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Le «climategate» tente de polluer les débats

«Vous êtes, durant une courte période, les dépositaires des espoirs de l'humanité.» Lars Loekke Rasmussen, premier ministre danois. ASSOCIATED PRESS

Des courriels de chercheurs piratés en Angleterre sont utilisés pour discréditer les travaux du Giec sur lesquels s'appuie la Conférence sur le climat.

En lisant, à l'ouverture de la 15e Conférence sur le climat de Copenhague, le témoignage du jeune Nyi Lay, âgé de six ans, qui a perdu ses parents et son petit frère dans un cyclone en Asie, Yvo de Boer, le chef de file des négociateurs onusiens, a voulu marquer les esprits. «Vous êtes, durant une courte période, les dépositaires des espoirs de l'humanité», a lancé de son côté Lars Loekke Rasmussen, le premier ministre danois, aux quelque 1 200 délégués du monde entier réunis dans la grande salle plénière.

Mais, avant que le travail effectif des délégués ne commence sur les moyens de réduire les émissions des gaz à effet de serre, d'aider les pays les plus pauvres, Rajendra Pachauri, le président du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec), a souhaité couper court à une quelconque pollution des débats liée à ce qui a été baptisé le «climategate» : des courriels de chercheurs piratés en Angleterre, à l'université d'East Anglia, l'un des centres qui produisent les données sur les températures mondiales. Selon ceux qui nient toute idée de réchauffement climatique, quelques-uns de ces milliers de mails mettraient en cause des mesures des changements et la bonne foi de scientifiques ayant participé aux travaux du Giec. Or c'est sur la base de ces travaux que sont construites les négociations sur le climat.

«Institutions indépendantes»

Cette affaire, opportunément sortie quelques jours avant l'ouverture du sommet de Copenhague, n'a d'autre finalité que de «discréditer le Giec», a insisté Rajendra Pachauri. «Mais notre panel dispose d'un historique d'évaluations transparentes et objectives sur plus de 21 ans, établies par des dizaines de milliers de scientifiques de tous les coins de la planète», a-t-il rappelé. «Les conclusions de notre 4e rapport (publié en 2007) sont fondées sur des mesures enregistrées par de nombreuses institutions indépendantes dans le monde qui témoignent d'importants changements sur la terre, dans l'atmosphère, les océans et les glaces», a-t-il poursuivi. Quelques instants plus tard, le délégué de l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, Mohammed al-Sabban, prenait la parole à la tribune, estimant «que la confiance avait été sérieusement affectée».

Ces propos ont-ils une chance de trouver un écho plus large dans l'enceinte de Copenhague ? Peu de négociateurs y croient. «C'est une mauvaise représentation de la robustesse de la science», estime Jonathan Pershing, le chef de la délégation américaine. Jean-Pascal van Ypersele, vice-président du Giec et professeur à l'université catholique de Louvain, n'imagine pas non plus que cette histoire envahisse les négociations. Et de rappeler que «l'Agence internationale de l'énergie souligne qu'en cas d'accord ambitieux à Copenhague, les pays exportateurs de pétrole pourraient voir leurs revenus diminuer de 4 000 milliards de dollars» d'ici à 2030.

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