Taxe sur le streaming musical : la fausse note du gouvernement

Faire contribuer les plateformes musicales et les grands labels pour financer un Centre national de la musique destiné à soutenir les plus fragiles de la filière : l’idée, défendue par Macron lui-même, était bonne. Mais les lobbies sont passés par là.

La ministre de la Culture, Rima Abdul Malak (ici au  Hellfest en juin 2022), plaide aujourd’hui pour une contribution volontaire des plateformes pour abonder le budget du CNM.

La ministre de la Culture, Rima Abdul Malak (ici au Hellfest en juin 2022), plaide aujourd’hui pour une contribution volontaire des plateformes pour abonder le budget du CNM. Photo Loïc Venance/AFP

Par Olivier Milot

Publié le 27 octobre 2023 à 11h33

On savait le gouvernement et Emmanuel Macron réticents à l’idée de créer toute nouvelle taxe, même quand il s’agit de ponctionner à la marge les superprofits des géants du pétrole ou de la grande distribution. Il en va manifestement de même pour obtenir une modeste contribution des plateformes musicales du streaming (Spotify, Deezer, Apple Music…) et des grands labels (Universal Music, Warner, Sony…) pour financer le Centre national de la musique (CNM), créé en 2020 afin de soutenir les acteurs plus fragiles de la filière musicale.

C’est pourtant le président de la République lui-même qui, le 21 juin dernier, défendait l’idée de cette « taxe streaming », si aucun accord n’émergeait au sein de la profession avant le 30 septembre. Mais voilà, une fois de plus les lobbies sont passés par là. La « taxe streaming » a disparu des radars comme de la première partie du projet de loi de finances adoptée par 49.3.

Agacés, des parlementaires de tous bords sont montés au créneau pour exiger des explications de la ministre de la Culture. Gênée, Rima Abdul-Malak a plaidé pour poursuivre les négociations d’une improbable seconde voie : celle d’une « contribution volontaire » des plateformes pour abonder le budget du CNM.

Douce hypocrisie, quand on sait qu’à ce jour elle ne générerait que 5 millions d’euros alors que la taxe est censée en rapporter 20, que toutes les plateformes ne sont pas prêtes à jouer le jeu, et que la pérennité d’une « contribution volontaire » reste à prouver. Avec le CNM, le gouvernement souhaite créer « un bras armé de la politique de l’État en matière de musique », à l’image de ce qu’est le CNC pour le cinéma. On ne bâtit pas le financement d’une telle ambition sur le sable des promesses des multinationales.

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