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A Turku, il n’y a pas que le chantier Meyer. A quelques encâblures, dans la petite commune de Naantali, Turku Shiprepair Yard a ses cales remplies en ce mois de janvier bien enneigé dans le sud-ouest de la Finlande. Comme Meyer Turku, le chantier appartenait au tentaculaire groupe Wärtsilä. Après la faillite de ce dernier en 1987, il a réussi à survivre pour être finalement racheté par l’estonien BLRT Grupp, un des plus grands groupes industriels de la Baltique qui exploite également les chantiers Western Shiprepair à Klaipeda en Lituanie et Tallin Shipyard en Estonie. BLRT, héritier des anciens chantiers russes de la Baltique, emploie actuellement 4000 personnes pour un chiffre d’affaires de 380 millions d’euros.

 

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© MER ET MARINE - CAROLINE BRITZ

(© MER ET MARINE - CAROLINE BRITZ)

 

Sur le site finlandais, environ 75 personnes travaillent à l’année autour de la cale sèche de (260mx70x7.9) et du dock flottant (101x21.6x6). « Nous avons environ 60 à 80 mises au sec par an et entre 50 à 100 chantiers de réparation à quai », détaille Juha Olli, responsable QHSE au chantier. Beaucoup de ferries, notamment ceux effectuant les liaisons entre la Finlande et l’Estonie ou encore vers la Suède et les îles Aland, mais également des vraquiers opérant principalement dans la Baltique. Et puis il y a aussi, évidemment, les brise-glace finlandais et russes qui ouvrent les chenaux de navigation dans la région. « Notre saison de pointe, c’est le printemps, bien sûr ! ». Le chantier, en dehors des arrêts techniques, mène de nombreux travaux d’installation de scrubbers, dans cette région où la réglementation sur les émissions de soufre s’applique depuis plusieurs années déjà. « Nous avons également effectué des retrofits complets sur des ferries, comme le Silja Serenade en 2014 ».

 

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© MER ET MARINE - CAROLINE BRITZ

(©  MER ET MARINE - CAROLINE BRITZ)

 

Avec un chiffre d’affaires relativement stable de 20 millions d’euros, le chantier résiste bien face à la concurrence régionale, en particulier polonaise. Il a néanmoins décidé d’explorer une nouvelle piste en se lançant sur le marché du démantèlement. « Beaucoup d’armateurs, notamment nordiques, ont été échaudés par certains retours d’expérience sur les chantiers asiatiques, notamment en termes de sécurité et de conditions de travail. Nous entendons régulièrement, notamment les Norvégiens, dire que des chantiers plus proches aux règlementations transparentes seront privilégiés ».

Un projet de démantèlement virtuel

Le chantier a déjà une certaine expérience en la matière puisqu’il effectuait des opérations de démantèlement dès les années 80, « y compris pour des chantiers très complexes puisque nous avons notamment traité des anciens sous-marins nucléaires russes ». Fort de ce savoir-faire, Turku Shiprepair yard a donc décidé de se porter candidat pour figurer sur la liste des chantiers de démantèlement approuvés par l’Union européenne. « Pour éprouver nos capacités à remplir le cahier des charges et à pouvoir mener ces chantiers, nous avons choisi d’adopter une méthode originale en effectuant un projet de démantèlement virtuel ». Le chantier a ainsi modélisé les opérations de déconstruction d’un general cargo de 106 mètres, le MS Mirva, et a consigné soigneusement toutes les étapes. « Nous sommes désormais prêts à passer à un projet pilote réel qui devrait intervenir prochainement ». Le chantier attend maintenant le verdict de l’Union Européenne, qui pourrait intervenir au printemps et entrevoit un marché de « huit à dix navires de 150 mètres par an ». En cas de succès, l’achat d’un deuxième dock flottant est d’ores et déjà envisagé.

 

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