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La SRC suspend Sormany

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La Société Radio-Canada (SRC) a suspendu son grand patron des enquêtes journalistiques, Pierre Sormany, à qui on reproche d’avoir échafaudé des théories sans fondement sur Facebook.

Pierre Sormany a allégué que le chroniqueur politique Jean Lapierre était lié à l'entrepreneur Tony Accurso.

Jusqu’à vendredi dernier, il dirigeait notamment une émission phare de la SRC, Enquête.

Or, le 26 septembre, il aurait contrevenu aux normes et pratiques journalistiques de la société en laissant entendre que Jean Lapierre avait servi d'intermédiaire pour intimider Jacques Duchesneau, le directeur de l'Unité anticollusion, qui enquêtait sur des entreprises liées à l'homme d'affaires Tony Accurso.

M. Accurso est propriétaire de deux entreprises qui ont plaidé coupables à des accusations de fraude fiscale totalisant 4,1 M$.

Jean Lapierre n'a pas l'intention de voir sa réputation entachée. Il considère que de tels propos sont « faux et diffamatoires », et poursuit Pierre Sormany pour 250 000 $.

Il estime que les écrits de M. Sormany ont causé « un grave préjudice » à sa réputation.

Radio-Canada, en tant qu'employeur de M. Sormany, n'est pas visée par la requête en justice.

Décision provisoire

En fin de journée hier, la SRC a expliqué par communiqué que son employé avait « émis des commentaires personnels sur un sujet brûlant d’actualité sur une page Facebook, contrevenant aux normes et pratiques journalistiques de Radio-Canada ».

« La direction de Radio-Canada a suspendu monsieur Sormany dès vendredi soir, pendant qu’elle analyse la situation », a écrit Marc Pichette, directeur des relations publiques à la SRC.

Le règlement interne de Radio-Canada stipule notamment que « l’expression d’opinions personnelles sur des sujets controversés ou d’ordre politique peut miner la crédibilité du journalisme de Radio-Canada et éroder la confiance de notre public ».

La semaine dernière, lorsque Jacques Duchesneau a suggéré que certains médias s'étaient livrés à de l'intimidation à son endroit, M. Sormany a fait ses propres déductions sur la page Facebook de la journaliste Lise Millette, accessible à tous.

« Ami » d’Accurso

« L'intermédiaire, c'est Jean Lapierre, ancien politicien et animateur-choc de TVA et LCN, mais qui offre aussi ses services-conseils en relations publiques et qui a parmi ses clients nul autre que son " ami " l'entrepreneur Antonio Accurso », a-t-il écrit.

« Et, comme par hasard, le journaliste de TVA Paul Larocque a ressorti le lendemain de vieilles allégations (non fondées en fin de compte) de financement illégal de la campagne de Duchesneau (sic) à la mairie de Montréal », a-t-il ajouté.

« M. Duchesneau croit que ce n'est pas une coïncidence. Allez donc savoir ! (...) Il visait clairement TVA et sa filiale LNC (sic) », a estimé Pierre Sormany.

Motivation discutable

De tels propos de sa part viennent jeter un curieux éclairage sur le fait que son équipe de reporters de l’émission Enquête cible depuis plus d’un an Quebecor et Le Journal de Montréal, multipliant les entrevues et les démarches de toutes sortes.

Il est aussi ironique que ce genre d’hypothèses nullement étayées ont été avancées par M. Sormany, qui enseigne le journalisme depuis plus de 30 ans et qui a écrit un livre sur la profession.

Contacté à son domicile, Pierre Sormany n'a pas rappelé le Journal, hier. Son message a par contre été enlevé du site Facebook.

 

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