L'Abri du marin: une association pour les marins en grandes difficultés

Construits dès 1900, les Abris du marin ont permis d'améliorer le quotidien des pêcheurs bretons. Aujourd'hui, l'association poursuit cette mission en aidant financièrement le monde de la pêche et du commerce.

Roger Guillamet est membre de l’Abri du marin depuis 22 ans et président depuis 10 ans. (©Adèle Le Berre)
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Tous les marins connaissent Jacques de Thézac. Ce Charentais a œuvré pour améliorer le quotidien des pêcheurs bretons au début du XXe siècle. En 1888, il se marie à une Concarnoise et s’installe à Sainte-Marine. Il est frappé par la misère des marins pêcheurs. Ceux-ci sont contraints de dormir dans leur chaloupe et ont tendance à abuser de l’alcool… En 1899, Jacques de Thézac lance l’Œuvre des abris du marin et l’Almanach du marin breton.

« Dans cet almanach, on trouvait toutes les informations sur la navigation mais aussi des conseils d’hygiène, des chansons… Les Almanach du marin d’aujourd’hui n’ont plus rien à voir », commente Roger Guillamet, le président de l’Abri du marin, en feuilletant un exemplaire datant de 1905. En 1900, le premier abri du marin est construit. Quatorze autres suivront essentiellement sur les côtes finistériennes.

Inspirés des sailors’s homes britanniques, ces bâtiments de couleur rose sont situés sur les ports. Ils étaient constitués d’une salle où étaient données des conférences sur la navigation, du logement du gardien, d’une bibliothèque, d’un dispensaire, de chambres pour les marins de passage, d’ateliers pour réparer leurs équipements et un préau équipé de matériels de gymnastique. « L’alcool y était interdit. On y buvait de l’eau ou de la tisane à l’eucalyptus », complète Roger Guillamet dont les grands-parents gardaient l’abri du Guilvinec.

La Seconde Guerre mondiale sonne le glas des abris du marin. « La sécurité sociale est apparue et les pêcheurs s’équipaient de bateaux à moteur leur permettant de rentrer chez eux. Les abris ont tenté de se moderniser. En vain », relate Roger Guillamet, qui a fait sa carrière dans la Marine marchande. Les abris sont peu à peu vendus. Ils sont rénovés en médiathèque (Le Guilvinec), musées (Sein, Sainte-Marine…), en salon de coiffure (Roscoff), en restaurant (Camaret)…

20 000,00 € d’aide en 2016

« En 1995, on a décidé de poursuivre notre mission en versant des aides aux marins en grandes difficultés. L’argent provient des intérêts de la vente des abris, des dons et des adhésions. » En 2016, 20 000 euros ont été versés à 83 familles. Les montants ont tendance à augmenter année après année. Pourquoi ? « Je pense que l’État vient moins en aide aux marins », avance prudemment le président. Les dossiers sont adressés par le Service social maritime et l’Établissement national des invalides de la Marine.

Les histoires démarrent toutes de la même manière : un accident ou une maladie empêche un marin d’embarquer temporairement ou définitivement. « Il se retrouve avec des indemnités très inférieures à son salaire : 600 euros contre 3 000 à 4 000 euros par exemple. Il ne peut plus payer son loyer, ni ses factures. Certains divorcent… Bref, c’est la spirale » L’Abri du marin paye des factures d’électricité ou de cantine, des frais d’hospitalisation, des loyers impayés… Les sommes varient entre 150 et 500 €. Les demandes émanent de toute la France, de jeunes pêcheurs comme de veuves.

L’Abri du marin est contraint par ses ressources. « Il y a tant de situations dramatiques. Des familles qui commencent le mois en étant déjà dans le rouge ! se désole le président. Il faut absolument trouver de nouveaux donateurs, des particuliers comme des collectivités. » L’Abri du marin et l’œuvre du marin breton (issu de l’Almanach du marin breton) sont les deux seules associations qui viennent en aide aux marins, à la pêche comme au commerce.

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