“Doisneau et la musique” : les étonnants portraits d’un photographe mythique

Des jazzmen à Sait-Germain-des-Prés aux Rita Mitsouko, la Cité de la musique propose une rétrospective pleine de fantaisie qui aborde le travail du photographe dans le monde de la musique. Surprenant et inventif.

Par Luc Desbenoit

Publié le 16 décembre 2018 à 13h00

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 01h11

Lexposition Robert Doisneau (1912-1994) à la Cité de la musique, à Paris, est conçue comme une balade nocturne dans les quartiers populaires de la capitale, après-guerre. On marche dans la pénombre, sur un sol inégal, un peu comme sur des pavés. Les cimaises sont en bois brut comme s’il s’agissait de palissades de chantier avec des interstices à travers lesquels l’œil peut fureter. Agrandies à taille humaine, des photos de Parisiens dansant les soirs de 14 juillet 1949 et 1959 dans la rue ponctuent ce parcours consacré au thème de la musique. Commandées par la presse ou réalisées lors de pérégrinations pour le plaisir, les photos ne manquent pas, dans le puits sans fond de ces archives comptant près de 450 000 tirages…

Qui Doisneau n’a-t-il, en effet, pas photographié ? Des musiciens de rue des années 1930 aux jazzmen des caves de Saint-Germain-des-Prés dans les années 1950. Des figures de l’après-guerre — les Frères Jacques, Jacques Prévert, Barbara, Juliette Gréco, Patachou, Georges Brassens — aux « modernes » des années 1980, tels Renaud, Higelin, ou les Rita Mitsouko… Les images sont de qualité inégale. Mais on craque devant le charme de la mélancolique accordéoniste Pierrette d’Orient jouant dans les bars de la Villette en 1953. On est surpris par une Edith Piaf plongée dans un noir profond et qui apparaît minuscule, tout en bas de l’image, dans un halo de lumière sur la scène de l’Olympia en 1956. Etonné par Pierre Schaeffer, le père de la musique concrète, posant en 1961 devant son « instrument », un mur d’appareils électro-accoustiques. On ne se lasse pas, enfin, de la délirante et célébrissime série sur l’acteur Maurice Baquet qui fait le zouave avec son violoncelle…

Le violoncelliste français Maurice Baquet.

Le violoncelliste français Maurice Baquet. © Robert Doisneau

Mais sans la scénographie imaginée par Stephan Zimmerli, le leader du groupe de musique Moriarty, cette ­exposition très éclectique laisserait le souvenir d’une plaisante rétrospective de nos gloires nationales. Architecte de formation, il fait souffler un vent de fantaisie en multipliant les surprises — bandes-son avec la voix de Doisneau, présentation de son Rolleiflex comme un diable sortant de sa boîte… Dessinateur accompli, Zimmerli donne également à voir sur la table d’un bistrot ­reconstitué son carnet de croquis des bars populaires (encore ouverts) fréquentés jadis par le photographe. A coup sûr, Doisneau aurait aimé l’esprit inventif, généreux de l’exposition. Elle est à son image. 

Le duo d’auteurs – interprètes Rita Mitsuko, photographié par Robert Doisneau.

Le duo d’auteurs – interprètes Rita Mitsuko, photographié par Robert Doisneau. © Robert Doisneau


on aime beaucoup Doisneau et la musique. Jusqu’au 28 avril à la Cité de la musique Paris (19e).

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