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Les téléphones portables seront interdits à la rentrée dans les écoles, les collèges, voire certains lycées : le Parlement a voté définitivement lundi, après un ultime passage devant l'Assemblée, une proposition de loi LREM et qui était un engagement présidentiel.
Le texte sur « l'encadrement de l'utilisation du téléphone portable dans les établissements d'enseignement scolaire », sur lequel députés et sénateurs avaient trouvé un compromis, a été adopté par 62 voix contre une.
L’interdiction générale des téléphones portables dans les écoles et les collèges a été définitivement adoptée par l’Assemblée nationale aujourd’hui.
Engagement tenu ✅— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 30 juillet 2018
Les LREM, MoDem, UDI-Agir-Indépendants ont soutenu cette « forme de droit à la déconnexion ». Le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer, qui a épinglé des « contradictions » dans les arguments des oppositions, a vanté une loi « d'entrée dans le XXIe siècle » qui « envoie un message à la société française », mais aussi à l'international, avec « d'autres pays intéressés ». Ce n'est pas l'avis de LR, des socialistes, des Insoumis et des communistes qui se sont abstenus devant « une opération de communication », de « l'affichage politique », « une loi de circonstance » qui « ne va rien changer ».
Des exceptions pour les « activités pédagogiques »
Près de neuf jeunes sur dix de 12 à 17 ans (86 %) possèdent un téléphone portable en France. Or l'usage du portable perturbe la capacité d'attention en classe, le climat scolaire, réduit l'activité physique dans les cours de récréation, quand il n'expose pas des contenus violents ou pornographiques, ont insisté plusieurs défenseurs du dispositif. Le texte interdit l'usage de tout objet connecté (portable, tablette, montre...) dans les écoles et collèges. Mais il prévoit des exceptions « pour des usages pédagogiques » — jusqu'alors prohibés —, laissés à l'appréciation de chaque établissement dans son règlement intérieur, ou pour les enfants handicapés. Les activités liées à l'enseignement, mais à l'extérieur, comme le sport, seront aussi concernées.
Les lycées auront la possibilité, mais pas l'obligation, d'inscrire l'interdiction, totale ou partielle, du portable et autres objets connectés dans leur règlement intérieur.
Une loi qui existe déjà ?
Le Code de l'éducation interdit, depuis la loi du 12 juillet 2010, les portables « durant toute activité d'enseignement et dans les lieux prévus par le règlement intérieur ». À l'unisson d'autres détracteurs, Frédéric Reiss (LR) a jugé que cette loi « portée par le groupe UMP de l'époque était suffisante, en attendant une vraie loi sur le numérique à l'école, annoncée par le gouvernement ».
Affirmant qu'« environ la moitié des collèges a inscrit l'interdiction du portable en classe et dans tout ou partie de la cour de récréation », Alain David (PS) s'est aussi inquiété de « problèmes logistiques et de coût » pour stocker les portables.
Mais le ministre et Cathy Racon-Bouzon, rapporteur du texte, ont argué que l'interdiction existante n'était pas effective partout et manquait d'un socle juridique solide. Les enseignants, eux, s'inquiètent plutôt du manque de surveillants et de CPE pour faire appliquer le règlement intérieur.
Une approche « défensive » et « offensive »
« Aucun enseignant ne supporte la présence du portable en classe », a affirmé Alexis Corbière, ancien professeur, insistant sur des renforts de vie scolaire. Le défi est « le caractère intrusif du téléphone portable dans la vie de chacun », pour cet Insoumis, soulignant que « le président de la République, lorsqu'il a reçu l'équipe de France (de football) à l'Élysée, a sorti son portable et fait un selfie. Y avait-il la moindre pédagogie à l'égard des jeunes générations ? »
Et « regardons-nous dans l'hémicycle », a renchéri Elsa Faucillon (PCF), pour laquelle cette loi peut aussi « donner le sentiment de ne pas faire confiance aux équipes pédagogiques ».
voter et Interdire le #telephone #portable dans les écoles c'est bien, mais à l'#AsssembleeNationale ce serait mieux !#LREM #Députés #Elysee #EmmanuelMacron #EducationNationale pic.twitter.com/w6JAvMP62I
— EDUCΔTEUR (@EduQateur) 30 juillet 2018
Les chefs d'établissement, pour qui la mesure est utile, mais pas un « big bang », décideront des modalités d'interdiction (lieux, conditions), le ministère prévoyant un vade-mecum. La méconnaissance de la loi pourra entraîner la confiscation de l'appareil, permettant « d'impliquer les parents au moment de la restitution », selon la rapporteur.
Plaidant pour une « approche moderne des technologies » et du « discernement », le ministre a défendu une double approche, « défensive » et « offensive ». Le texte entend renforcer l'éducation à un usage « responsable et éclairé » des outils et ressources numériques. « Le progrès n'a que l'âme de celui qui s'en sert », a glissé la rapporteur, citant François Mitterrand, en 1989.
Les jeunes se moquent de nos lois. Qui va leur enlever de force leur portable ? Personne. Quant au "chef" d'établissement il respectera la consigne : la loi est une chose mais surtout pas de vague.
Portable interdit dans les prisons ? À partir de combien par prisonniers ? Ç est de l humour je présume...
C'est incroyable (et pitoyables !) de voir ainsi les partis d'opposition s'unir pour consacrer la lâcheté de fait consistant à baisser les bras devant l'incapacité pour l'Education nationale de faire respecter un minimum de discipline de la part des élèves. Tout ça pour contester le pouvoir actuel et se donner l'illusion d'exister... La vie politique actuelle me donne la nausée.
Il demeure que les portables à l'école sont un problème, que M. Blanquer s'évertue à le régler, et que tous les autres partis lui tirent dans les pattes au lieu de lui apporter son soutien dans cette cause qui veut servir le futur de tous nos enfants ; et pas seulement ceux des ministres et députés d'EM !