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Quand Facebook relaie des appels à «tuer Berlusconi»

La blogosphère sert de défouloir aux adversaires les plus radicaux du Cavaliere.


Crédits photo : Le Figaro

Le nom du blog a le mérite d'être explicite : Uccidiamo Berlusconi («tuons Berlusconi»). Et les douze mille internautes qui ont adhéré à l'initiative - 318 au cours de la seule journée de mercredi - ne sont pas en veine d'inspiration : «Tuons-le à coups de pelle ou de fusil», écrit l'un d'eux. Un autre affirme qu'il «le ferait volontiers pour 500 000 euros». «Mais bon Dieu, n'y aurait-il personne pour lui flanquer une balle dans la tête ?», s'exclamait, il y a une semaine, Matteo Mezzadri, coordonnateur d'un cercle du Parti démocrate à Vignola, en Toscane. Celui-là a reconnu qu'il avait «exagéré» et le parti l'a suspendu.

Cette nouvelle mode des menaces qui se propage sur Facebook alarme et scandalise le gouvernement. Le garde des Sceaux, Angelo Alfano, invite la magistrature à poursuivre leurs auteurs pour «incitation à la haine», un délit pénal. «Il est clair que si un fou prenait cet appel à la lettre, les blogueurs en feraient un héros national», estime-t-il. Le ministre de la Défense, Ignazio La Russa, s'étonne que de telles invectives ne suscitent aucune indignation particulière dans l'opposition.

Le parquet de Rome a tout de même fait savoir qu'une enquête contre X était ouverte. La difficulté vient du fait que le site en question se trouve aux États-Unis. La justice italienne devrait émettre une commission rogatoire pour pouvoir en saisir les archives, dans l'espoir d'identifier les auteurs de menaces qui sont, eux, bien italiens. Dans l'immédiat, il paraît probable que le blog sera bloqué. Jeudi toutefois, il était encore actif.

«Silvio, tu connaîtras la fin de Kennedy»

L'initiative part d'une vidéo, Shooting Silvio («abattre Silvio»), réalisée par un certain Bernardo Carboni. Ce personnage, «repenti» depuis, se défend d'avoir appelé à attenter à la vie du président du Conseil : «Au cinéma, shooting désigne un tournage», plaide-t-il. Le film est un recueil d'opinions négatives sur le gouvernement. Sky Italia, la chaîne italienne de Rupert Murdoch, l'ennemi intime du Cavaliere dans le monde audiovisuel, l'a diffusé en fin de soirée.

Le filon fait recette. Les vidéos dont les titres appellent au «régicide» sont légion. J'ai tué Berlusconi ou encore Qui a tué Berlusconi ? mais aussi La Vérité mensongère, qui campe l'assassinat du premier ministre sur le parvis de la cathédrale de Milan, font fureur dans la «blogosphère».

Le site «Tuons Berlusconi» avait vu le jour de manière confidentielle en octobre 2008. Il y a dix jours, un certain Alberto Raul M., se présentant comme «le compagnon Raul», en a repris la direction, changeant la page de garde pour mettre en évidence des photos de Mussolini et du fondateur des Brigades rouges, Renato Curcio. Derrière l'anonymat de son blog, le «compagnon Raul» se défend de toute instigation au meurtre : «Une simple provocation», dit-il. Des internautes l'ont toutefois pris au mot : «Silvio, tu connaîtras la fin de Kennedy», dit l'un d'eux.

Sur Internet, une pétition lancée à l'initiative de La Repubblica a également recueilli 100 000 signatures : elle dénonce le «machisme» et l'attitude irrespectueuse de Silvio Berlusconi envers les femmes. Il y a une dizaine de jours, celui-ci avait qualifié une députée du Parti démocrate de «plus belle qu'intelligente».

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