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Avec « Désignés coupables : l’affaire Florence Cassez », Netflix réveille les démons judiciaires du Mexique

Dans une série en cinq épisodes, Alejandro Gerber revient sur l’imbroglio judiciaire qui a mené à la condamnation de la Française à soixante ans de prison.

Par  (Mexico, correspondance)

Publié le 29 août 2022 à 06h30, modifié le 29 août 2022 à 06h30

Temps de Lecture 2 min.

Florence Cassez et Israel Vallarta dans « Désignés coupables : L’affaire Florence Cassez », d’Alejandro Gerber.

NETFLIX – À LA DEMANDE – SÉRIE DOCUMENTAIRE

Plus de neuf ans après sa libération, le nom de Florence Cassez résonne encore des deux côtés de l’Atlantique. Les Mexicains ont découvert sur les écrans le visage de cette Française le 9 décembre 2005. Ce matin-là, des dizaines de policiers « libèrent » en « direct » trois otages dans un ranch des environs de Mexico. « Je n’ai rien à voir là-dedans ! », clame la trentenaire devant les caméras de télévision. La jeune femme, originaire de Béthune (Pas-de-Calais), passera près de sept ans dans une prison mexicaine, provoquant une crise diplomatique entre Paris et Mexico.

Il aura fallu une décision de la Cour suprême du Mexique pour que la justice reconnaisse, en 2013, le montage avéré de son arrestation. Après deux procès perdus, la jeune femme condamnée à soixante ans de prison sera libérée pour vice de procédure. Mais pas son ancien compagnon, Israel Vallarta, qui est toujours derrière les barreaux sans avoir été encore jugé.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Ma vérité sur l’affaire Cassez

Diffusée sur Netflix, la série documentaire en cinq épisodes, inspirée de l’ouvrage de l’écrivain mexicain Jorge Volpi, Un roman mexicain : l’affaire Florence Cassez (Seuil, 2019), retrace, pas à pas, cet imbroglio judiciaire qui lève le voile sur un système policier et pénal fabriquant des coupables au nom de la lutte contre les enlèvements, véritable fléau national.

Cette enquête rigoureuse donne, pour la première fois, la parole à tous les acteurs d’un des plus grands scandales médiatiques et judiciaires de l’histoire du Mexique, dont les anciens présidents mexicain, Felipe Calderon (2006-2012), et français, Nicolas Sarkozy (2007-2012).

Bras de fer diplomatique

Leur bras de fer diplomatique avait entraîné l’annulation, en 2011, de l’Année du Mexique en France. « Ça sentait le complot, l’injustice et la magouille », déclare dans la série Nicolas Sarkozy. Le témoignage poignant de Florence Cassez, qui vit désormais à Dunkerque, ponctue les étapes-clés du « cauchemar » qu’elle a vécu.

La thèse du documentaire démêle les fils de cette affaire d’Etat. De la vengeance concoctée par un ancien associé véreux du frère de Florence, Sébastien Cassez, à la récupération diabolique par l’ex-directeur de l’Agence fédérale d’investigation, Genaro Garcia Luna, l’enquête met en lumière un pays en proie à la corruption, aux abus de pouvoir et autres petits arrangements entre amis, au mépris des droits fondamentaux.

Devenu le puissant ministre de la sécurité publique du président Calderon, chargé de la lutte contre les cartels de la drogue, M. Garcia Luna ne reculera devant rien pour maintenir Florence Cassez en prison : mise en scène de l’arrestation, incohérences du dossier, manipulation de témoins, tortures… Le vent tournera enfin en faveur de la Française à l’occasion d’un changement de gouvernement dans les deux pays.

M. Garcia Luna a été arrêté en 2019 aux Etats-Unis, accusé de narcotrafic. Son bras droit, Luis Cardenas Palomino, est incarcéré, lui, au Mexique pour avoir torturé un frère et un neveu d’Israel Vallarta, eux aussi toujours emprisonnés, dix-sept ans après les faits.

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« Le montage de l’arrestation a été reconnu par la justice mais il a marqué des millions de Mexicains qui croient encore Florence Cassez coupable », confie au Monde Alejandro Gerber, scénariste et producteur de la série. Il espère que son documentaire « rouvrira un débat sur une affaire révélatrice d’un système judiciaire défaillant qui continue d’envoyer des innocents en prison ».

Désignés coupables : l’affaire Florence Cassez, d’Alejandro Gerber (Mex., 2022, 5 X 60 min).

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