Marin Karmitz et Frédéric Mitterrand étaient assis l'un à côté de l'autre, à la fraîche, jeudi 10 septembre au Musée du quai Branly, à Paris. On les a vus s'appeler par leur prénom, se dire qu'ils s'aimaient. Le premier présentait à la presse et à des responsables culturels les dix actions du Conseil de la création artistique, qu'il anime, visant à dynamiser la culture en France (Le Monde du 11 septembre). Le ministre, à l'aise, l'écoutait avant de rappeler qu'il ne voyait pas ce Conseil comme un ennemi mais comme "un laboratoire" qui lui apporte "des réflexions".
Marin Karmitz a expliqué par exemple que les dix actions s'inscrivaient dans "une culture sociale" : toucher les jeunes des quartiers défavorisés. Aussitôt Frédéric Mitterrand a pris le micro : "Je salue cette ouverture d'esprit puisque j'avais décidé de faire de la culture sociale un axe essentiel de mon travail." Et ainsi de suite.
Si le climat était de miel autour de la table, l'ambiance était plus dure en dehors. Dix policiers étaient présents dans la salle, alors que trois cars de CRS stationnaient près de l'entrée. Les forces de l'ordre étaient là parce que la CGT-culture avait appelé à manifester au Quai Branly contre ce Conseil. Cette grogne a rendu un peu nerveux l'entourage de M. Mitterrand. Or, une petite trentaine de personnes à peine, parquées derrière une barrière à trente mètres de l'entrée du musée, sont venues manifester.
Des voix demandent en effet "la dissolution" de ce Conseil parce qu'il constitue un "machin de plus" au moment même où le ministère réduit ses personnels. Et puis, "il empiète" sur les actions du ministère en matière de création, dit-on. M. Karmitz a déclaré que ses actions ne coûteraient pas grand-chose au ministère de la culture, l'argent venant d'ailleurs. Très opposé au Conseil, le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac) brandit l'unique appel d'offre passé par ce Conseil : des architectes sont invités à faire des propositions pour le développement de la culture en Seine-Saint-Denis ; le coût ne doit pas dépasser 130 000 euros. Cette étude est à la charge du ministère de la culture.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu