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Alpes : le déclassement du loup n'est pas la solution au problème

Par La Provence

Contre la prédation des troupeaux le changement du statut juridique du loup serait sans doute une bonne chsoe pour le moral des éleveurs mais ne changerait rien sur le fond.

Contre la prédation des troupeaux le changement du statut juridique du loup serait sans doute une bonne chsoe pour le moral des éleveurs mais ne changerait rien sur le fond.

Photo Florian Launette

La modification de son statut d'espèce "strictement protégée" à "protégée" est pourtant réclamée

Un loup aperçu en Moselle à la mi-février. Un autre abattu dans la Marne fin janvier. L'aire d'extension géographique du prédateur, arrivé d'Italie dans les Alpes du sud en 1992, continue de progresser vers le Nord-Est. Loup erratique ou meute constituée, on ne sait ? Mais la première hypothèse est (pour l'instant) la plus probable.

Toujours est-il que canis lupus n'étant pas à proprement parlé un animal de montagne, mais plutôt de plaine et surtout de forêt, il apparaît naturel qu'il rejoigne ces espaces tandis que l'espèce va croissante dans l'arc alpin. Cette situation nouvelle, certains estiment que le loup sera de retour en forêt de Fontainebleau avant la fin de la décennie, inquiète au plus haut point le monde agricole et tout spécialement celui de l'élevage.

Au nom du droit des éleveurs

Le récent de Salon de l'agriculture a d'ailleurs été le terreau favorable à un lobbying anti-loup - communiqué, pétition, prises de parole, interventions directes auprès des autorités, des élus, des visiteurs lambda - afin de faire passer le message d'angoisse qui, du Mercantour au Parc des Vosges, étreint la profession.

Ainsi, les principaux syndicats agricoles (FNSEA, Jeunes Agriculteurs, Confédération paysanne) et les associations d'éleveurs (Fédération nationale ovine) ont-ils sollicité auprès de l'État, une réunion de crise avec pour ordre du jour la révision de la législation sur la protection du loup.

La Coordination Rurale les a depuis rejoints pour formuler cette même demande de changement de statut du loup "au nom de la reconnaissance des droits des éleveurs victimes de ses méfaits."

Là-dessus, est venu se greffer un rapport d'information parlementaire qui préconise de rétrograder le prédateur "d'espèce strictement protégée" à "espèce (simplement) protégée". Un pas en avant, un soutien moral pour le monde de l'élevage, mais dont on se demande bien ce qu'il pourra changer sur le fond. Ne serait-ce que parce que le loup mène sa vie de loup en se moquant bien de l'étiquette qu'on lui colle.

Casser la dynamique de croissance

Président du Comité national loup, le député maire de Forcalquier, Christophe Castaner, sans sous-estimer la gravité du problème, ne pense pas autre chose lorsqu'il parle "d'une fausse bonne idée."

"Ce n'est pas parce que loup sera déclassé qu'il sera plus facile à prélever, qu'il va venir se mettre au bout du canon des fusils."

Plus sérieusement, M. Castaner aborde la question sur le plan juridique : "On dit qu'il faut sortir de la convention de Berne. Or, le problème n'est pas là . Lorsque la France a ratifié la Convention, elle avait classé elle-même le loup en espèce strictement protégée ; ce qui était aisé puisqu'il n'y avait plus de loups en France. Le document le plus contraignant c'est la directive européenne Habitat qui, pourtant, donne les moyens de faire des prélèvements sans cela nous n'aurions pas pu en ordonner jusqu'à 24 par an. Le but est de casser la dynamique de croissance du prédateur."

Or, on constate chaque année une augmentation du nombre de loups. Ce qui signifie l'échec, d'aucuns diraient l'inutilité de cette politique de régulation, laquelle est certes compensée par un nombre de victimes en diminution parce que les troupeaux sont mieux protégés mais pas par une baisse du nombre des attaques, de celles qui épuisent et démoralisent les bergers.

"Il y a quand une évolution positive mais on ne peut pas dire : formidable, tout va bien", reprend Christophe Castaner.

"Le problème reste important mais ce n'est pas un problème de qualification. Au prochain Comité loup il va falloir poser la question du renforcement des moyens de défense des troupeaux et de la réorganisation des méthodes de prélèvement.

Retrouvez dans notre édtion Abonnés les avis d'Yves Derbez, président de l'association de défense du pastoralisme "Éleveurs et Montagnes" et de Patrick Boffy, association Ferus 04-05