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Ces étranges ministères disparus…

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Ces étranges ministères disparus…

L'actu expliquée par l'Histoire

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Sait-on que les gouvernements français comptèrent un ministre de la Marine marchande, un ministre du Sahara, un sous-secrétaire d'Etat aux Forces hydrauliques et un autre à l'Organisation des loisirs ? Ces maroquins oubliés ne sont pas seulement poétiques et anecdotiques : ils traduisent l'esprit, les ambitions et les illusions de leur époque.

L'exigence d'un gouvernement resserré est-elle un indice de modernité ? Les ministres de Louis XIV n'étaient qu'une douzaine : tandis que le secrétaire d'Etat de la maison du roi, le grand chambellan et le grand maître de France conseillaient le souverain, les ministres des Affaires étrangères, de la Guerre et de la Marine, le grand maître de l'Artillerie, le surintendant aux Finances et le garde des Sceaux traduisaient les aspirations régaliennes de l'Etat. On retrouve la même structure à la fin du règne de Louis XVI, quand Necker est appelé aux Finances.

Après la parenthèse des comités révolutionnaires, c'est encore une douzaine de ministres qui se partagent l'administration de la France napoléonienne : si la maison du roi fait place à la secrétairerie d'Etat, le ministre de la Guerre doit compter avec un collègue chargé de l'Administration de la guerre, de même qu'à plusieurs reprises le ministre de l'Intérieur entre en concurrence avec celui de la Police générale. Le Concordat crée un département des cultes et il faut attendre 1811 pour qu'apparaisse un ministère spécialement économique, celui des Manufactures et du Commerce. A part le rétablissement de la Maison du roi et du grand maître de France, la Restauration ne change guère la répartition du pouvoir exécutif.

Chaque ministre concentre donc un pouvoir important et, jusqu'en 1830, a droit au titre d'excellence.

La République n'invente rien quand, en février 1848, elle se donne un gouvernement provisoire de 12 membres : 11 ministres, dont Lamartine aux Affaires étrangères, plus un sous-secrétaire d'Etat aux Colonies, Victor Schœlcher, qui travaille à l'abolition définitive de l'esclavage. Tous les postes sont strictement régaliens, sauf le Commerce et les Travaux publics. Le second Empire reste dans la tradition napoléonienne, n'innovant qu'en janvier 1870 avec la création d'un ministère des Beaux-Arts.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne