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Paris secret : les plus beaux trésors cachés

Publié le par Dominique Lesbros

Les frontières de l'insolite sont mouvantes et variables en fonction des individus. Le sujet intrigue et passionne mais fatalement, une fois divulgué, un lieu perd de son caractère singulier. Les adresses livrées ci-après sont encore préservées et pour certaines vraiment très confidentielles, protégées par des ouvertures exceptionnelles. Leur visite se mérite mais ne se regrette pas.

La face cachée de la Sorbonne 

Que les années fac soient proches ou lointaines, qu'importe ! Mettre un pied « en Sorbonne » est toujours émouvant tant ce lieu impressionne par sa majesté, le poids de son histoire et les grands noms qui s'y sont succédé. Une visite guidée révèle une (petite) partie de ses trésors. Elle débute dans la chapelle, devant le cénotaphe du cardinal Richelieu, bizarrement surmonté de son chapeau, suspendu dans le vide. Cela matérialise une vieille tradition : le jour où la ficelle cède, dit-on, l'âme du cardinal s'élève aux cieux. Vient ensuite le palais académique, siège de la chancellerie des universités de Paris. Majestueux, il est organisé comme une salle de spectacle avec son grand vestibule, son escalier d'honneur à double révolution et son péristyle. Il évoque l'Opéra Garnier et pour cause : son architecte Henri-Paul Nénot était un élève de Charles Garnier. Le palais de Nénot est celui de la Connaissance, laquelle palpite dans le grand amphithéâtre où s'effectuent solennellement les remises de diplômes.

Hôtel de la Païva

La Païva était une demi-mondaine dont Émile Zola se serait inspiré pour le personnage de Nana. Mettant sa séduction au service de son ambition, elle amassa une fortune considérable et fit construire sur les Champs-Élysées un somptueux hôtel particulier. Décoré par les meilleurs peintres, sculpteurs et bronziers du Second Empire, il devait par son luxe inouï éblouir les visiteurs, exclusivement masculins. L'escalier en onyx est somptueux, de même que la baignoire en bronze argenté et ciselé où la marquise prenait, selon son humeur, des bains de lait, de tilleul ou de champagne.

Design et nature

L'univers d'Anne Orlowska est peuplé de poules roses, de bouquets de pigeons jaunes et d'animaux hybrides tel ce lapin blanc aux ailes de colombe. Elle a dirigé pendant sept ans la maison Deyrolle, un fabuleux cabinet de curiosités naturelles. Puis l'envie est venue de donner libre cours à sa fantaisie. Design et Nature est une sorte de Deyrolle sous extasy ! Les animaux provenant de zoos, de cirques ou de parcs animaliers, tous morts naturellement, sont mis en scène avec poésie, parfois affranchis des lois naturelles. Cette galerie s'apparente à un bestiaire fantastique à la Lewis Caroll, à toucher (seulement) des yeux.

Crypte de Saint-Sulpice 

Sous les dalles de l'église Saint-Sulpice se déploie une crypte d'une superficie de 5 000 m2, la plus vaste de Paris. L'église actuelle fut construite au XVIIe siècle sur un ancien sanctuaire devenu trop exigu. Le bâtiment primitif n'a pas été rasé – tout ce qui existait jusqu'à 4 m de haut a été conservé. Les substructures de l'église rurale demeurent : sa nef, son chœur et le départ de l'escalier conduisant au clocher. La crypte de Saint-Sulpice était, aux XVIIe et XVIIIe siècles, une nécropole convoitée par les aristocrates dépendant de la paroisse du bourg Saint-Germain car les cadavres, disait-on, s'y desséchaient en trois jours et que par conséquent, ils se conservaient mieux que partout ailleurs. Au milieu du XVIIIe siècle, des curieux venaient par centaines, de toute l'Europe, visiter « la grande cave des morts de Saint-Sulpice », célèbre pour son « sol en sciure de pierre » et sa gestion modèle.

Musée François-Tillequin

Rattaché à la faculté de Pharmacie de Paris, il rassemble plus de 25 000 « drogues » – soit des substances naturelles (d'origine végétale, animale ou minérale) séchées et destinées à la préparation de médicaments. Ce trésor résulte du cumul des collections des maîtres apothicaires du siècle des Lumières ; des butins rapportés par les explorateurs du XIXe siècle ; des lots en provenance d'expéditions scientifiques coloniales et de la récupération des spécimens exhibés lors des expos universelles de Paris, Bruxelles, Amsterdam et Marseille, de 1867 à 1931. L'écrin est une vaste salle où tout n'est que bois, verre et matières naturelles. Clou du spectacle : la pagode centrale, héritage de l'Exposition universelle de 1889, tapissée de poisons de flèches.

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