Introduction sur la dissociation, l’intégration, la fusion

Note : Cet article fait partie d’une série. La bibliographie se trouve dans le dernier article de cette série.

Les termes « intégration » et « fusion » sont souvent utilisés de manière interchangeable, même par des personnes qui sont professionnelles de la thérapie de la dissociation et du trauma. Pourtant, ces deux processus sont différents. Si l’intégration peut mener à la fusion et si la fusion doit toujours être précédée par l’intégration, cette dernière n’est pas nécessaire afin de guérir des traumas et d’apaiser les symptômes dissociatifs.

Lorsque vous lisez des articles qui considèrent que l’« intégration » n’est pas une fin en soi, qu’elle peut être nocive si elle est forcée, qu’elle n’est pas nécessaire au processus de soin… sachez que c’est de l’étape de la fusion des identités (alters) dont il est question.

En effet, pendant longtemps le terme d’intégration a désigné le processus entier, commençant avec la mise en commun des systèmes d’action, des émotions et des souvenirs entre toutes les parts ou alters, et s’achevant avec la fusion totale de toutes les parts ou alters.

Il est fortement probable que la distinction entre l’intégration en tant que processus de mise en commun des ressources et souvenirs, et la fusion en tant que mise en commun de tous les états identitaires, provienne en partie de l’ouvrage Le Soi Hanté. Il est également probable que Le Soi Hanté ait fait la distinction, parce que les communautés de personnes dissociées, notamment celles utilisant les termes de « pluralité » et « multiplicité », tendent à rejeter la fusion finale comme but ultime de la thérapie. Comme nous le verrons dans cette série d’articles, c’est une position totalement légitime, car la fusion finale n’est pas nécessaire pour mener une vie équilibrée. Elle ne marque pas non plus la fin du processus de thérapie.

Pour mieux me faire comprendre, voici quelques définitions des termes que je vais utiliser dans cette série d’articles.

Part, part dissociée, alter

Je vais utiliser les termes « part » ou « part dissociée » pour désigner n’importe quelle partie de l’esprit qui est dissociée du reste. Cela recouvre le spectre qui va du souvenir « planqué sous le tapis » qu’on retrouve dans le trouble de stress post-traumatique simple (certains parlent de « fragment »), jusqu’à l’alter (identité alternante) complexe avec un sentiment identitaire très indépendant du reste de son système, avec toutes les nuances possibles entre les deux.

Système d’action

Ce sont des systèmes psychobiologiques qui ont des dispositions innées, particulières, à agir en fonction d’un objectif. Il en existe deux grandes familles : ceux qui gèrent la vie quotidienne (repos, nourriture, interactions sociales, jeu…) et ceux qui gèrent la survie et la protection (fuite, combat, figement…). Ce peuvent être des émotions, souvenirs, pensées, perceptions, mais aussi des désirs, fantasmes ou des « tendances à l’action » (ce qui va permettre de faire agir le corps).

Dissociation

La dissociation est un état de chaos interne accompagné d’amnésies au sujet de certains aspects ou épisodes de la vie personnelle et d’incohérence entre les systèmes d’action.

Intégration

L’intégration est la tendance opposée à la dissociation : il s’agit de la mise en cohérence et de la coordination des systèmes d’action et des souvenirs, en une seule personnalité (pas identité) unifiée.

Fusion

La fusion est, comme l’intégration, une mise en cohérence et une coordination. Néanmoins, la fusion touche spécifiquement aux états identitaires. Une autre manière de l’aborder serait de dire qu’il s’agit du point où les parts qui fusionnent ensemble acceptent qu’elles sont la même personne. Elles s’en rendent compte parce qu’elles se mettent progressivement à penser, parler, agir… de manière de plus en plus similaire. Leurs tendances à l’action sont de plus en plus identiques et coordonnées, au point qu’il devient de plus en plus difficile de les différencier.

Lorsqu’elles fusionnent, les parts ne discriminent plus les actions qu’elles initient de celles initiées par les parts avec lesquelles elles fusionnent. C’est une étape de coordination encore plus intime que d’en arriver à « Nous tous ensemble, le système ». Chaque part qui fait partie de la fusion voit les autres parts comme « d’autres moi » au lieu de les voir comme des gens différents du même système.

Il peut y avoir encore des fluctuations identitaires, mais elles sont perçues comme « d’autres aspects de MOI » plutôt que comme le fait de passer le relais à une autre personne.

Action mentale

Les actions mentales, c’est tout ce qui se passe dans l’esprit. À savoir : les perceptions, les pensées, les décisions, les sentiments, les désirs, les besoins, les fantasmes, les sensations corporelles…

Elles sont essentielles pour pouvoir se comporter et fonctionner correctement dans le monde. Elles précèdent, accompagnent et guident nos comportements, ou « actions comportementales ».

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