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GPM Guyane : en 2023, le trafic du port de Degrad des Cannes progresse

L’année 2023 se termine sur une note positive pour le port de Degrad des Cannes. Avec 932 370 t, le port réalise une progression de 0,4%. Du côté des investissements, il achève son plan stratégique et se prépare pour le prochain.

Globalement, le GPM de Guyane réalise en 2023 une année en progression, « avec des disparités selon les courants », ajoute Stéphane Tant, président du directoire du GPM. En effet, si les vracs solides et les marchandises diverses reculent, les vracs liquides compensent ces pertes. Cependant, la progression du GPM de la Guyane reste faible. Il progresse de 3 976 t d’une année à l’autre, soit 0,4%.

Plus de vracs liquides en raison de l’aridité

Les vracs liquides affichent une progression de 10,3% à 259 502 t. Cette hausse des vracs liquides est liée à la demande en électricité. Avec la saison sèche qui dure plus longtemps qu’à l’accoutumer, EDF a importé plus d’hydrocarbures pour produire. Habituellement, la production électrique du département se réalise par le barrage hydroélectrique. Avec une saison sèche plus longue, EDF a dû trouver d’autres sources d’énergie.

Les vracs solides limitent les pertes

La bonne tenue des vracs liquides permet de compenser les diminutions des autres courants. Ainsi, les vracs solides perdent 2% à 113 937 t. Composés de clinker qui alimente la cimenterie, et de gypse, ces trafics ont, malgré tout, limité la casse. En effet, la cimenterie a été mise à contribution avec les travaux du pont de Larigot et d’autres constructions publiques. Quant aux marchandises diverses non conteneurisées, elles triplent leur volume. En effet, elles passent de 5 000 t à 15 000 t au cours de l’année. Ce trafic se compose principalement de pieux pour les fondations du pont Larigot, d’une grue mobile et d’autres éléments.

L’automobile en progression

Le fret roulier voit ses flux se contracter de 15,9% à 13 701 t. Ce trafic comprend outre les véhicules, le matériel pour le centre de Kourou. Or, en 2023, le site de Kourou n’a enregistré que trois lancements. Ainsi, la baisse de trafic roulier tient principalement à cet élément. Du point de vue automobile, le nombre de véhicules déchargés sur le Grand port maritime de la Guyane progresse. Il progresse de 2,9% à 8 228 unités. « Le trafic automobile continue sa progression même si la hausse tend à se tasser ces dernières années », indique Stéphane Tant, président du directoire du GPMG.

Une progression de 4,4% du trafic conteneurisé

Enfin, le trafic conteneurisé augmente de 4,4% à 75 777 EVP. Une tendance qui concerne principalement les conteneurs vides. En effet, le nombre de conteneurs pleins perd 4,1% à 39 663 EVP. Les vides augmentent de 13,8% à 36 114 EVP. Cette structure de trafic reste exceptionnelle, explique la direction du port. « En 2022, le port a accumulé les conteneurs vides. Nous avions plus d’arrivée de conteneurs pleins que de départ de vides. Notre terminal a frôlé la saturation », continue Stéphane Tant. La situation se résorbe pour revenir à la normale aujourd’hui.

Un septième navire sur la rotation de CMA CGM et Marfret

Depuis le début de l’année, le port est confronté à des annulations d’escale en raison de grèves au port de Trinidad et Tobago. Les escales se décalent. « Nous ne perdons pas de trafic, rassure le président du directoire. Les navires effectuent leurs rotations sur une plus longue période en raison de ce mouvement. » L’arrivée d’un septième navire sur la rotation de CMA CGM et de Marfret a permis de désengorger le port.

Kourou : la reprise est attendue pour cette année

Pour les prochains mois, les perspectives restent optimistes. La direction attend un trafic équivalent, voire en légère progression. Le site de Kourou doit reprendre une activité plus soutenue. Après les trois lancements effectués en 2023, les premiers mois de 2024 s’avèrent meilleurs. La reprise du programme d’Ariane 6 attendu en juin et l’arrivée de nouveaux lanceurs constituent des signaux encourageants. La direction du port espère une hausse du nombre de lancements avec le redéploiement de petits lanceurs.

2024 : une année charnière entre deux projets stratégiques

En 2023, le GPM de la Guyane a achevé son précédent plan stratégique. « Nous sommes, en 2024, dans une année charnière, indique Stéphane Tant. Nous terminons le précédent plan stratégique et entamons notre plan pour les années 2024 à 2028. » Le nouveau projet stratégique suit la procédure. Il est prévu d’être adopté au cours de l’été. Un projet qui prévoit une enveloppe de 70M€ sur les cinq ans. « Sur le précédent plan, nous avons investi 68 M€. Le nouveau projet stratégique s’inscrit donc dans la même lignée. » Ainsi, l’heure du bilan de ce projet est arrivée. Pour la direction du port, malgré la pandémie survenue au cours de ce plan, « le GPM a déployé une grande partie des projets prévus. » Parmi ces réalisations, le port note la poursuite de la modernisation de l’offre portuaire, l’amélioration des rendements avec la réduction des temps et coûts d’escale, la réduction des impacts sur l’environnement et la mise en place de la digitalisation des opérations.

