Emmanuel Macron, le 14 octobre 2020 sur TF1/France2.

Emmanuel Macron, le 14 octobre 2020 sur TF1/France2.

AFP

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a formellement approuvé dimanche soir une "charte des principes" de l'islam de France. Ses dirigeants ont été reçus ce lundi par le président Emmanuel Macron qui avait réclamé ce texte dans le cadre de son offensive contre "le séparatisme islamiste".

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Après plusieurs semaines de crise interne, les trois dirigeants du CFCM avaient annoncé samedi un accord à l'arraché sur ce texte qui affirme la "compatibilité de la foi musulmane avec les principes de la République", dont la laïcité, "l'égalité homme-femme" et rejette "l'instrumentalisation de l'Islam à des fins politiques".

Annoncée par un communiqué de l'institution, son adoption formelle par les neuf fédérations composant le CFCM ouvre la voie à une vaste restructuration de la deuxième religion de France et notamment à la création d'un Conseil national des imams (CNI), qui sera chargé de "labelliser" les imams exerçant en France.

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La "charte des principes" de l'islam de France est "un engagement net, clair et précis en faveur de la République", s'est félicité lundi Emmanuel Macron, selon l'Elysée.

Ce texte marque aussi "une étape extrêmement importante" en permettant "une clarification de l'organisation du culte musulman", a ajouté le président au cours d'une réunion avec les responsables du CFCM à l'Elysée.

"Tout commence", a-t-il lancé à ces derniers à la fin de l'entretien qui a réuni les représentants des cinq fédérations, sur huit, ayant adopté la charte dimanche, avant le début lundi de l'examen du projet de loi de lutte contre le séparatisme.

"Si certains ne signent pas cette charte, nous en tirerons les conséquences", avait averti le président qui avait accentué sa pression sur les représentants musulmans après les attentats contre Samuel Paty mi-octobre et dans la basilique de Nice deux semaines plus tard.

Au cours de la réunion, le président du CFCM Mohammed Moussaoui a précisé à Emmanuel Macron que la charte avait été approuvée par "toutes les fédérations" du Conseil mais que trois d'entre elles "avaient besoin d'un peu plus de temps pour expliquer à leurs adhérents de quoi il s'agissait", selon l'Elysée.

"Unité" et "cohésion"

Selon le communiqué du CFCM, cette charte, dont le contenu n'a pas été rendu public, pose notamment que "le principe d'égalité devant la loi oblige tout citoyen dont le musulman de France à inscrire son vécu dans le cadre des lois de la République garantes de l'unité et la cohésion de notre pays".

Ce texte de 7 à 8 pages réaffirme également "le principe d'égale dignité humaine dont découle l'égalité femme-homme, la liberté de conscience et de religion, l'attachement à la raison et au libre arbitre, le rejet de toutes les formes de discrimination et de la haine de l'autre".

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D'après le communiqué, la charte fait également référence aux actes hostiles visant les musulmans en France tout en rejetant l'idée d'un racisme institutionnalisé. "La charte rappelle que les actes hostiles aux musulmans de France et aux symboles de leur foi sont l'oeuvre d'une minorité extrémiste qui ne saurait être confondu ni avec l'État ni avec le peuple français", indique ainsi le communiqué du CFCM, dont la représentativité est régulièrement mise en cause.

Dans une allusion aux discriminations qui peuvent frapper les musulmans en France, le texte rappelle leur "attachement (...) à leur citoyenneté pleine et entière"

Encadrement des dons étrangers de plus de 10 000 euros

La charte s'élève également contre "l'ingérence" des États étrangers dans l'exercice du culte musulman, également dans le collimateur des autorités et du projet de loi contre le séparatisme. Une de ses dispositions prévoit ainsi d'encadrer plus strictement les dons étrangers de plus de 10 000 euros . Le chef de l'État avait, de son côté, déclaré qu'il entendait mettre fin, d'ici à quatre ans, à la présence en France des 300 imams étrangers "détachés" par la Turquie, le Maroc et l'Algérie.

Si la portée exacte et le champ d'application de la charte restent encore à préciser, le CFCM a indiqué dimanche qu'il rechercherait "l'adhésion la plus large possible" au sein des différents acteurs du culte musulman. "Le CFCM soumettra, via ses instances, le texte de la charte ainsi que les textes fondateurs du Conseil national des imams (CNI) aux acteurs locaux, imams et responsables de mosquées, en vue d'une consultation et une adhésion les plus larges possibles", indique le communiqué.

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