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CÔTE D'IVOIRE. Les primates en voie d'extinction à cause des cultures de cacao

L'habitat naturel des primates est fortement menacé par la déforestation en Côte d'Ivoire. La faute de la culture du cacao.
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Un babouin olive, une espèce rencontrée dans les parcs nationaux de Côte d'Ivoire
©Luis Casiano / Biosphoto / AFP

EXPLOITATION. Partis faire un sondage sur le nombre de primates présents dans les parcs nationaux de Côte d'Ivoire, des chercheurs de l'Université de l'Ohio ont été surpris de trouver la majeure partie des territoires couverts de cacaoyers et un nombre de primates beaucoup plus faible que prévu... Or, selon leur étude, publiée le 23 Mars 2015 dans la revue Tropical Conservation Science,  il existerait une corrélation directe entre l'augmentation du nombre de plantations de cacao et la diminution de la diversité des primates. En effet la Côte d'Ivoire étant le premier producteur de cacao au monde, cette culture se développe de manière intensive, y compris dans ces parcs naturels et réserves, pourtant considérés comme zones protégées. 

L'habitat des primates touché de plein fouet

Alors qu'ils auraient dû trouver entre 8 et 11 espèces présentes dans chacune des zones étudiées, ils n'en ont trouvé 11 que... dans un seul parc national.  Cinq de ces zones ont perdu plus de la moitié de leurs espèces de primates. Enfin, il n'y aurait plus du tout de primates dans 13 zones protégées sur les 23 étudiées (5 parcs nationaux et 18 réserves forestières). Certes, on trouve encore dans le pays des primates de la famille des Cercopithecidae, une espèce de babouin (le babouin Olive, Papio anubis), et une espèce de chimpanzé (le chimpanzé commun, Pan troglodytes verus). Mais les chercheurs sont plus inquiets en ce qui concerne le sort de quatre autres espèces du genre Colobinae, qui, elles, n'ont pas été aperçues une seule fois durant l'étude.

ILLÉGAL. Or, les chercheurs ont constaté dans 20 zones sur les 23 sondées que s'y trouvaient également... des cultures de cacao. La forêt en Côte d'Ivoire est passée de 16 millions d'hectares au début du XXème siècle à 4 millions aujourd'hui, sous formes de parcelles, très fragmentées, composées essentiellement de parcs nationaux et réserves. Sur les 23 forêts visitées, 16 ont un taux de dégradation atteignant plus de 65%, dont 7 ayant entièrement disparues. Cette dégradation du territoire est généralement due à l'agriculture, dont 93% est destinée à la culture du cacao. Alors que certains propriétaires de fermes respectent des certifications environnementales, certains n'hésitent pas s'installer de façon illégale en envahissant les parcs naturels. 

Une plantation de cacao © Bitty et al. / Tropical Conservation Science

GUERRE. D'autres facteurs pèsent aussi sur la survie des primates. La Côte d'Ivoire est un pays qui a subi une croissance démographique rapide et une arrivée massive de migrants vers le centre du pays lors de la guerre civile. De ce fait, la densité de population a pesé sur les territoires occupés autrefois par les primates. La culture du cacao et de l'huile de palme ainsi que le braconnage et la chasse sont devenus des moyens de subsistance. Il faut ajouter à cela les actions de conservation très hétérogènes en fonction des parcs étudiés. Selon les chercheurs, la solution la plus envisageable serait de changer le mode de culture du cacao à savoir sauvegarder la forêt et cultiver les plants en-dessous afin de préserver l'habitat des primates. Certes, avec cette méthode, on plante moins de cacaoyers, mais elle permet de protéger davantage les sols. 

Un nouveau plan d'action pour les primates
Un nouveau rapport, "Plan d'action régional pour la conservation des gorilles de plaine de l'Ouest et des chimpanzés d'Afrique Centrale (2015-2025)", a été établi par l'International Union for Conservation of Nature (IUCN) , la Wildlife Conservation Society et  le Fonds Mondial pour la Nature (WWF). Il cible les menaces pesant sur les gorilles et les chimpanzés afin d'améliorer leur stratégie de conservation. Cette dernière sera basée sur de nouvelles actions : la prise en charge des primates vivant en dehors des zones protégées, l'amélioration des règles légales ainsi que des sanctions, et enfin une meilleure compréhension des maladies, telles qu'Ebola, touchant les primates. 

 

 

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