La Brasserie de la Houppe déménage à Wépion: un nouveau bien pour le malt
La brasserie namuroise a quitté son QG de La Plante. Elle est désormais implantée dans le bâtiment de l’ancienne criée de Wépion, acquis en 2018. Elle entend y augmenter sa production et tendre vers l’autonomie énergétique. Visite.
- Publié le 24-04-2024 à 09h08
- Mis à jour le 25-04-2024 à 13h20
S’il y a toujours une bonne raison de trinquer, l’équipe de la Brasserie de la Houppe n’a pas dû se creuser longtemps pour trouver une nouvelle occasion de lever son verre. Elle s’apprête à pendre sa crémaillère.
En effet, depuis quelques semaines, la bière namuroise, devenue incontournable dans le milieu brassicole, est installée dans son nouveau quartier général: l’ancien bâtiment de la criée de Wépion. Avec la fermeture de son siège du bord de Meuse à La Plante, c’est une page importante de l’histoire l’entreprise qui se tourne. La conséquence d’une vraie success story démarrée il y a un peu plus de dix ans. "On est arrivé au bon moment", glisse François Collard, l’un des fondateurs, reconnaissant que le marché des microbrasseries est aujourd’hui arrivé à saturation.
Pour la Houppe, augmenter la voilure était une nécessité depuis plusieurs années déjà. "On a acheté le bâtiment en 2018. Le projet a été budgétisé pendant le Covid. Au départ, nous souhaitions surtout disposer d’un lieu de stockage, détaille notre interlocuteur. On a ensuite eu en tête d’étendre notre production parce qu’entre 2017 et 2019, on a connu une croissance importante."
À Wépion, l’entreprise se déploie désormais sur 2 000 m2 et triplera le volume de sa production annuelle pour atteindre le pallier des 10 000 hectolitres. "Ici, on aura la capacité de brasser tous les jours. On a fait des choix techniques qui dépassent ceux d’une microbrasserie. On s’est par exemple doté d’une centrifugeuse. On a aussi beaucoup investi dans le conditionnement. On veut tout gérer de A à Z", détaille François Collard.
Malgré un contrôle de son activité étendu et renforcé, la Houppe conserve une bouée de sauvetage via son partenariat qui la lie à la brasserie Anders. Historiquement, cette collaboration lui a permis de répondre à la demande sans cesse croissante, via la délocalisation d’une partie de la production. Toute la bière ne sera donc pas issue des cuves wépionnaises. "Anders continuera à brasser la Houppe en back-up, dans le cas où les ventes venaient à exploser ."
Si les petits brasseurs namurois sont aujourd’hui des hommes d’affaires aguerris, pas question pour eux de se faire mousser plus que de raison. La Houppe conserve ainsi les valeurs qui ont fait sa renommée: passion, professionnalisme, convivialité et une forte identité namuroise revendiquée.
Un investissement total de 4,5 millions€
Sur place, le personnel met la dernière main aux préparatifs. Les machines sont petit à petit relancées et le premier brassin est programmé à la fin du mois de mai. "Pour l’instant, on vit sur nos stocks. On avait anticipé", lâche François Collard, qui, au passage, rassure les consommateurs: aucun risque de pénurie n’est à craindre dans les rayons des supermarchés.
Le matériel ayant servi dans les infrastructures de La Plante a été conservé. Un équipement qui a été augmenté en fonction des besoins et des objectifs. Alors que la cave du bord de Meuse accueillait quatre cuves, le hangar de l’ancienne criée de Wépion en compte désormais quinze. Parmi les récentes acquisitions, quelques-unes sont issues de la récupération, à l’image de l’embouteilleuse, rachetée à l’abbaye de Rochefort.
Une manière pour la Houppe de réduire les coûts car forcément, ce redéploiement constitue un investissement de taille. "Pour les aménagements, il faut compter 1,5 million€. Le bâtiment nous a coûté le double", dit François Collard.
Tendre vers l’autonomie énergétique
Par la relocalisation de ses activités, la brasserie de la Houppe souhaite tendre vers plus d’autonomie en termes d’énergie, en misant notamment sur la cogénération. Les toitures exposées au sud sont aussi dotées de panneaux solaires. À terme, l’équipe espère parvenir à renverser le modèle brassicole traditionnel en planifiant sa production selon les ressources énergétiques. "L’idée c’est de faire fonctionner les machines quand l’énergie est disponible. Pour le brassage, c’est compliqué, mais c’est envisageable pour des étapes où il n’y a pas de deadline, comme l’embouteillage", précise notre interlocuteur. Et pour ce faire, l’entreprise entrevoit de se reposer sur sa nouvelle capacité de stockage.
Si l’avenir de la Houppe s’annonce plus vert, le plaisir dans le verre, lui, demeure inchangé.
Pils en canette, bouteilles consignées et toujours un fond musical
En prenant ses quartiers dans un environnement plus grand, la brasserie de la Houppe entrevoit la possibilité d’élargir sa gamme de bières et de consolider ses classiques.
"On veut qu’il y ait plus de bières permanentes", dévoile François Collard. La Baden Skiffle trouve désormais sa place à la carte des "régulières" entre la Houppe originale et l’aînée de ses petites sœurs, la légère Jambes en l’air. Même chose pour la Slip, la pils du groupe qui a séduit de nombreux amateurs de bières dès son lancement en 2023. "Mais on ne la sert qu’au fût, dit le cofondateur de la brasserie namuroise. D’ici quelques semaines, elle sera disponible en canette." Enfin, le lancement d’une blanche est programmé pour l’été.
Un changement se profile également au niveau du contenant puisqu’à terme, les bouteilles de Houppe seront consignées.
Des concerts dans la salle de l’horloge
À La Plante, la brasserie se muait, à l’occasion, en espace culturel où des concerts étaient régulièrement organisés. Une activité parallèle qui perdurera dans les nouvelles infrastructures. C’est l’ancienne salle de l’horloge de la criée qui devrait accueillir les prochains spectacles, moyennant quelques aménagements préalables. Il est notamment question d’y implanter des gradins. "On a aussi à cœur de conserver un peu de la spécificité du lieu", glisse François Collard.
La Plante : pas les effectifs pour faire doublon
En 2015, la Houppe avait posé ses cuves dans l’ancienne brasserie Balon-Perin à La Plante. À quelques foulées du centre-ville, elle avait trouvé là l’écrin idéal au développement de ses activités. Lorsqu’il a été question d’un départ, l’idée était de conserver un pied à terre aux portes de Namur et de rester locataire en bord de Meuse. Un projet finalement avorté. "Gérer deux endroits à la fois, alors que nous sommes que cinq, c’était trop compliqué", explique François Collard.
Qu’adviendra-t-il de cet endroit chargé d’histoire ? Le propriétaire, Georges Balon-Perin, confie avoir entamé les discussions avec de potentiels de futurs partenaires. "Il y a la volonté de faire vivre le lieu et pas seulement le louer pour qu’il soit un simple hanger", assure-t-il.