mis en service en juin 2022. Le Duguay-Trouin sera à son tour livré à la flotte française d’ici la fin de l’année.

 

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© NAVAL GROUP

Le Duguay-Trouin sortant du hall de construction de Naval Group en novembre 2021. 

 

© NAVAL GROUP

Le Duguay-Trouin à flot dans le DME en septembre 2022. 

 

Le transfert du Tourville sur le DME prévue cet été

Concernant les quatre autres sous-marins de ce type, Naval Group a fait un point d’étape sur ce programme dans le rapport sur ses résultats annuels publié la semaine dernière. Pour ce qui est du Tourville, sa coque est désormais entièrement constituée (la dernière jonction de section a été effectuée en juin 2022), son massif ainsi que son propulseur (une pompe-hélice) ayant été posés. « Concernant la chaufferie, l’épreuve hydraulique de résistance du circuit primaire a été réalisée et validée le 19 octobre. Plus de 60 % des installations ont été transférées vers TechnicAtome, ce qui permettra le démarrage des essais globaux au cours du premier semestre 2023, avant le transfert sur le dispositif de mise à l’eau prévu à l’été où les travaux d’intégration se poursuivront », précise le rapport de Naval Group.

Le De Grasse en cours d’assemblage

Alors que le Tourville doit être livré à la Marine nationale en 2025, le quatrième SNA de la série, le futur De Grasse, est en cours d’assemblage à côté de son aîné, dans la grande nef du chantier Laubeuf. « Le module appareil moteur a été transféré du site de Nantes-Indret vers le site de Cherbourg le 10 octobre, en vue de son embarquement. Le poste central navigation opération (PCNO) a été embarqué en octobre, et les tranches avant et milieu ont été transférées à côté du Tourville, en vue notamment du démarrage de la phase propre du compartiment chaufferie prévue au cours de l’année 2023 ».

Les travaux avancent sur les deux derniers de la série

Pour ce qui est du cinquième sous-marin, le futur Rubis, « les travaux de coque se sont poursuivis, la cuve et le pressuriseur ont été embarqués sur le module piscine ensemble réacteur, en cours d’intégration sur le site de Nantes-Indret. La livraison de ce module est prévue au cours du premier semestre 2023 ». Enfin, concernant le dernier SNA de série, qui prendra le nom de Casabianca, « la piscine a été livrée sur le site de Nantes-Indret en août, permettant le montage du module piscine ensemble réacteur. Les travaux sur les composants nucléaires se poursuivent, ainsi que la fabrication des tronçons de coque ».

Succession des six Rubis, dont deux ont déjà été désarmés

Pour mémoire, les six SNA du programme Barracuda doivent être à la mer d’ici 2030, afin de remplacer au sein de l’escadrille des sous-marins nucléaires d’attaque (ESNA) basée à Toulon leurs six aînés de la classe Rubis, mis en service entre 1983 et 1993. Deux ont déjà été désarmés, le Saphir (1984) en 2019 et le Rubis (1983) en 2022. Ce sera au tour cette année du Casabianca (1987) puis par la suite de l’Emeraude (1988), de l’Améthyste (1992) et enfin de la Perle (1993), cette dernière allant revenir dans le cycle opérationnel cette année après sa modernisation et sa réparation suite à l’incendie qui avait ravagé sa partie avant en juin 2020.

 

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© BERNARD PREZELIN

Le Suffren. 

 

Des bâtiments plus grands aux capacités sensiblement accrues

Plus grands, plus discrets, plus rapides et plus puissants que leurs aînés, les nouveaux SNA français de la classe Suffren mesurent 99.5 mètres de long pour 8.8 mètres de diamètre et affichent un déplacement de 5300 tonnes en plongée. Ils sont alternativement armés par deux équipages de 65 marins ouverts aux femmes (les premiers marins féminins du Suffren ont récemment achevé leur formation). Ces bâtiments sont équipés d’un réacteur de la famille K15. Conçue par TechnicAtome et réalisé par Naval Group (sur son site de Nantes Indret), la chaufferie nucléaire fournit l’énergie du bord. La propulsion compte un mode silencieux avec deux turbo-alternateurs Thermodyn-Jeumont et deux moteurs électriques de propulsion Exail (ex-ECA) ; ainsi qu’un mode rapide avec une turbine Thermodyn permettant d’atteindre une vitesse de plongée qui serait supérieure à 25 nœuds. Pour améliorer la manoeuvrabilité, notamment à faible allure, les gouvernes à l’arrière sont en forme de X, les barres de plongée n’étant plus situées sur le massif mais à l’avant (elles sont rétractables).

 

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© JEAN-CLAUDE BELLONNE

Le Suffren avec un module DDS derrière le massif. 

 

Lutte ASM et antinavire, frappes dans la profondeur et opérations spéciales

Dotés d’un système de combat SYCOBS (Naval Group), les Suffren sont équipés de sonars fournis par Thales (sonar d’étrave, antennes de flanc, antenne remorquée, sonar d’évitement de mines) et de mâts livrés par Safran (mât optronique de veille, mât optronique d’attaque et mât radar) qui fournit également les centrales inertielles (Sigma 40XP). Equipés de quatre tubes de 533 mm, les nouveaux SNA français disposent en plus d’une réserve de 20 armes : torpilles lourdes F21 (Naval Grou), missiles antinavire Exocet SM39 et missiles de croisière navals (MdCN) de MBDA, ces derniers avec une portée d’environ 1000 km leur conférant pour la première fois sur des SNA français une capacité de frappe dans la profondeur. Ils ont en outre été conçus pour les opérations spéciales avec la possibilité d’embarquer derrière le kiosque un module amovible DDS (dry deck shelter) pouvant abriter les équipements des commandos marine, dont le propulseur sous-marin de troisième génération (PSM3G) produit par Exail.

© Un article de la rédaction de Mer et Marine. Reproduction interdite sans consentement du ou des auteurs.

 

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