La banque britannique HSBC, l'un des principaux établissements européens, va embaucher 15 000 personnes dans les pays émergents au cours des trois prochaines années, a annoncé, mardi 2 août, une porte-parole. La veille, le groupe avait annoncé la suppression de 30 000 postes dans le monde d'ici à 2013, presque un employé sur dix.
Ces annonces illustrent le changement de stratégie de la direction de la banque, lancé en mai : le nouveau directeur général de HSBC, Stuart Gulliver, casse la dynamique d'expansion tous azimuts du groupe en fermant notamment ses divisions en Russie et en Pologne, en vendant une partie de ses activités aux Etats-Unis et en réduisant ses effectifs au Royaume-Uni et en France. HSBC recentre dans le même temps son activité sur les marchés émergents, notamment en Asie et au Brésil.
M. Gulliver en a fait l'annonce alors que la banque vient d'afficher un bond de 35 % de son bénéfice net au 1er semestre de cette année, à 8,9 milliards de dollars (6,2 milliards d'euros). Ces résultats incluaient la perspective de 5 000 suppressions de postes dans le monde dans le cadre d'un vaste plan visant à économiser entre 2,5 et 3,5 milliards de dollars d'ici à 2013.
PRÈS DE 700 SUPPRESSIONS D'EMPLOIS EN FRANCE
Ce plan vise à lutter contre une envolée des coûts de fonctionnement pesant sur les marges du groupe, qui dit, en outre, subir le poids des nouvelles réglementations britanniques ou internationales l'obligeant notamment à accroître ses fonds propres.
HSBC souligne, par ailleurs, que l'Asie a contribué pour 59 % à ses bénéfices avant impôts lors du premier semestre 2011, pour un montant en hausse de 16 % par rapport à 2010. Le produit net bancaire dégagé en Asie a augmenté de 17 %, toujours sur un an. La banque a annoncé des profits à Hongkong, et en Asie en général, de 3,1 et 3,7 milliards de dollars respectivement. C'est plus qu'en Europe, où la banque enregistre un profit de 2,1 milliards de profits avant impôts – en baisse d'un tiers par rapport à l'année précédente.
La filiale française de HSBC, qui emploie actuellement environ 10 000 personnes, avait déjà annoncé la suppression de 672 postes au début de juillet. La direction avait indiqué qu'elle comptait s'appuyer sur "des départs à la retraite" et proposer aux salariés éligibles, proches de l'âge de la retraite, un congé de fin de carrière et de solidarité. Sur 5 000 suppressions d'emplois déjà en cours, 700 autres se feront au Royaume-Uni et le reste au Moyen-Orient et en Amérique du Sud.HSBC emploie actuellement quelque 296 000 personnes, dans 87 pays.
UNE "RESTRUCTURATION BRUTALE"
Le syndicat britannique Unite a estimé que les "pires craintes étaient confirmées" et dénoncé une "restructuration brutale qui plonge des milliers d'employés dans l'incertitude sur leur avenir". Les investisseurs ont, à l'inverse, salué avec enthousiasme les annonces de HSBC, dont le cours montait en milieu de matinée. HSBC est la première des grandes banques britanniques à publier ses résultats. Ses concurrentes sont aussi en train de réduire leurs effectifs et de revoir leur modèle commercial en réaction à la crise de la zone euro.
Sous la précédente direction, HSBC avait bien résisté à la crise en développant ses activités partout dans le monde. Mais nombre de ses branches restaient trop petites pour produire des retours sur investissements jugés suffisants par la direction, rappelle le Wall Street Journal.
M. Gulliver a précisé que ce vaste plan de restructuration n'était qu'un début dans la nouvelle évolution du groupe. "C'est un premier pas dans la bonne direction", a-t-il déclaré lors de sa présentation des résultats du groupe aux investisseurs, en annonçant "un long voyage" à venir.
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