La fusion n’est pas la fin de la thérapie

Note : Cet article fait partie d’une série. La bibliographie se trouve dans le dernier article de cette série.

Certains thérapeutes considèrent que voir la fusion comme « la fin du traitement » est une mauvaise idée. Toute fusion est un indice que le traitement avance, mais il ne faut jamais considérer que c’est la preuve que le travail est terminé.

Il peut toujours y avoir des parts dissociées en dormance ou dissimulées par d’épais murs d’amnésie dissociative. Même si cela deviendra de plus en plus facile avec le temps, il faudra faire des efforts tout au long de sa vie, afin de mettre en œuvre des comportements adaptés. Il peut être nécessaire de faire régulièrement le point avec son thérapeute pour vérifier que tout se passe bien. Il faut constamment garder à l’esprit que rien n’est définitivement acquis, que de nouvelles parts peuvent continuer de se dissocier en cas de stress, que d’anciennes parts en dormance peuvent ressurgir lorsqu’elles se sentent enfin en sécurité.

Après avoir atteint l’état de fusion finale ou l’état de résolution (multiplicité fonctionnelle), la thérapie continue encore. Le patient a besoin d’apprendre à résoudre les phobies de la vie normale, en particulier celle du changement et de la prise normale de risques, et la phobie de l’intimité. Les patients sévèrement traumatisés peuvent voir leur tendance à dissocier perdurer face au stress. Il est donc essentiel de poursuivre la prévention de la rechute, grâce par exemple à la désensibilisation au stress ou à la pratique d’activités permettant la relaxation.

Le patient est progressivement encouragé à faire l’expérience d’actions mentales réfléchies et prolongées. Cela prend du temps de s’habituer à fonctionner en tant qu’une seule identité cohérente et une seule personnalité unifiée, non dissociée. Cela demande de s’habituer à devoir tout faire soi-même dans sa vie, mais aussi à être « seul ». Il faut aussi apprendre à accepter la totalité de ses traits de personnalité, de ses émotions, de ses actions, sans les dissocier à nouveau lorsque cela devient inconfortable ou douloureux.

Il faut également s’habituer à voir la ligne narrative du trauma dans son entièreté, d’un point de vue à la première personne, dans toute l’étendue de ses émotions, pensées, actions… Il faut aussi faire le deuil de toutes les opportunités perdues à cause du trauma et des dysfonctions traumatiques, de l’enfance normale qui ne pourra jamais être vécue… Conserver tout cela à l’esprit au long terme demande des efforts et un soutien thérapeutique constants.

Le travail se poursuit en ce qui concerne les croyances psychologiques de base maladaptées qui peuvent encore persister. Comme « Je ne vaux rien » ou « Je suis une mauvaise personne » ou encore « Je mérite le malheur ». Ces croyances psychologiques, et d’autres encore, peuvent être tellement ancrées profondément dans la psyché qu’elles peuvent nécessiter un travail thérapeutique spécifique à elles toutes seules.

Le thérapeute va également continuer de soutenir le patient dans certaines évolutions de sa vie. Il va aider le patient à gérer les changements dans les dynamiques interpersonnelles suite à l’intégration et la mise en cohérence de toutes les parties de sa personnalité. Des aspects de la vie, comme les relations intimes ou professionnelles, peuvent nécessiter un travail particulier.

Il arrive que la thérapie après la fusion finale prenne autant de temps, voire plus de temps, que la thérapie avant la fusion finale. Même après la séance concluant la thérapie, cela peut être une bonne idée de refaire le point de temps en temps avec le thérapeute, surtout en cas de difficulté, pour avoir le soutien nécessaire en cas de stress et éviter de dissocier à nouveau. En effet, une personne dont le cerveau sait comment dissocier en plusieurs parts reste susceptible toute sa vie de pouvoir dissocier en cas de situation ingérable.

La clôture correcte de la thérapie est un moment de transition important qui devra recevoir une attention particulière, tant du thérapeute que du patient, et être suffisamment longue. Il est nécessaire que cela se produise convenablement afin que le processus thérapeutique soit efficace jusqu’au bout.

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