Attentats de Paris : l'amertume des Libanais, qui se sentent oubliés

Ce week-end, le monde entier a rendu hommage aux victimes des attaques terroristes de Paris, éclipsant les morts de Beyrouth, la veille.

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Beyrouth, au lendemain des attentats kamikazes qui ont coûté la vie à 44 personnes, le 12 novembre 2015.
Beyrouth, au lendemain des attentats kamikazes qui ont coûté la vie à 44 personnes, le 12 novembre 2015. © Ratib Al Safadi

Temps de lecture : 2 min

Le 13 novembre, 129 personnes perdaient la vie à Paris, 352 étaient blessées selon un bilan encore provisoire. La veille, Beyrouth était elle aussi frappée par l'organisation État islamique, un attentat qui coûtait la vie à 44 personnes et faisait plus de 200 blessés. Dans le premier cas, Facebook a rapidement proposé aux internautes de faire savoir à leurs "amis" qu'ils étaient en sécurité grâce au bouton "safety check". Grâce à ses données de géolocalisation, le réseau social a demandé à tous ceux qui indiquent sur leur page personnelle habiter à Paris et à ceux qui se sont identifiés dans la capitale de se signaler "en sécurité". L'initiative a permis de rassurer les proches des Parisiens et d'éviter que la panique ne se propage. Une fonction à laquelle les Libanais, la veille, n'ont pas eu accès, ce qui soulève des questions quant au traitement du drame et à une certaine hierarchisation.

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"Ça ne choque pas, une explosion à Beyrouth"

Jusqu'aux attaques contre Paris, le dispositif n'était activé que "pour les catastrophes naturelles", se justifie Mark Zuckerberg sur Facebook. Pas suffisant pour de nombreux internautes, dont Nadim H., Libanais vivant à Paris qui a publié une tribune sur le site de L'Obs où il dénonce les différences de traitement entre les deux pays. "On en veut à Facebook parce qu'on se dit que c'est un site qui devrait être pareil pour tout le monde, je pense", écrit-il avant de déplorer le traitement médiatique dans son ensemble. "C'est d'abord une ville que l'on pense tout le temps en guerre. Ça ne choque pas autant les gens quand on entend qu'il y a eu une explosion à Beyrouth", dénonce-t-il, opposant cette image au fantasme de Paris, "le symbole international de la paix, de l'amour, de la beauté".

(Traduction : Paris est une tragédie. Beyrouth est une tragédie. Et le fait que Beyrouth compte moins que Paris est une tragédie.)

Une analyse que partage Pierre Haski, le cofondateur de Rue89 : "Tout le monde, de San Francisco à Sydney en passant par Varsovie, peut s'identifier à un jeune Parisien présent à un concert de rock, se souvenir qu'il est allé ou rêve d'aller en vacances à Paris, personne ne s'identifiera avec l'habitant d'un quartier chiite de Beyrouth (donc "pro-Hezbollah"...), même si c'est un jeune du même âge pas très différent de la victime parisienne...", explique-t-il. Amers, les Libanais ne sont pas pour autant indifférents aux attentats de Paris et ont affiché leur solidarité sur les réseaux sociaux.

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Commentaires (11)

  • BASKILLE

    Oui, pensons à BEYROUTH, ville et pays détruit depuis 40 ans, par ses voisins, pays où il faisait aussi très bon vivre, et en démocratie religieuse, et qui chaque fois, reconstruit, se relève, revit, oui, je pense au LIBAN ;

  • Firetiger

    Et c'est même une pensée qui m'est venue dès les premières réactions étrangères... Pauvre Liban, pays martyrisé s'il en est... Toute victime quelque soit son origine a droit à toute notre compassion.

  • sanouk

    Il y a également les Africains victimes de Boko Haram qu'on a tendance à oublier.