On l’appelait “la femme la plus laide du monde”, la “femme singe” ou la “femme ours”. On l’a montrée dans les cirques, vivante, puis embaumée. Aujourd’hui, plus de cent cinquante ans après sa mort, Julia Pastrana est rentrée au bercail, note El Occidental. Singulier destin que celui de cette Mexicaine exhibée dans les cirques aux Etats-Unis et en Europe. Affligée d’une l’hypertrichose généralisée héréditaire, la jeune femme est hirsute. Une hyperplasie gingivale lui épaissit les lèvres et les gencives. Dans une publicité publiée en 1854 dans The New York Times son mari et impresario la décrit comme ”le chaînon entre l’homme et l’orang-outan”. Un chaînon qui chante, danse, joue de la guitare et parle trois langues. Très amoureuse de son époux, Theodore Lent, elle survit quelques jours à la mort de leur enfant, affligé de la même pathologie. Pragmatique, le veuf fait embaumer les deux corps par un taxidermiste. Il se remarie avec une femme à barbe qui se produit avec les dépouilles, rapporte le New York Times.

L’histoire de Julia Pastrana

L’impresario meurt à son tour, Julia continue d’être exhibée dans les foires jusque dans les années 1970. En 1979, écrit le site norvégien The Local, des voleurs s’emparent de son corps dans un entrepôt de Groruddalen. La police le retrouve : les restes seront remisés au département d’anatomie de l’université d’Oslo. Ce ne sera pas la dernière demeure de Julia Pastrana. Pendant des années, une artiste mexicaine, Laura Anderson Barbata, va se battre pour son rapatriement. L’université d’Oslo restitue finalement le corps au Mexique. Le 12 février, à Sinaloa, l’enfant du pays est inhumée en grande pompe. Plus de 30 000 fleurs blanches couvrent sa tombe, note le site Unafuente. La dépouille est enterrée deux fois plus profondément qu’on ne le fait habituellement. Pour Julia Pastrana, c’est la fin de la tournée.

Le 12 février, à Sinaloa

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