De nouveaux espaces pour le roulier et le conteneur

Et pour continuer sur sa lancée, le GPM de Guyane entame cette année avec son prochain projet stratégique. « Nous continuons nos investissements en organisant le port pour répondre à la croissance de la demande », nous confie Stéphane Tant. Ainsi, après la reconstruction du quai 3 pour faire face à la demande croissante du roulier, l’espace situé à l’arrière de ce poste s’agrandit. Il passe d’un hectare aujourd’hui à 2 hectares. « Outre les nouvelles capacités pour le trafic roulier, l’agrandissement de cet espace permet aussi d’allouer de nouveaux espaces pour le trafic conteneurisé. » De plus, le déplacement des conduites pour les vracs liquides permet de gagner aussi de l’espace. Celui-ci sera alloué au trafic conteneurs. Au total, le port se dote de capacités pour accueillir 130 000 EVP. « Nous aurons ainsi des réserves de capacité pour l’accroissement de trafics jusqu’en 2040. »

L’augmentation de l’offre pour les reefers

Outre cette réorganisation, le GPM augmente la capacité de stockage des conteneurs reefers. Désormais, le port dispose de plus de 120 prises pour les conteneurs sous température dirigée. « Nous pouvons augmenter ces disponibilités en fonction de la demande », ajoute Stéphane Tant. Dans l’esprit de la direction du port, cet outil s’inscrit dans le projet de développement de lignes de cabotage avec le nord du Brésil et les États du plateau guyanais. C’est aussi dans cet esprit que le projet stratégique 2019-2023 consacre une enveloppe pour la construction du Poste de contrôle frontalier. Doté d’un PIF, pour les inspections vétérinaires, et d’un PEC, pour les inspections phytosanitaires, le contrôle aux frontières devrait être opérationnel dès le mois d’avril. Les contrôles seront réalisés par le Sivep. Le GPM aura la charge de l’exploitation de ces postes.

Un projet d’entrepôt logistique

Le projet stratégique à venir prévoit aussi l’acquisition de trois hectares de terrain supplémentaires, en arrière de la circonscription actuelle. Un espace pour y installer les ateliers de maintenance et de soutien du port. En outre, la direction du GPM envisage la construction d’un entrepôt logistique pour y réaliser du groupage et du dégroupage. Une activité qui peut prendre un essor avec le développement de lignes de cabotage avec le Brésil et les États du plateau guyanais.

La grue opérationnelle à l’automne

Par ailleurs, l’outillage se modernise. Le GPM a réceptionné une nouvelle grue en novembre. Le port œuvre actuellement aux derniers travaux de finition. Ensuite, les dockers et grutiers entameront une période de formation sur cet engin pendant deux à trois mois. « Cette grue sera pleinement opérationnelle à l’automne », confie le président du directoire.

Des études de faisabilité pour la plate-forme de Saint Georges de l’Oyapoc

En dehors de l’enceinte portuaire, le GPM travaille sur le projet d’une plate-forme logistique à Saint Georges de l’Oyapoc. Située à la frontière avec le Brésil, la commune de Saint Georges de l’Oyapoc est à environ 200 km de Cayenne. Le terrain sur lequel est prévue cette installation appartient à l’État. La procédure de cession de ces terrains est en cours. Ensuite, au cours de cette année, le GPM prévoit des études de faisabilité avec les premières démarches pour la promotion et la commercialisation. « Le portage de l’investissement dépendra des subventions qui nous serons attribuées. Nous avons besoin d’un taux de subvention important pour s’engager dans ce projet », indique Stéphane Tant. La mise en opération de cette plate-forme n’interviendra pas avant 2027 ou 2028.

La transition écologique à tous les étages

Enfin, pour entrer dans la stratégie nationale de verdissement des activités, le GPM s’engage dans la transition écologique. Déjà, en 2023, le port a modernisé l’éclairage en le dotant d’ampoules LED pour une consommation plus réduite. De plus, sur le Poste de contrôle frontalier, l’installation de panneaux photovoltaïques permet de produire de l’énergie. Ensuite, dans le cadre des travaux du nouveau bâtiment du GPM, la direction mène des études pour une « meilleure maîtrise de l’énergie ».

Un projet de méthanisation des sargasses

Encore, sur la zone en amont de l’ancienne zone de plaisance, un terrain d’une vingtaine d’hectares à l’état naturel demeure disponible. Le GPM souhaite y développer des activités en lien avec l’écologie. Ainsi, un projet de récupération et de méthanisation des sargasses. Ces algues présentes à proximité du département ne sont pas encore contaminées et peuvent donc faire l’objet de valorisation. Un projet qui permettra de créer de l’énergie mais aussi de servir comme amendement des sols.

Des projets conformes à la loi ZAN

Alors, le GPM de Guyane vit une année charnière pleine de projets pour les prochaines années. Pour se conformer à la loi ZAN (Zéro artificialisation nette), le GPM a indiqué au gouvernement ces projets. « Les projets ne viendront pas impacter l’indexation des espaces naturels », confie le président du directoire. La voie est ouverte pour faire de Degrad des Cannes, le principal port français sur le continent sud-américain.


Stéphane Tant : du Nord aux Antilles et à la Guyane

Stéphane Tant a pris, le 1er septembre, la président du directoire du GPM de la Guyane. Il remplace Philippe Lemoine qui a fait valoir ses droits à la retraite après 10 ans passés à diriger le port. Ingénieur en chef des travaux publics de l’État, Stéphane Tant a réalisé sa carrière dans le monde portuaire et des transports.

Avant de devenir président du directoire du GPM de la Guyane, Stéphane Tant a assuré les fonctions de directeur Ingénierie, industrie et environnement du GPM de la Martinique pendant cinq ans. Auparavant, il a été chef du service Fleuves, Littoral, Aménagement et Gestion de la DEAL de Guyane de 2013 à 2019, responsable de la division maintenance et exploitation de VNF de 2007 à 2013, responsable du service Ingénierie et Développement du GPM de la Guadeloupe de 2002 à 2007 et responsable de la Subdivision études et travaux portuaires de 2000 à 2002 à la DDE de Martinique.