La Province de Luxembourg veut éviter la fuite de son "or vert" à l'étranger
La Province de Luxembourg utilise plusieurs dispositifs pour éviter la fuite de son "or vert" et préserver les scieries locales.
- Publié le 26-02-2022 à 06h00
Quinze communes en province de Luxembourg réservent des lots de chêne aux scieries locales. Ces communes ont opté, entre 2014 et 2021, pour une vente de gré à gré de bois feuillus à destination des scieries.
Cette dérogation à la vente publique traditionnelle permet d’éviter que ces bois ne partent à l’exportation. Et assure donc aux neuf scieries de bois feuillus implantées en province de Luxembourg de s’approvisionner en chêne. Elles qui ne peuvent pas forcément rivaliser avec les prix chinois.
Les feuillus ont en effet vu leur prix s’envoler ces derniers mois, en raison d’une forte demande à l’exportation.
Vendredi après-midi, au conseil provincial, la députée Marie-Eve Hannard a détaillé les dispositions prises par la Province pour favoriser les circuits courts dans le secteur du bois et éviter cette " inquiétante fuite de notre or vert vers l'étranger. " Elle a fait le point suite à une question posée par le conseiller Écolo Guirec Halflants.
La vente de gré à gré est l’un des dispositifs utilisés. La Province compte d’ailleurs sensibiliser les Communes à cette démarche.
«Nos scieries locales sont nos derniers remparts»
"Ce système de vente, présentant une réelle opportunité pour préserver notre matière première et nos scieries locales, semble malheureusement loin d'être utilisé à son plein potentiel ", relève la députée.
Il faut dire que les lots risquent de partir à des prix moins élevés qu'en vente publique. "Ce dispositif reste mesuré (maximum 35 000€/lot et une limite de 15% du volume de bois vendu l'année précédente), note toutefois Marie-Eve Hannard. Il offre la possibilité de préserver l'approvisionnement de nos scieries locales sans être trop impactant pour nos pouvoirs locaux. Ces efforts sont le prix à payer pour sauver nos scieries pourvoyeuses d'emplois. "
Le conseiller libéral Benoît Closson, bourgmestre de Wellin, appuie les propos de la députée humaniste. Lors de la dernière vente de gré à gré à Wellin, les lots sont partis à un prix 25% plus élevé que celui estimé par le DNF, informe-t-il.
La Province mettra 170 m3 de feuillus prochainement en vente de gré à gré.
"Nos scieries locales sont nos derniers remparts face aux importateurs qui pourraient, en cas de disparition de celles-ci, devenir les seuls acteurs à fixer les prix, ajoute la députée. Ce qui creuserait le nid d'une situation de monopole, dangereuse à terme pour les propriétaires forestiers."
Où partent les bois provinciaux?
Une partie des bois provinciaux sont utilisés par la Province elle-même sur ses propriétés: terrasse, châssis, bancs, bardage, aménagements extérieurs…
L'autre partie est soumise à la vente. Lors de la dernière vente publique d'octobre 2021, 89% des bois (feuillus et résineux) ont été vendus à des sociétés locales et 11% à deux grandes sociétés établies en Wallonie, détaille Marie-Eve Hannard. "Il n'est pas toujours facile de déterminer ce qu'il sera fait de nos bois ainsi vendus", relève-t-elle toutefois.
Pour information, les bois provinciaux sont composés de 58,5% de feuillus (792 ha) et de 41,5% de résineux (512 ha). Un plan d’aménagement adopté en 2019, aboutira, en 2043, à une proportion de 61 % de feuillus pour 39 % de résineux.